Les joueurs français font-ils encore rêver ?

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  • Frédéric Michalak (Lyon)
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TOP 14 - Alors que les résultats des Bleus sont en berne, le rugby français souffre d’un déficit d’images et de stars pour séduire les plus jeunes. Un constat pointé dernièrement par Bernard Laporte, le président de la FFR, qui estime que cette situation "n’est plus possible."

"J’ai entraîné l’équipe de France pendant 8 ans. Je disais à mes joueurs : c’est quoi notre mission ? C’est de faire rêver les gamins. Qu’ils disent, 'moi, demain, je veux jouer au rugby parce que je m’identifie à un tel, à un tel'. Ça fait dix ans que c’est plus ça dans le rugby français. Aujourd’hui, les jeunes te parlent de Karabatic, de Griezmann, de Neymar. Ils ne te parlent jamais de joueurs de rugby. Je leur ai dit (aux joueurs du XV de France, ndlr) avant le Tournoi. Ce n’est plus possible. Il faut que ça change." La tirade est signée Bernard Laporte, le 9 août dernier, lors d’un speech aux Bleues avant leur entrée dans la Coupe du monde. Des mots forts, clairs et précis.

Aucun rugbyman dans les 50 personnalités préférées des 7/14 ans

Les propos du président de la Fédération française de rugby sont-ils excessifs ou soulignent-ils un vrai déficit de stars françaises ? Au moment où le Top 14 s’apprête à redémarrer, les Français ont bien souvent du mal à voler la vedette à Dan Carter, Bryan Habana et autres étoiles de l’hémisphère Sud. "Le problème, en France, c’est que c’est trop cloisonné entre les clubs et l’équipe nationale", nous explique le trois-quarts centre Conrad Smith, vainqueur de deux Coupes du monde avec les All Blacks (2011 et 2015). "Pour faire d’un joueur une star, il faut une cohésion de toutes les instances. La structure du rugby français me semble trop conflictuelle entre les clubs et le XV de France. Il faudrait davantage de collaboration pour valoriser les joueurs. Mais il y a des joueurs extraordinaires comme Wesley Fofana et Louis Picamoles qui pourraient avoir cette dimension là."

Nemani Nadolo et les supporters de Montpellier - 17 août 2017
Nemani Nadolo et les supporters de Montpellier - 17 août 2017

Chaque année, le JDD révèle les personnalités préférées des Français. Et les rugbymen ne sont pas invités dans ce Top 50 tandis que les noms de Teddy Riner, Antoine Griezmann et Tony Parler reviennent régulièrement. Dans les études spécifiques aux sportifs, là encore, les rugbymen se font discrets. Frédéric Michalak, Thierry Dusautoir, Morgan Parra et Vincent Clerc sont certes cités dans un classement de 40 athlètes. Mais ce résultat n’est pas forcément rassurant pour la popularité future du rugby dans la mesure où Frédéric Michalak (34 ans) et Vincent Clerc (36 ans) sont en fin de carrière alors que Dusautoir a tiré sa révérence la saison passée.

Pire, dans une enquête réalisée par Ipsos en mars 2017 et publiée dans le Journal de Mickey, aucun rugbyman n’apparaît dans les 50 personnalités préférées des 7/14 ans. Un classement où se glissent Griezmann (2e), Lloris (3e), Riner (5e), Pogba (11e), Payet (12e), Parker (24e). Où sont les nouvelles têtes d’affiche du rugby ?

Les joueurs seront populaires s’ils gagnent contre les All Blacks en traversant le terrain, pas avec le nombre de followers (Frédéric Michalak)

Encensé lors de ses débuts sous le maillot tricolore en 2016, Baptiste Serin (23 ans) regrette cette situation. "On a envie que les gamins s’identifient à nous", insiste le demi de mêlée de l’UBB. "Il faut qu’on change cette image pour donner envie aux plus jeunes de venir vers ce sport". Lors de sa prise de fonction à la tête du XV de France, Guy Novès a réduit l’apparition des Bleus devant les médias estimant qu’ils ne pouvaient plus être "des représentants commerciaux du rugby". Résultat : les rares joueurs susceptibles de capter l’attention du grand public sont bâillonnés.

Frédéric Michalak (Lyon)
Frédéric Michalak (Lyon)

Alors que faire ? "Le plus important, ça reste la performance. Mais aujourd’hui, on sent que les médias sont plus intéressés par le buzz que la performance", regrette Frédéric Michalak. "Ce sport-là véhicule de belles valeurs. Il faut aussi les mettre en avant et ne pas parler des deux, trois mecs qui ont fait une connerie. Ça ne fait pas forcément du bien. Après, les joueurs seront populaires s’ils gagnent contre les All Blacks en traversant le terrain. La popularité ne se fait pas avec le nombre de followers. Ça ne s’achète pas. On ne va pas demander à Louis Picamoles de se laisser pousser la barbe pour devenir célèbre (sourire). On veut qu’il traverse le terrain." Pour stopper l’émiettement du nombre de licenciés et faire de nouveau rêver les plus jeunes, le rugby français devra rapidement se trouver de vraies stars.

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