Lamerat: "Si le choix avait été financier, je serais allé au Racing ou à Montpellier"

  • Rémi Lamerat (Castres)
    Rémi Lamerat (Castres)
  • Rémi Lamerat, le centre international de Castres
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  • Rémi Lamerat (XV de France) -août 2015
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  • Le centre Rémi Lamerat (Castres) tente de passer en force contre le Racing - 8 novembre 2015
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  • Rémi Lamerat (Castres), ballon en main, face à Grenoble - 24 octobre 2015
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La forme actuelle du CO, sa mise à l'écart du groupe du XV de France pour le Mondial et son choix de signer à Clermont plutôt que Toulouse ou d'autres écuries... Rémi Lamerat s'est longuement confié dans un entretien pour Rugbyrama.

Castres reste sur une belle victoire (34-19) face à Montpellier ce week-end avec notamment un Alex Tulou assez incroyable. Est-ce facile de jouer aux côtés d'un tel joueur?

Rémi LAMERAT: C'est vrai qu'Alex a été monstrueux sur ce match. Il avait à cœur de prouver à ses anciens entraîneurs et dirigeants qu'ils s'étaient trompés. Tant mieux pour nous parce que le CO a réussi à le récupérer. Je pense que c'est vraiment une grosse perte pour Montpellier. Mais Alex Tulou a aussi évolué derrière un paquet d'avants conquérant. C'était le mot d'ordre cette semaine. Christophe Urios avait insisté sur ce point. Les avants devaient porter l'équipe sur ce match. Et quand cela fonctionne, c'est toujours plus facile.

Cette victoire face à Montpellier est précieuse sur le plan comptable, elle vous permet de recoller au bon wagon. L'équipe est-elle lancée désormais?

R.L: Je ne sais pas. On ne va pas s'enflammer. C'était quand même un match à domicile. On avait préparé ce match pour le gagner et confirmer après notre belle performance du week-end dernier face à Agen. La place dans les six n'est pas une obsession. On n'en parle jamais la semaine. On prend chaque échéances les unes après les autres. Mais c'est certain que cette victoire fait du bien dans la course aux qualifications pour les phases finales.

Rémi Lamerat, le centre international de Castres
Rémi Lamerat, le centre international de Castres

On a quand même l'impression que l'équipe a enfin trouvé son rythme dans ce championnat. Est-ce aussi votre avis?

R.L: C'est vrai que notre début de saison a été un peu compliqué. Tout l'effectif n'était pas présent pour commencer. Il y a eu un nouveau staff avec des départs et des arrivées. On est tous arrivés au compte goutte. C'est un peu plus compliqué pour trouver de la cohésion. Ce n'est pas une excuse. Tous les effectifs ont eu le même problème. Mais à force de travail et de communication, on arrive désormais à trouver des repères communs. C'est le plus important pour pouvoir développer un rugby ambitieux. Face à Montpellier, tout n'était pas encore parfait mais on a quand même vu que nous pouvions faire de belles choses.

Au niveau mental, j'ai mis plus de temps que je ne pensais à digérer la déception de ne pas avoir été pris pour la Coupe du monde

Personnellement, vous semblez également avoir retrouvé votre meilleur niveau...

R.L: Il était temps. Tout n'est pas encore parfait pour moi. Au niveau mental, j'ai mis plus de temps que je ne pensais à digérer la déception de ne pas avoir été pris pour la coupe du Monde. J'ai eu du mal à me mettre dans le bain. J'ai eu des petits pépins physiques qui m'ont empêché de vite retrouver le plaisir à jouer au rugby. J'ai aussi un petit peu gambergé concernant mon avenir. Aujourd'hui, je me sens un plus soulagé et complètement à fond pour terminer de la plus belle des manières ma saison avec le Castres olympique.

Selon vous, les performances physiques sont-elles liées au mental?

R.L: Je ne sais pas trop. Il faudrait regarder les études. Mais c'est vrai que beaucoup de personnes m'ont mis en garde après la déception de la Coupe du monde. Pourtant, je la savais importante mais je n'étais pas abattu. J'avais encore faim de jouer et je voulais prouver que j'étais toujours présent. Mais c'est vrai que la semaine après ma sortie du groupe France, je me suis blessé musculairement alors que j'étais en pleine forme. Est-ce que c'est lié? Je ne sais pas sinon j'aurais essayé de l'éviter. Mais dans le sport de haut niveau, on dit souvent que le mental a une part beaucoup plus importante que le physique.

Rémi Lamerat (XV de France) -août 2015
Rémi Lamerat (XV de France) -août 2015

Avec plus de recul, pensez-vous avoir eu du mal à digérer votre non-sélection avec l'équipe de France pour la Coupe du monde?

R.L: Bien sûr, j'ai été touché. Surtout de quitter le groupe. Je ne me suis pas rendu compte au début que je passais à côté d'un tel évènement mais le plus dur a vraiment été de quitter le groupe. Dès mon retour, j'ai eu des entretiens avec Christophe Urios. J'étais complètement prêt pour basculer avec un nouveau défi. J'avais énormément d'envie mais j'ai eu quelques pépins physique. Cela m'a empêché de vite basculer. Du coup, j'ai encore plus ruminé. J'ai vu les copains jouer devant la télévision. J'étais à fond derrière eux mais il y a forcément une dose de nostalgie qui ressort à ce moment. Cela a été plus compliqué à gérer pour moi que je ne m'y attendais.

Thierry Dusautoir a toujours été un exemple d'humilité et de travail

Concernant l'équipe de France justement, pouvez-vous nous dire un mot sur l'annonce de la retraite internationale de Thierry Dusautoir?

R.L: C'est l'arrêt d'un immense joueur. Depuis ces dernières années, c'était un peu le leader et celui qui portait l'équipe tant au niveau du charisme que du sportif. C'est un joueur que j'ai eu la chance de côtoyer quand j'étais jeune. Thierry Dusautoir a toujours été un exemple d'humilité et de travail. C'est une grosse perte pour l'équipe de France même si cette décision était un peu prévisible.

Que représentait Thierry Dusautoir pour vous?

R.L: J'ai eu la chance de commencer avec les pros à Toulouse quand il était dans l'effectif. On ne joue pas le même poste. Je suis loin d'avoir le même profil que lui mais pour moi, il a toujours été un exemple. Il a été un des meilleurs joueurs du monde mais c'est aussi un de ceux qu'on entend le moins parler. C'est toujours celui qui avait le plus de rage au moment de rentrer sur le terrain. Il nous le montrait avec ces plaquages dévastateurs. J'ai toujours pris son parcours comme exemple.

Un capitaine comme Thierry Dusautoir est-il irremplaçable?

R.L: Les sélectionneurs auraient certainement aimé que Thierry Dusautoir soit éternel. Ce n'est malheureusement pas le cas. C'est une grande perte mais d'autres leaders vont émerger. Je suis persuadé que d'autres gars avec la même trempe que Thierry Dusautoir vont se montrer en sélection pour les années futures.

Votre départ pour Clermont à la fin de la saison est désormais officiel. Est-ce un soulagement pour vous?

R.L: Oui même si je regrette que tout se fasse de plus en plus tôt. Je n'ai reçu aucune pression de la part des deux parties mais cela a quand même été des discussions assez longues. J'ai du faire un choix à un moment donné pour arrêter de trop gamberger et être fixé. Cela n'a pas été un choix facile. Loin de là. Mais le fait de l'avoir pris me soulage un peu plus pour ma carrière.

Il n'y avait que deux clubs qui pouvaient me faire quitter le Castres olympique: Clermont et le Stade toulousain

Ce choix a-t-il été compliqué à prendre?

R.L: Bien sûr. C'est de partir d'un endroit dans lequel on se sent bien qui est vraiment compliqué. J'ai beaucoup d'amis à Castres. Je vis dans cette ville depuis cinq ans. J'aime ce club, la ville et les supporters. Quand tout va mal et que des propositions arrivent de l'extérieur, on ne réfléchit pas trop. L'attrait de Clermont était important et j'ai toujours rêvé de jouer dans ce club mais le fait de me passer de mon bien être à Castres m'a beaucoup fait réfléchir. Sportivement, à ce stade de ma carrière, c'est quelque chose qui peut me permettre de progresser, de jouer des matchs de très haut niveau et de lutter pour les deux titres chaque années. C'est vraiment ce qui a fait pencher la balance pour Clermont.

Le centre Rémi Lamerat (Castres) tente de passer en force contre le Racing - 8 novembre 2015
Le centre Rémi Lamerat (Castres) tente de passer en force contre le Racing - 8 novembre 2015

Est-ce un choix uniquement sportif?

R.L: Clairement. Ce n'est pas un choix financier. Autrement, je serais allé ailleurs. Il n'y avait que deux clubs qui pouvaient me faire quitter le Castres olympique: Clermont et le Stade toulousain. Toulouse avec Ugo Mola. J'ai vraiment un côté affectif avec lui. C'est quelqu'un avec qui j'aimerais travailler un jour dans ma carrière et Clermont parce que pour moi, c'est un club qui représente les ambitions que j'ai envie d'avoir dans ma carrière. Si le choix avait été financier, je serais allé au Racing ou à Montpellier. Les contrats sont beaucoup plus importants. Pour ma part, c'est vraiment un choix sportif. C'est ce que j'ai expliqué au staff quand j'ai discuté avec eux. Je crois vraiment au projet de Castres mais à Clermont, ce n'est plus un projet, c'est une grosse machine qui est en train de tourner. Avec ses avantages et ses inconvénients. Cela peut ne pas tourner en ma faveur là-bas. C'est vraiment un choix sportif.

C'est aussi une remise en question pour vous...

R.L: Evidemment, je sais que je me mets en danger en allant à Clermont. Même si la remise en question est aussi présente à Castres. A Clermont, c'est encore un autre niveau. Les deux tableaux sont joués chaque année. Il faut faire face aux éventuelles sélections. C'est un effectif encore plus étoffé. C'est un défi que je me lance. Cela reste quand même très excitant. J'espère encore progresser dans ma jeune carrière. Cela ne fait pas non plus très longtemps que je joue à ce niveau. J'espère gagner un maximum de titres. C'est ça qui me fait lever le matin.

J'ai beaucoup de respect pour le Stade toulousain. C'est dans ce club que j'ai commencé. Mais c'est encore en projet. Ce n'est que le début de l'après Guy Novès

Et pourquoi pas le Stade toulousain?

R.L: J'ai beaucoup de respect pour le Stade toulousain. C'est dans ce club que j'ai commencé. Mais c'est encore en projet. Ce n'est que le début de l'après Guy Novès. Il y eu beaucoup de changements. Tout se passe bien pour eux mais cela reste encore un projet. Je n'avais pas envie de prendre de risques. J'ai choisi Clermont naturellement. J'ai vraiment senti de l'intérêt de la part de Clermont. J'ai adhéré au discours du staff et sur leur manière de travailler. C'est ce qui a fait pencher la balance.

Est-ce aussi un club qui peut vous permettre de retrouver l'équipe de France?

R.L: Peut-être mais à Castres, j'étais aussi un joueur cadre. J'aurais certainement eu l'assurance de jouer plus de matchs pour attirer l'oeil du sélectionneur. Cela n'a pas été pris en compte dans ma réflexion.

Appréhendez-vous les derniers matchs avec le Castres olympique?

R.L: Oui, un peu. Mais ce n'est pas encore l'heure des au revoir et des remerciements. Je me sens complètement impliqué dans le nouveau projet mis en place par Christophe Urios et son staff même si pour moi, ce n'est que pour un an. J'ai vraiment envie de faire quelque chose de bien ici. Mes amis sont ici. Je vais tout donner jusqu'à la fin. J'espère que le dernier match à Castres arrivera le plus tard possible.

Rémi Lamerat (Castres), ballon en main, face à Grenoble - 24 octobre 2015
Rémi Lamerat (Castres), ballon en main, face à Grenoble - 24 octobre 2015
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