Bosch, sans économie d'énergie

  • Facundo Bosch (Agen)
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TOP 14 - Diplômé d'un master d’économie, le nouveau talonneur argentin d'Agen a fait le choix de renoncer temporairement aux Pumas pour franchir un cap en Europe.

On voulait qu'il nous parle de la "grinta", ce mot systématiquement brandi sitôt qu'il est question des Pumas et de rugby argentin. Facundo Bosch, nouveau talonneur d'Agen, a écarquillé les yeux, fait répéter la question. La grinta ? "Je ne connais pas. C'est quoi ?" On a répété, on a épelé, on a écrit ce mot en six lettres. Facundo ne voyait toujours pas. La Grinta quand même. Alors on a tapé sur google. "Regardez, c'est de l'italien." Un terme qui signifie mordant, culot, poigne. La grinta comme identité du rugby argentin, ce n'était qu'un mythe. Facundo Bosch, lui, est argentin d'origine espagnole. Ses arrières grands-parents venaient de Catalogne, mêmes racines que Marcelo Bosch, centre des Pumas. "C'est un cousin", présente Facundo. Ils se sont installés non loin de Necochea dans la province Buenos Aires, ont établi leur ferme et c'est devenu le berceau de la famille.

Double cursus et changement de poste

Facundo, quatrième d'une fratrie de sept a fait ses bagages pour Buenos Aires et une colocation avec ses frères dans le quartier de Recoleta. Un départ pour les études : Facundo est rentré en université d'économie, il en est sorti cinq ans plus tard avec un Master et une sensibilité pour l'économie agricole. Double cursus : à côté de son travail universitaire, il a poursuivi dans la voie du rugby, celle qu'il suit depuis tout petit avec un part de mimétisme. "Mon père était talonneur", raconte t-il. A Buenos Aires, les clubs ne manquaient pas : parce que son frère aîné avait choisi avant lui, il a rejoint le CUBA, celui qui a révélé Nani Corleto et par lequel est passé Benjamin Urdapilleta. A 20 ans, de troisième ligne, Facundo est passé talonneur. "J'étais trop petit (1,80m). J'ai bien donné l'exemple de David Pocock (1,83m) mais ça n'a pas convaincu, sourit-il. J'ai dû apprendre un nouveau poste, l'exercice de la mêlée en première ligne. Je peux remercier quelqu'un du club qui m'a pris sous son aile : Santiago Tzin, un talonneur aussi. Et puis je me suis beaucoup entraîné pour la touche. "

Remplaçant d'Agustin Creevy chez les Pumas

Ensuite, il a franchi toutes les étapes : Mondial U20, intégration avec les Pampas XV, les Pumas (2 sélections) et découverte du Super Rugby avec les Jaguares. "C'est un championnat qui a beaucoup compté dans ma progression. Le jeu va très vite et cela oblige à être tout le temps actif. Si tu laisses un espace, tu es mort. Il faut toujours essayer d'anticiper donc naturellement ta vision du jeu s'améliore. La transition a été difficile mais j'ai le sentiment de m'être adapté, techniquement et dans l'analyse." Pourtant, le Super Rugby, il a choisi de le quitter cet été. "Mauricio Reggiardo me connaissait. Il avait vu mes derniers matches, m'avait observé. Il m'a appelé pour me dire qu'il me voulait avec lui à Agen, que Mike Tadjer quittait. J'ai parlé avec les responsables de l'équipe d'Argentine et j'ai pris la décision d'accepter. " Argument massue : gagner du temps de jeu, s'affirmer en joueur majeur. En Argentine, Bosch avait effectivement un problème : jouer au même poste que la capitaine de la sélection Agustin Creevy. Partir, c'est un pari qui doit lui profiter sur le moyen et long terme. Mais l'investissement de départ l'interpellait : non pas arriver seul dans un nouveau pays mais "renoncer pendant ce temps aux Pumas, un choix très dur. C'est le rêve de ma vie." C'est ce qui fait que, même si ce départ en Top 14 a été consciencieusement préparé avec des cours de français avant le départ, il est envisagé comme une étape. Il n'a d'ailleurs signé qu'un an avec option pour une saison supplémentaire.

Quand tu es un amateur : joue comme un pro. Quand tu es un pro : joue comme un amateur

Facundo Bosch ne sait pas ce qu'est la grinta, en revanche, une expression lui parle : "orgullo argentino", la fierté argentine, ce que clamait voilà quelques jours le tennisman Juan Martin del Potro à l'US Open. "Un grand mec, un joueur très talentueux. S'il ne se blesse pas, il est dans le Top 10 mondial. 'Orgullo Argentino', c'est tout pour nous. On aime le sport en Argentine. On vit pour représenter le pays. Partir c'est un sacrifice mais c'est le mieux." Pour Agen, c'est une chance parce que Facundo Bosch a ancré en lui, cette forme de fierté qui transcende. "Il y a une phrase que je me dis tous les jours : 'Quand tu es un amateur : joue comme un professionnel, quand tu es un professionnel : joue comme un amateur.' C'est à dire avec le coeur, l'envie de gagner, la recherche de compétition. Les facultés d'analyse du jeu, la technique ne font pas tout. Pour gagner, il faut aussi jouer avec le coeur." Facundo Bosch sourit : "On a besoin de cette grinta."

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