Jordaan peut enfin s’exprimer

Si Paul Jordaan progresse en français, sa compréhension de la langue n’est pas encore complètement parfaite. Mais samedi, après la victoire contre Clermont (51-20), le centre rochelais de 25 ans faisait remarquer qu’il avait saisi le message de Patrice Collazo, son entraîneur, dans le vestiaire. "Je n’ai pas compris tout ce qu’il a dit, confiait-il avec le sourire, mais je crois que le coach était fier de nous. Et que notre réaction a fait honneur au club". Contre Clermont, sa prestation a pesé. Par sa vitesse et ses choix, il a souvent mis sur le feu dans les lignes auvergnates. Midi Olympique l’a d’ailleurs mis dans . Depuis les matches amicaux, en fait, l’ancien centre des Sharks d’Afrique du Sud se distingue.

Samedi, lui et ses coéquipiers ont ciblé le début de match. "On savait qu’on trouverait des espaces au coup d’envoi contre Clermont. L’essai de Gaby (Lacroix) fut une magnifique entame et générateur d’énormément de confiance pour nous", déclare-t-il avec du recul. Complice lors d’un offload avec Levani Botia, le Sud-Africain allume la mèche. Il est encore à l’origine de deux autres essais. Sur le cinquième de Hikairo Forbes, sa percée trouve Kini Murimurivalu, puis Forbes, après un ralentissement latéral bien pensé pour donner à l’arrière fidjien. Enfin, sur le dernier de Lacroix, qui marque le triplé de l’ailier, Paul Jordaan ajuste son coup de pied pour le Gersois qui plonge dans l'en but.

J’ai pu me régénérer

Arrivé à l’intersaison 2016 pour deux ans, Paul Jordaan a connu une première saison rochelaise mi-figue mi-raisin. Les blessures, aux ischios notamment, n’ont pas épargné celui qui, par intermittence, avait montré de belles choses mais sans pouvoir s’exprimer dans la durée. Titulaire neuf fois en Top 14 sur onze rencontres disputées, il avait inscrit deux essais. "Ce n’était pas au niveau de mes attentes, souligne celui qui s’est marié en juin en Afrique du Sud. À La Rochelle, j’ai été confronté à des blessures après quatre saisons de Super Rugby. J’ai pu me régénérer afin d’aborder cette saison dans un bon état. La saison dernière est derrière nous à présent. C’est sûr qu’on a une grosse tâche devant nous car on nous attend mais les gars sont prêts."

Aussi, le fait d’avoir disputé une pré-saison dans son intégralité n’est sans doute pas étranger à la bonne forme de l’ex-international des Springboks des moins de 20 ans champions du monde 2012. Il y a un an, il n’était arrivé que quelques semaines avant le début du championnat. Il souligne que rien n’est comparable avec ce qu’il se fait en Afrique du Sud, du point de vue du calendrier déjà, mais en France, "il a adoré s’entraîner trois fois par jour". À La Rochelle, il se rend compte aussi de la dynamique du club avec le centre de performance Apivia Parc. "C’est le plus bel endroit où je me suis entraîné dans ma carrière de rugbyman, dit-il. Ça apporte beaucoup d’énergie." Pour lui et ses partenaires, ça ne sera pas de trop…