Mermoz : "Même si tout n'est pas rose, ça m'a fait du bien d'aller en Angleterre"

  • Maxime Mermoz (Leicester) - Mars 2017
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  • Maxime Mermoz (Leicester) face aux Harlequins - Février 2017
    Maxime Mermoz (Leicester) face aux Harlequins - Février 2017
  • Maxime Mermoz (Leicester)
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RUGBY - Après quatre saisons complètes à Toulon, le centre international Maxime Mermoz (31 ans, 35 sélections) a choisi le 1er février dernier de quitter le Top 14 pour Leicester. Six semaines après ses débuts en Premiership, il dresse un premier bilan positif. Et garde en tête de retrouver les Bleus.

Vous avez rejoint Leicester le 1er février : diriez-vous que c'est le choix qu'il vous fallait ?

Maxime MERMOZ : Je le pense. J'ai cassé ma routine. J'ai changé du jour au lendemain de mode de vie. J'ai vite été mis dans le bain et j'ai rapidement retrouvé du temps de jeu. Même si tout n'est pas rose, cela m'a fait du bien. J'ai retrouvé le sourire.

Parleriez-vous de renaissance ?

M.M : Non c'est trop fort. Mais j'ai eu une prise de conscience en novembre quand j'ai perdu mon papa. J'ai retrouvé les amis d'enfance, ceux du rugby à Epinal, là où je suis né. Et ça m'a donné envie de reprendre du plaisir. A Toulon, le contexte était un peu particulier. J'ai eu cette opportunité pour finir la saison à Leicester. J'avais en tête de me régaler, de ne plus attendre du temps de jeu et de pouvoir être plus impliqué…

Depuis longtemps je voulais découvrir un autre championnat et l'Angleterre en premier lieu quand on voit à quel point la sélection est performante

Vous semblez avoir trouvé vos repères : quatre matches en championnat pour deux essais…

M.M : C'est vrai qu'il y a un contraste avec ma première partie de saison. Mais il faut l'analyser en tenant compte du fait que, collectivement, nous n'étions pas au mieux. Là j'ai pu enchaîner, vite marquer. J'ai senti de la confiance et forcément cela m'a libéré. Depuis longtemps je voulais découvrir un autre championnat et l'Angleterre en premier lieu quand on voit à quel point la sélection est performante. Quand j'ai failli aller à Bath, je m'étais vraiment intéressé au championnat et j'avais été encore plus séduit. Aux entraînements comme en match, le jeu est basé sur l'offensive, la rapidité d'exécution. Il y a un grand volume de jeu proposé, des temps de jeu répétés. C'est costaud, il y a du déplacement. Après les matches, il faut un peu de temps pour récupérer…

Maxime Mermoz (Leicester) face aux Harlequins - Février 2017
Maxime Mermoz (Leicester) face aux Harlequins - Février 2017

Qu'avez vous découvert de différent ?

M.M : En France, les méthodes d'entraînement varient d'un club à l'autres. Mais là, les différences sont encore plus prononcées. Dans l'enchaînement des exercices, dans la préparation des séances d'analyse vidéo, dans la participation des joueurs, c'est tout le temps différent. Il y a des surprises en permanence. Par exemple, pendant la séance de video collective qui a lieu dans un gymnase, tout le monde est debout et on peut basculer immédiatement sur une mise en place avant de revenir à la video. Il y a une recherche de rythme permanente. Rien n'est compartimenté : une séance peut mélanger skills et rugby. Ça va durer cinquante minutes mais l'intensité est telle qu'on est en apnée. On est dans le rouge, on doit se concentrer. Mais cela prépare vraiment aux matches du Premiership. On joue comme on s'entraîne...

Newcastle ? C'était l'opportunité de vivre sur la durée une autre expérience enrichissante sportivement mais aussi intéressante pour ma famille. J'avais envie de sortir du confort

Comment avez-vous été accueilli ?

M.M : C'est toujours la même chose : les joueurs sont dans leur élément et ils voient débarquer un mec en joker… Mais il y a toujours quelqu'un pour te tendre la main, pour aider dans le rugby ou dans la vie. J'ai trouvé un super esprit dans ce vestiaire. J'ai trouvé très facile de s'intégrer. Pour communiquer, je n'ai pas eu de problème. Le coach interroge beaucoup les joueurs mais il a fait en sorte de ne pas me mettre de pression. Mais quand j'ai besoin de dire quelque chose, je le dis. Premier entraînement un vendredi, premier match le dimanche : j'ai vite été mis dans le bain. Je me suis fait aux accents, à la prononciation lors des annonces. Maintenant, ça va.

Vous avez signé jusqu'en 2019 à Newcastle : rester en Angleterre, c'était une évidence ?

M.M : J'avais déjà eu des contacts l'an passé à Newcastle. Là, j'étais vraiment dans l'idée de voir autre chose. J'ai trente ans, c'est le moment. Newcastle veut revenir sur le devant de la scène, l'équipe a une philosophie de jeu basée sur la vitesse et le volume. C'était l'opportunité de vivre sur la durée une autre expérience enrichissante sportivement mais aussi intéressante pour ma famille. J'avais envie de sortir du confort. Le manager m'a montré beaucoup d'intérêt. Et puis il y a du potentiel : Goneva, un bon pack, des jeunes qui font du bon travail. A mes yeux c'était une belle opportunité.

Maxime Mermoz (Leicester)
Maxime Mermoz (Leicester)
J'ai envie de montrer que je peux être présent pour cette équipe de France. J'ai été admiratif de ce qu'elle a réussi dans le Tournoi. Elle a bien joué. Et j'espère dans un coin de ma tête être appelé

Vous en avez discuté avec Jonny Wilkinson ?

M.M : Je l'ai eu l'an passé à ce sujet. Il m'a dit que c'était avant tout un choix personnel et que je devais y aller pour ressentir les choses. Je lui ai demandé son avis parce que c'était logique et légitime mais c'était effectivement à moi de me faire ma propre opinion. Quand j'y suis allé, j'ai été séduit : j'ai ressenti une atmosphère saine, un cadre de vie et de travail propice à mon épanouissement.

L'Angleterre c'est aussi pour vous un moyen de retrouver le XV de France ?

M.M : J'ai commencé la saison dans le groupe élite, j'ai été appelé en novembre et puis faute de temps de jeu au RCT, je me suis retrouvé un peu éloigné des Bleus. Ça va vite dans les deux sens. Mais évidemment que j'ai en Angleterre l'objectif de me régaler et de montrer que je suis performant. J'ai envie de montrer que je peux être présent pour cette équipe. J'ai été admiratif de ce qu'elle a réussi dans le Tournoi. Elle a bien joué. Et j'espère dans un coin de ma tête être appelé. Quand je vois les copains - Guilhem Guirado, Louis Picamoles, Damien Chouly avec qui je joue depuis des années - enfiler le maillot, je n'ai qu'une envie c'est de les rejoindre. Le vécu de Louis est intéressant : le Louis qu'on connaît est toujours là mais les exigences athlétiques du championnat anglais l'ont servi, affûté. Il avance toujours autant et reste presque impossible à plaquer. Mais il a ajouté à sa panoplie la vitesse et l'endurance. Louis m'a conforté dans mes envies.

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