En quittant le Racing, Sexton a fait le choix du cœur et de la raison

"Laura et Luca auront été plus forts que le Racing !". Jacky Lorenzetti a eu l'art de la synthèse ce jeudi pour résumer les raisons qui ont amené Jonathan Sexton à ne pas prolonger avec les Ciel et Blanc pour rentrer en Irlande. Laura et Luca sont respectivement l'épouse et le fils de l'ouvreur du XV de Trèfle, et l'arrivée dans le couple Sexton du bébé, cet été, a eu un impact majeur et direct dans la décision du joueur : "C'était un choix difficile pour moi et je l'ai fait en grande partie pour ma famille. C'est devenu plus difficile de vivre ici pour ma femme depuis la naissance de mon fils. Pour moi aussi car l'Irlande me manque, et ma famille et mes amis aussi".

L'information avait fuité via la presse irlandaise la semaine dernière. Jonathan Sexton, lui, avait cette échéance en tête depuis un moment déjà. Trop, même, ce qu'il reconnaît volontiers : "C'était dans ma tête tout le temps, avoue t-il. J'avais du mal à me concentrer aux entraînements et aux matchs. Je vais enfin pouvoir me concentrer uniquement sur le rugby maintenant". Une mise au point, dans un très bon français, qui était devenue nécessaire pour le président Lorenzetti, venu aux côtés de ses entraîneurs Laurent Labit et Laurent Travers faire l'annonce aux médias : "Jonathan a pu être perturbé par tout ce qui se disait autour de son départ et c'est pourquoi nous avons décidé de couper court à cela, afin qu'il soit libre dans sa tête. Sa décision reste quand même une déception pour le club et une perte à double titre, car Jonny est un mec bien, apprécié de tous et qu'il est aussi un très grand joueur".

Sexton: "Je pars aussi parce que je ne veux pas perdre ma place avec l'Irlande"

Si le bien-être familial était un axe majeur sa réflexion, le fait de rentrer au Leinster (où il a signé pour 4 ans) à l'issue de la saison est aussi un choix sportif pour Sexton. Le joueur n'a jamais caché qu'il donnait sa priorité au XV du Trèfle, et terminer sa carrière au Racing aurait pu selon lui fragiliser sa position auprès de son sélectionneur Joe Schmidt : "Ce choix, je l'ai aussi fait pour ma carrière internationale. Concilier le Racing et la sélection est pour moi très compliqué. J'ai dû faire de nombreux allers-retours entre la France et l'Irlande durant le dernier Six Nations et j'ai manqué un stage. Je suis le seul international de mon pays à évoluer en France et c'est une pression supplémentaire sur les épaules. Des joueurs à mon poste vont progresser dans les deux-trois ans et accumuler de l'expérience. Je pars aussi parce que je ne veux pas perdre ma place".

Une position de titulaire à l'ouverture qu'il espère verrouiller en retournant dans sa province irlandaise : "Je vais rentrer au Leinster, qui est mon dans mon cœur. Cela a été une décision difficile de quitter le Racing, mais facile de signer là-bas". Il lui reste avant cela une saison à terminer avec le club francilien, pour lequel il rejouera dès qu'il aura récupéré, d'ici quatre à six semaines, de sa fracture de la mâchoire contractée samedi dernier contre Toulon. Se préservera t-il pour autant, lui qui affirmait ce jeudi sur le ton de l'humour : "Tout le monde veut me tuer dans ce Top 14  !" ? Son entraîneur Laurent Labit est persuadé du contraire : "On est convaincu de son investissement jusqu'à la fin de la saison. Il nous quittera en ayant fait plus que son travail et, espérons-le, avec des titres". Histoire de terminer sur une très belle note son aventure française.