Après s'être préparés en marge, les joueurs de la Liste Élite vont enfin pouvoir jouer

Ils trépignent d’impatience ! Ont soif de gonfle ! D’espaces, de mouvement ! À l’occasion de la 2e journée du Top 14, la plupart des joueurs épinglés sur la liste Élite du XV de France vont enfin pouvoir jouer au rugby. Pour les 33 joueurs concernés, sélectionnés pour la tournée en Afrique du Sud, la préparation physique dictée par l’encadrement du XV de France s’est étalée sur cinq semaines, du lundi 24 juillet au 27 août. "On ne peut pas imaginer que les joueurs soient dans un mode préparatoire la dernière semaine, celle qui précédera leur retour sur le terrain", expliquait dernièrement le préparateur physique du XV de France Julien Deloire à Midi Olympique. "Les clubs reprendront pleinement la main sur les joueurs pour préparer la rencontre du week-end. Pour nous, cette dernière semaine de préparation n’existe presque pas."

Une préparation frustrante à l’écart de leurs coéquipiers

Les internationaux ont donc connu un été assez singulier. Au programme, une préparation individualisée s’articulant sur trois groupes de travail : "déplacement" pour les joueurs ayant besoin d’augmenter leur capacité de travail en match ; "puissance" basé sur un travail de force avec des charges plus lourdes ; "renforcement" pour les joueurs ayant besoin de se développer musculairement pour se protéger et mieux encaisser les impacts. Mais au final, ces semaines de labeur se rapprochent-elle d’une préparation Coupe du monde où les organismes flirtent avec la limite ? "La préparation était assez lourde mais ce n’est pas révolutionnaire non plus", coupe le 3e ligne montpelliérain Louis Picamoles. "Ce n’est pas non plus si différent que ce qu’on aurait pu faire en club."

Pour ceux moins habitués à l’intensité d’une telle préparation, l’inconnue demeure sur l’état de fraîcheur au moment de basculer sur le Top 14. "Le fait que ce soit sur la longueur, c’est compliqué", confie le demi de mêlée de l’UBB Baptiste Serin. "Au bout d’un moment, tu cours, tu cours, tu cours… la seule chose dont j’ai peur, c’est qu’on finisse par fatiguer. Les préparateurs physiques nous ont certifiés que ça n’allait pas être le cas puisqu’on a eu des programmes de régénération après les séances et des jours "off". Mais tu te poses des questions. Forcément, on va avoir un petit coup de mou au début du championnat." Un coup de mou accentué par l’interdiction de participer aux matches amicaux qui permettent généralement de digérer la préparation physique en retrouvant le rythme.

"On verra si on sait encore faire une passe" (Henry Chavancy)

Au-delà de la fatigue, le même sentiment a accompagné les Tricolores durant tout l’été : la frustration de travailler en marge de leurs coéquipiers. "C’est une position un peu délicate", reconnaît Louis Picamoles qui retrouve le MHR. "Surtout quand on change de club. On arrive avec cette envie de s’intégrer, d’être avec les mecs, de bosser avec eux. Parce que le début de saison se fera avec le club, pas l’équipe de France. Il fallait gérer, s’adapter." Mais encore ? "C’est aussi aux joueurs à prendre leur disposition pour se mêler au groupe", explique Baptiste Serin. "À Bordeaux, on a essayé de se mêler aux séances vidéo. On a échangé avec les mecs. C’est important de garder un lien avec nos coéquipiers. La cohésion se fait en pré-saison."

Même s’ils ont participé à quelques séances de skills, les joueurs de la liste Elite ont largement délaissé le ballon durant ces cinq semaines de préparation. Sans parler de l’interdiction de participer aux oppositions et autres séances de mouvement général. "On a hâte de reprendre le rugby", glisse le trois-quarts centre du Racing 92 Henry Chavancy. "On verra si on sait encore faire une passe (rires)…"