Toulon en état d'urgence

Trois gifles consécutives (quatre si l'on compte celle d'Urios sur Galthié) et le RCT pointe à une périlleuse 8e place du Top 14, avec déjà 11 points de retard sur le leader Montpellier. Après deux défaites inquiétantes face à Agen et le Racing (à Mayol), Galthié et ses hommes ont sauvé les apparences à Castres avec un score flatteur et un point de bonus défensif, mais cela résulte surtout de la maladresse d'Urdapilleta face aux poteaux.

Trois défaites de rang, ce n'était d'ailleurs plus arrivé au club de Mourad Boudjellal depuis la saison 2013-2014. Les plus optimistes retiendront que, cette année là, Toulon avait fait le doublé. Le plus réalistes peuvent rétorquer que ce RCT avait dans son effectif des Botha, Hayman, Williams, Rossouw, Masoe ou encore un certain Jonny Wilkinson. Ce n'est pas faire insulte au groupe actuel que de dire qu'il ne dispose pas vraiment des mêmes qualités. L'équipe d'alors n'était d'ailleurs pas du genre à reculer sur trente mètres après un ballon porté à Castres...

Jamais aussi mal classé depuis 2009

Si l'on poursuit dans l'analyse des chiffres, le plus inquiétant se trouve peut-être ailleurs. Jamais, depuis 2009-2010, Toulon n'avait compté si peu de points à ce stade de la compétition (26)*. Pis, sur les huit dernières saisons, le RCT a été une seule fois en dehors des six places qualificatives après 11 journées. C'était en 2010-2011, et le club ne s'était pas hissé en phases finales. On n'en est pas encore là, les Toulonnais peuvent encore faire mentir les statistiques, mais il y a urgence. Si les voyants ne sont pas au rouge, ils sont au moins à l'orange foncé.

Pour l'instant, Mourad Boudjellal se montre patient. L'an passé, avec de meilleurs résultats, les têtes de Dominguez et Delmas étaient déjà coupées. Le volcanique président toulonnais a commencé à sortir les contre-feux médiatiques la semaine dernière, avec ses déclarations sur les matches du dimanche et l'arbitrage, mais cela risque de ne durer qu'un temps.

Perte de poids et projet de jeu

Conscient des lacunes de son équipe, le staff plaide le besoin de temps, avec un groupe qui a été remodelé et qui a besoin de prendre ses marques dans un nouveau système de jeu. Argument qui devient de moins en moins recevable au mois de décembre.

Le déficit en mêlée, et plus généralement des avants, n'est plus compensé par les exploits individuels d'une ligne de trois quarts aux jambes de feu. Le manque de puissance de l'équipe pose également question alors qu'il a été demandé à certains joueurs de perdre (beaucoup) de poids pour coller aux ambitions de jeu du staff. On peut aussi s'interroger sur la préparation physique. Les joueurs ont souffert, mais pour quel résultat ?

Depuis la début de la saison, jamais le RCT n'a disputé 80 minutes de haut niveau, connaissant de trop nombreux trous d'air. Avec la fin de la période internationale, Toulon va retrouver des leaders. De jeu et de vestiaire. Il faudra vite que tout le monde se mette au diapason, sinon Mourad Boudjellal n'aura pas besoin de déclarer forfait pour ne pas voir les phases finales.

*Après 11 journées : saison 2016-2017 : 3e avec 31pts ; 2015-2016 : 5e avec 31 pts ; 2014 2015 : 2e avec 33pts, 2013-2014 : 2e avec 32 pts; 2012 2013 :1er avec 42pts; 2011-2012 : 3e avec 35 pts; 2010-2011 : 7e avec 28 pts (pas qualifié) ; 2009-2010 : 5e avec 30 pts