Sevens, Ecosse, Coupe du monde... à la découverte de Taylor Paris

Par Rugbyrama
  • Taylor Paris (Agen) face à Montauban - 21 mai 2017
    Taylor Paris (Agen) face à Montauban - 21 mai 2017
  • Joe Rokocoko (Racing 92), face à Taylor Paris (Castres) - Top 14 (26 août 2017)
    Joe Rokocoko (Racing 92), face à Taylor Paris (Castres) - Top 14 (26 août 2017)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Pour la suite de notre série "Rugby d'ailleurs", direction le Canada. Ou plutôt Castres, où joue maintenant Taylor Paris, ailier de 25 ans.

Si Jamie Cudmore est fraîchement retraité, un autre Canadien arpente les terrains de Top 14 en la personne de Taylor Paris, ailier au Castres olympique (ici sous les couleurs d'Agen, lors de la finale d'accession au Top 14, le 21 mai dernier). Si son pays apparaît comme une petite nation du rugby mondial, la fédération canadienne de rugby recense tout de même quelque 73 000 licenciés, soit autant que le pays de Galles et plus que l'Argentine. Les "Canucks" ont participé à toutes les phases finales de Coupe du monde, et même atteint les quarts de finale à l'occasion de l'édition 1991.

Comment avez-vous découvert le rugby au Canada ?

Taylor Paris : Il y avait une équipe dans le lycée où j'étais. C'est là où j'ai commencé, j'étais en première année, je devais avoir 14 ans. Je me suis inscrit dans le club de ma ville peu de temps après. Puis à 17 ans, j'ai signé dans le grand club de la région, voire du pays, les Blues d'Ontario. C'est une étape pour jouer avec l'équipe nationale, la moitié de l'équipe vient de ce club, les autres jouent presque tous en Europe.

Et vous avez tout de suite aimé ce sport ?

T. P. : J'aimais tous les sports collectifs quand j'étais jeune. Je m'étais essayé à tous les sports majeurs canadiens : le hockey, le football américain et le basket. Mais surtout le hockey ! Pour moi, le contact fait partie des sports collectifs alors j'ai rapidement aimé le rugby.

Je lui ai dit que j'aimerais bien jouer en Europe, tenter l'aventure...

Ensuite tout est allé très vite...

T. P. : Oui, j'ai joué dans l'équipe du Canada à 7 lorsque j'avais 17 ans, j'avais été sélectionné pour disputer un tournoi de Sevens en Nouvelle-Zélande. La même année, à 18 ans, j'ai été appelé pour jouer avec l'équipe du Canada à 15. Mon premier match, c'était contre la Belgique à Bruxelles, en novembre 2010.

A quel moment vous-êtes vous dit que vous pourriez en faire un métier ?

T. P. : Lorsque j'ai commencé à être sélectionné dans les équipes nationales. C'était un entraîneur gallois qui entraînait l'équipe de rugby à 7. Je lui ai dit que j'aimerais bien jouer en Europe, tenter l'aventure. Il m'a mis en relation avec un agent et assez vite Glasgow m'a proposé un contrat d'un an. Les Warriors m'avaient pris parce qu'ils avaient déjà des joueurs Canadiens et qu'ils avaient confiance en mon agent.

Vous n'avez pas beaucoup joué en Écosse... Est-ce que c'était malgré tout une bonne première expérience européenne ?

T. P. : Il y avait une belle équipe à Glasgow, beaucoup de très bons ailiers et notamment mon partenaire en sélection DTH van der Merwe. On s'entendait bien, sa présence a facilité mon intégration. Mais c'est vrai que sportivement, c'était compliqué. Je suis arrivé à Glasgow à 19 ans, je ne connaissais pas du tout le monde professionnel. Au Canada, on ne grandit pas avec le rugby donc je l'ai découvert en arrivant en Écosse. En fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre donc tout était nouveau et surprenant pour moi.

Ces premières années à Agen m'ont fait grandir, à la fois en tant que joueur et en tant qu'homme

Vous ne restez qu'une année à Glasgow avant d'arriver en France, à Agen, comment ça s'est fait ?

T. P. : Mon agent me parle d'une équipe qui descend en Pro D2 et qui cherche des jeunes joueurs pour construire dans la durée. J'ai eu un rendez-vous avec Philippe Sella et Mathieu Blin qui s'est très bien passé et ils m'ont proposé un contrat de deux ans. J'avais 20 ans, la ville et le club m'ont plu.

Là-bas, très vite, vous enchaînez les matches en Pro D2 et devenez un joueur important de l'équipe...

T. P. : Oui, même si j'avais signé mon premier contrat professionnel en Écosse, je ne jouais pas trop donc c'est à Agen que j'ai vraiment découvert les exigences du monde professionnel. L'enchaînement des matches, ce que ça implique, le comportement à avoir tous les jours à l'entraînement, etc. Ces premières années à Agen m'ont fait grandir, à la fois en tant que joueur et en tant qu'homme.

Avec Agen, vous avez fait la navette entre Pro D2 et Top 14, c'était comment ?

T. P. : Ma première année, on perd la finale d'accession contre La Rochelle. L'année suivante, on l'emporte contre le Stade montois (16-15, NDLR) et on monte en Top 14. On redescend l'année d'après mais je n'avais pas pu jouer parce que je soignais toujours une rupture des ligaments croisés. Je retrouve donc les terrains lors de la saison 2016/2017 en Pro D2. On remporte de nouveau la finale d'accession, contre Montauban cette fois (voir photo). J'ai connu beaucoup de hauts et de bas ces cinq dernières années, c'est le haut niveau.

Et cette année, vous avez rejoint le CO, pourquoi avoir quitté Agen ?

T. P. : C'est sûr que c'était dur de ne pas jouer en Top 14 avec Agen mais bon, les blessures font partie du jeu. J'avais un bon de sortie si un club de Top 14 me contactait et Castres est rapidement venu vers moi, on devait être fin novembre. J'ai rencontré Christophe (Urios), Fred (Charrier) et Joe (El Abd) et ça s'est tout de suite très bien passé, je n'ai pas hésité. Je cherchais une équipe dans le style de Castres, j'aime la façon de travailler dans ce club, la manière dont le staff gère le groupe.

Joe Rokocoko (Racing 92), face à Taylor Paris (Castres) - Top 14 (26 août 2017)
Joe Rokocoko (Racing 92), face à Taylor Paris (Castres) - Top 14 (26 août 2017)

En quelques mois, vous avez découvert le Top 14 et la Champions Cup, comment jugez-vous l'apprentissage ?

T. P. : Lorsqu'on est sportif professionnel, on a toujours envie de se tester contre les tout meilleurs, donc c'est vraiment un plaisir. Mon premier match de Top 14 avec Castres, j'avais Joe Rokocoko en face de moi, c'est une légende... Jouer contre ce type de joueur, ça t'apprend aussi l'humilité.

Vous continuez à jouer en sélection aussi ?

T. P. : Oui, oui. Enfin là j'ai pris un K.-O. il y a trois semaines donc je dois voir le docteur demain et s'il me donne le feu vert, je pars rejoindre l'équipe nationale pour les tests d'automne contre la Géorgie, l'Espagne et les Fidji.

Vous avez disputé une Coupe du monde avec l'équipe nationale ?

T. P. : Malheureusement, non. En Nouvelle-Zélande en 2011, j'étais dans le groupe des 30, mais souvent le 24e homme, je n'avais pas disputé une rencontre. Et en 2015, je m'étais fait les croisés lors du dernier match de préparation contre les États-Unis. Pour le prochain Mondial, on n'est pas encore qualifié, on doit disputer un match de barrage contre l'Uruguay. J'en parle pas mal avec Rodrigo (Capo Ortega, NDLR) même s'il ne joue plus avec sa sélection. C'est ça aussi qui est sympa dans ce sport, chacun a sa culture et elles se mélangent. Jouer un match de Coupe du monde, c'est presque devenu un rêve. En tout cas, c'est un vrai objectif !

Vous êtes encore très jeune (25 ans) mais est-ce que vous avez une idée de ce que vous voudrez faire après votre carrière ?

T. P. : Ah, ça... C'est la grande question pour les sportifs. J'avais fait un stage chez les pompiers à Agen et obtenu mon diplôme de pompier volontaire. Donc pourquoi pas faire ça plus tard, c'est considéré comme un beau métier au Canada. Mais avant, j'espère bien pouvoir jouer encore le plus longtemps possible au rugby !

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