Projet de jeu, manque d'autorité, méthode Mola... Elissalde vide son sac

Par Maxime Gil
  • Jean-Baptiste Elissalde (Toulouse) - 5 mars 2016
    Jean-Baptiste Elissalde (Toulouse) - 5 mars 2016
  • Jean-Baptiste Elissalde - Toulouse
    Jean-Baptiste Elissalde - Toulouse
  • Jean-Baptiste Elissalde, l'entraîneur des 3/4 de Toulouse
    Jean-Baptiste Elissalde, l'entraîneur des 3/4 de Toulouse
  • Ugo Mola, Jean-Baptiste Elissalde et Jean Bouilhou (Toulouse) - 12 août 2016
    Ugo Mola, Jean-Baptiste Elissalde et Jean Bouilhou (Toulouse) - 12 août 2016
  • Jean-Baptiste Élissalde (Toulouse)
    Jean-Baptiste Élissalde (Toulouse)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Parti du Stade toulousain au début du mois de juillet d'un commun accord avec le club, Jean-Baptiste Elissalde s'est confié sur cette dernière saison aux côtés d'Ugo Mola, dans les colonnes de L'Equipe. L'ancien joueur de Toulouse n'y va pas de main morte et détaille sans langue de bois certains soucis qui ont mené à la perte du club le plus titré de France la saison dernière.

Les histoires d’amour finissent mal, en général, chantaient les Rita Mitsouko. Jean-Baptiste Elissalde, au Stade toulousain ces 15 dernières années, ne pourra pas dire le contraire. Démis de ses fonctions d’entraîneur des trois-quarts le 5 juillet dernier, l’ancien demi de mêlée ou demi d’ouverture de Toulouse a vidé son sac dans les colonnes de L’Equipe. Passé dans le staff du club le plus titré de France en 2010, au lendemain de sa retraite sportive, le natif de La Rochelle a soulevé deux boucliers de Brennus sur le banc du Stade, en 2011 et 2012. La première année, les Haut-Garonnais parviennent même à se hisser en demi-finale de coupe d’Europe (perdue au Leinster 32-23). Ça, c’est pour le conte de fée. Car depuis 2013, jamais les Toulousains ne sont parvenus à faire mieux qu’une demi-finale en Top 14. Pire, le club termina la saison dernière à une peu glorieuse 12e place qui aura marqué l’histoire.

"J'étais convaincu qu'il nous faudrait un peu plus que bien jouer au rugby"

Le Stade toulousain n’est alors plus que l’ombre de lui-même et des coupables sont cherchés. Et désignés. C’est Jean-Baptiste Elissalde qui paiera la note. Un coup dur pour l’ancien international français (35 sélections) : C’est une remise en question de ta légitimité et de tes compétences. Mais il prévient : Je n’ai jamais fonctionné en m’apitoyant sur mon sort. Il faut dire que l’homme de 39 ans quitte le club avec quelques regrets certes, mais en n'ayant pas hésité à dire tout haut les problèmes, tout en assumant ses responsabilités. En premier lieu concernant le terrain, où il estime qu’il aurait dû pouvoir mieux maîtriser le facteur du jeu ainsi que le secteur du jeu au pied. Mais c'est surtout au sujet de la communication et des relations avec les joueurs que le staff a pêché.

Jean-Baptiste Elissalde - Toulouse
Jean-Baptiste Elissalde - Toulouse

Car c’est bien là que le le bât blesse : le management. Si cela faisait partie de ses prérogatives lorsque Guy Novès était à la tête de l’équipe, Jean-Baptiste Elissalde reconnaît ne plus avoir assumé ce rôle lors du changement de manager : Quand Ugo Mola est arrivé (été 2015), je me suis peut-être défaussé de cette responsabilité parce que ça avait été lourd pendant deux saisons. Avec pour objectif de se concentrer uniquement sur le terrain. Pourtant, l’ex numéro 9 ou 10 n’était pas dupe, il fallait apporter de la grinta au groupe : J’étais aussi convaincu que ce serait très difficile cette année, qu’il nous faudrait un peu plus que bien jouer au rugby : avoir un supplément d’âme, une envie de taper fort.

Manque d'autorité et de caractère

Mais jamais cela n’arriva, au grand dam de l’entraîneur des trois-quarts. Déjà, des prémices s’étaient fait ressentir en fin de saison dernière : Je me souviens d’un stage à Canet-en-Roussillon en fin de saison 2016. J’arrive là-bas et je retrouve une équipe en mode stage de présaison pour tisser du lien, mais certainement pas pour préparer une phase finale. Les joueurs étaient les chefs !, raconte-t-il. Un manque cruel d’autorité qu’il regrette : Je savais que nous devions être beaucoup plus drastiques avec les joueurs. S’il ne remet pas en cause le sérieux de tout le groupe, jamais le staff n’a réussi à sublimer son équipe : On n’a pas été assez durs avec eux pour générer toute cette tension prête à éclater sur le terrain ensuite.

Jean-Baptiste Elissalde, l'entraîneur des 3/4 de Toulouse
Jean-Baptiste Elissalde, l'entraîneur des 3/4 de Toulouse
Je savais que nous devions être beaucoup plus drastiques avec les joueurs

Un manque de caractère qui n’a pas été le seul facteur déterminant dans la déroute du Stade toulousain. Le projet de jeu mené par Ugo Mola n’était pas adapté selon Jean-Baptiste Elissalde. Bien que notre jeu, la saison dernière, a été pensé pour être attractif, il note que 70% du temps, on a joué avec une équipe qui n’était pas taillée pour ce rugby là. Un rugby de mouvement, où trouver les zones larges était l’objectif. Mais le désormais ex-entraîneur adjoint du club de Didier Lacroix met en avant que ce projet ne pouvait être en adéquation avec ses joueurs, sans remettre en cause leurs qualités : Il te faut des passeurs pour jouer ce rugby. Des mecs capables d’alterner, faire d’abord reculer l’équipe adverse, notamment les ailiers par le pied. [...] On aurait eu une équipe coureuse, avec un ou deux solides devant, un ou deux autres derrière, ce rugby aurait pu nous permettre d’exister.

Le management de Mola remis en cause

À quelques reprises, les idées du staff toulousain ont porté leurs fruits. Le facteur déclenchant ? Luke McAlister. Un demi d’ouverture taillé pour le jeu prôné, "à la toulousaine". Mais en ne dérogeant pas à sa règle désignant Jean-Marc Doussain comme demi d’ouverture numéro 1, sans adapter le jeu à son ouvreur, Ugo Mola s’est tiré une balle dans le pied. Pourtant, Jean-Baptiste Elissalde l’avait alerté sur la question. Dès lors, la fracture s’est créée et plusieurs évènement ont amené le fils de Jean-Pierre Elissalde à sortir de ses gonds. Notamment d'un point de vue de la communicaton entre le staff et son groupe : J'ai confrontré Ugo Mola, Fabien Pelous et Jean-René Bouscatel à ces questionnements, à notre façon de manager les mecs et à ces fameux "ça ira mieux demain..." Certainement qu'Ugo l'a pris pour une attaque personelle, mais cétait pour le bien de l'équipe.

Ugo Mola, Jean-Baptiste Elissalde et Jean Bouilhou (Toulouse) - 12 août 2016
Ugo Mola, Jean-Baptiste Elissalde et Jean Bouilhou (Toulouse) - 12 août 2016

Ce qui a fait éclater les reproches d'Elissalde, c'est la gestion du groupe d'Ugo Mola, bien différente de celle de Guy Novès. On ne revient pas sur la discipline collective et individuelle du jeune de vingt ans qui prend un jaune en quarts de finale de coupe d'Europe (François Cros, ndlr) [...], celle du leader international confirmé qui concède trois pénalités cadeaux (Yoann Maestri, ndlr). On ne dit rien. Ce qui lui fait même rajouter : Il n'y avait aucune crainte d'aller en vidéo, de faire tomber un ballon à l'entraînement ou de prendre une pénalité.

Il n'y avait aucune crainte d'aller en vidéo, de faire tomber un ballon à l'entraînement ou de prendre une pénalité

La méthode Mola est bel et bien la cause de l'échec du Stade toulousain pour l'ancien buteur : On a fait du ménagement, pas du management, du social participatif alors qu'il fallait de l'autoritaire et du paternaliste. Alors, quand Jean-Baptiste Elissalde a tenté de taper du poing sur la table, il a été mis sur la touche. Car comme il l'a senti dans les couloirs d'Ernest-Wallon : Le petit, il dérange plus qu'il n'arrange.

Jean-Baptiste Élissalde (Toulouse)
Jean-Baptiste Élissalde (Toulouse)
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