Flashback : Fin août 2004, la France découvrait Caucaunibuca

  • Rupeni Caucaunibuca
    Rupeni Caucaunibuca
  • Rupeni Caucaunibuca
    Rupeni Caucaunibuca
Publié le
Partager :

TOP 14 - En août 2004, le rugby français a vécu l'arrivée d'un phénomène : l'ailier international fidjien Rupeni Caucaunibuca, qui avait quitté les Blues d'Auckland pour le SUA. Après quelques matches pour prendre la mesure du défi, il a éclaboussé le championnat de sa classe, devenant dès sa première saison le meilleur marqueur du Top 16.

Il fallait au moins ce scénario pour donner le ton. Eté 2004, le SUA peut commencer à écrire le premier tome de son éloge de la patience : le club aux huit Brennus se désespère pour la première fois de voir arriver sa recrue phare, l'ailier fidjien Rupeni Caucaunibuca, en provenance des Auckland Blues. Attendu le 17 juillet, officiellement confronté à un problème de visa, il débarque finalement le 9 août. Même s'il arrive à l'entraînement dès le lendemain, le duo Christian Lanta - Christophe Deylaud est amené à composer sans lui pour l'ouverture du championnat.

Le public français qui ne le connaissait que d'une réputation née de sa Coupe du Monde en 2003 avec son essai culte contre le XV de France et entretenue avec les Blues d'Auckland en Super Rugby doit patienter avant de pouvoir l'admirer : Rupeni Caucaunibuca rate les deux premières journées : la réception de Castres (18 août) et un déplacement à Narbonne (23 août)

On laisse du temps à l'ailier pour prendre ses repères. Mathieu Barrau, ex-demi de mêlée devenu préparateur physique du SUA, n'a rien oublié : "On a vu arriver quelqu'un de très humble, de très réservé. On voyait qu'il se demandait où il était arrivé. Il n'est pas du tout arrivé en super star..." Mais en quelques jours, Caucaunibuca se révèle prêt. Et s'impose comme une évidence pour le poste d'ailier gauche.

67 essais en 111 matches avec Agen

"On savait qu'il était un ailier supersonique mais on ne s'attendait pas à ce qu'il affiche un tel niveau. On a compris que c'était un phénomène. Personne n'avait jamais vu ça. C'était trop facile pour lui. Dès qu'il voulait, il s'amusait avec les autres joueurs à l'entraînement : s'il voulait marquer, il marquait ; s'il voulait ne pas se faire toucher, on ne le touchait pas", raconte l'ex demi de mêlée des Bleus.

Finalement, ce 29 août 2004, le voilà aligné par Lanta et Deylaud pour le troisième round du Top 16 et la réception de Brive. 8 000 personnes ont pris place à Armandie en cette fin d'été. Sous un ciel nuageux, elles ne le réalisent pas mais elles vont voir s'écrire sur une pelouse abimée le premier chapitre en français de la légende Caucaunibuca, le premier de ses 111 matches sous le maillot agenais. Avant, ses coéquipiers l'ont laissé tranquille : pas de bizutage pour marquer le coup. "On a senti qu'il était réservé, qu'il était dans cette culture fidjienne très respectueuse et on n'a pas voulu lui faire vivre ça", raconte Mathieu Barrau.

Rupeni Caucaunibuca
Rupeni Caucaunibuca

"On n'aurait pas souhaité qu'il le prenne mal ni voulu le traumatiser". Il fallait bien une première mais elle ne reste pas dans les mémoires. Un premier match discret, comme s'il lui fallait encore prendre ses marques dans ce nouveau monde. Ce jour-là, si le SUA domine Brive, il le doit avant tout à ses buteurs François Gelez (18 points) et Antoine Miquel (8 points)

Il y a eu Lomu et lui (Mathieu Barrau)

Le premier des 67 essais de "Rup's" sous le maillot agenais n'interviendra qu'à sa 7e apparition, le 6 novembre contre Grenoble. Mais à la fin de la saison, c'est bien lui qui termina meilleur marqueur du Top 16 (16 essais marqués) avant de récidiver la saison d'après (17 essais). Suivront échecs et coups d'éclat dont le Brennus 2011 avec Toulouse jusqu'à son ultime départ en septembre 2014 après un dernier match contre Narbonne.

Il est arrivé à 100 kilos, il est reparti à 120. "Il allait quand même plus vite que les autres" se marre Barrau. Reste tout de même une légende et une place dans le XV du siècle du club aux 110 ans d'histoire. À Agen, on ne l'oubliera jamais. "Parler de légende, ça n'est pas exagéré", enfonce Barrau. "Regardez la compilation de ses essais : personne n'est capable de faire ça. Il y a eu Lomu et lui. Mais Rupeni n'avait pas que la puissance, il avait un registre félin. Il était beau à voir jouer".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?