"Les entraîneurs français, on n'est pas plus couillons que les autres"

  • Franck Azéma (Clermont) entouré de ses adjoints, Jono Gibbes et Xavier Sadourny
    Franck Azéma (Clermont) entouré de ses adjoints, Jono Gibbes et Xavier Sadourny
  • Vern Cotter, l'entraîneur de Montpellier - Juillet 2017
    Vern Cotter, l'entraîneur de Montpellier - Juillet 2017
  • Patrice Collazo et Xavier Garbajosa (La Rochelle)
    Patrice Collazo et Xavier Garbajosa (La Rochelle)
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TOP 14 - Depuis plusieurs saisons, le recours à des entraîneurs étrangers concerne une majorité de clubs du Top 14. Face à cet effet de mode, de nombreux techniciens français se retrouvent sur la touche. Témoignage.

Le sujet est souvent tabou. Mais au-delà des polémiques faciles, le débat sur le recours à des entraîneurs étrangers inquiète de nombreux observateurs, à commencer par Tech XV (le syndicat des entraîneurs et éducateurs du rugby, ndlr) présidé par Alain Gaillard. Si les présidents des clubs de Top 14 contournent la loi en prenant la plupart du temps des managers/directeurs sportifs/consultants qui ne possèdent pas le DES (Diplôme d’Etat Supérieur, NDLR) et n’entrent donc pas dans le cadre législatif français, c’est bien souvent au détriment des techniciens français.

C’est un cycle normal, un effet de mode. Et puis, il ne faut pas se voiler la face, il fait bon vivre en France, nous confie un entraîneur tricolore sans club, malgré un CV significatif. Prenez Vern Cotter : quand vous connaissez le montant de son contrat avec Montpellier, vous comprenez mieux pourquoi il n’est pas rentré en Nouvelle-Zélande pour s’occuper de ses vaches.

Vern Cotter, l'entraîneur de Montpellier - Juillet 2017
Vern Cotter, l'entraîneur de Montpellier - Juillet 2017

Azéma le cohérent, admiratif de Collazo et Mignoni l'exemplaire

Si personne ne contestera les compétences et l’expertise de la plupart de ces techniciens étrangers, leur méthodologie étouffe malgré tout l’exception rugbystique française, bercée par les théories de René Deleplace (basée sur la liberté d'initiative qui préside au mouvement général, ndlr), les travaux de Pierre Conquet et Jean Devaluez sur les fondamentaux du rugby. Je ne dis pas qu’ils n’apportent rien mais ils n’ont pas révolutionné le rugby non plus, souligne notre interlocuteur.

Qu’ont apporté Bernard Jackman à Grenoble ou Richard Cockerill à Toulon ? Ça me fait davantage plaisir quand un club est sacré champion de France avec un entraîneur français. Regardez ce que fait Franck Azéma à Clermont ! Je dis chapeau bas, c’est cohérent ! Et Collazo avec son staff à La Rochelle... Je suis admiratif ! Je pense aussi à Pierre Mignoni à Lyon. C’est exemplaire.

Le véritable problème, ce sont ces joueurs qui enfilent le survêtement dès qu’ils ont retiré le maillot

Certains entraîneurs étrangers, conscients de cette problématique, ont bâti leur staff avec le souci d’apporter une sensibilité française, à l’image de Greg Cooper au Stade français qui s’est entouré de Julien Dupuy et Olivier Azam. Mais à l’instar de Carl Hayman (Pau) ou de Chris Masoe (Racing 92), beaucoup de joueurs étrangers intègrent les staffs des clubs du Top 14 à peine leur carrière terminée. Le véritable problème, ce sont ces joueurs qui enfilent le survêtement dès qu’ils ont retiré le maillot, regrette notre témoin. Ils ne font que reproduire ce qu’on leur a montré sans s’enrichir de nouvelles expériences, sans recul. Et quand je vois également qu’en Pro D2, le staff du Biarritz Olympique est 100% étranger (Gonzalo Quesada, Simon Raiwalui, Jack Isaac), je suis surpris. Le travail de David Darricarrère n’était-il pas bon ? Je n’ai pas l’impression.

Patrice Collazo et Xavier Garbajosa (La Rochelle)
Patrice Collazo et Xavier Garbajosa (La Rochelle)

Face à cette réalité si difficile à maîtriser, de plus en plus de techniciens français risquent donc d’être poussés vers la sortie. Pour les entraîneurs, c’est dur. Il faut aller au charbon. Si on reste recroquevillé, ce n’est pas bon, insiste notre interlocuteur. C’est bien pour ça que j’espère que Guy Novès et son staff réussiront avec le XV de France pour donner une autre image des techniciens français. On n’est pas plus couillons que les autres.

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