Racing 92 : Le géant s’est réveillé

Construire des statues en un éclair et les détruire aussitôt… Une spécialité des médias diront beaucoup d’entraîneurs de Top 14. Le patron des avants du Racing 92 Laurent Travers ne manquera d’ailleurs pas d’expliquer jeudi au traditionnel point presse que, si les voyants sont au vert, interdiction de se croire arriver car l’important est d’être dans les six à la fin. Et qu’il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va.

Certes, mais il y aurait quand même matière à s’enflammer, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Le Racing 92, qui a la défense la plus hermétique du championnat (184 points encaissés quand toutes les autres ont passé la barre des 200 points), vient coup sur coup d’en mettre 40 à Mayol (29-40) et pris, la semaine suivante, un bonus offensif aux dépens du MHR, la meilleure attaque qu’il a laissée à un humiliant 0 point (26-0) ? Depuis un mois et demi, les Racingmen ont remporté leurs quatre derniers matchs de Top 14 (UBB, Pau, Toulon et Montpellier), une de Champions Cup (22-18 contre Leicester) et gratté un bonus défensif à Thomond Park (14-7), l’historique cimetière des clubs français. Soit un retour aux affaires de première classe.

La victoire contre l’UBB à quatorze a relancé la machine

Ce redressement fulgurant s’est amorcé contre l’Union Bordeaux-Bègles (29-13). Ce jour-là, les Altoséquanais, qui restaient sur trois défaites de suite, ont fait corps pour renverser les Girondins malgré un carton rouge à la demi-heure de jeu. La journée suivante, c’est encore le mental qui a parlé pour coiffer la Section paloise (20-23) sur le finish grâce à la première passe décisive de Pat Lambie sous ses nouvelles couleurs pour Marc Andreu.

Suffisant pour entamer un mois de novembre international que le duo Travers-Labit, rompu à cet exercice de jonglage depuis plusieurs saisons, a su gérer au mieux. Imaginez un peu le chantier, sans les internationaux français, sans Nakarawa, retenu avec les Fidji et avec d’autres têtes d’affiche ayant fréquenté plus ou moins assidûment l’infirmerie du Plessis-Robinson (Carter, Laulala, Ben Arous, Le Roux, Ryan, Imhoff).

Chacun prouve qu’il peut avoir sa place

Les Espoirs ont même dû faire le nombre à l’entraînement à quelques reprises. Le train Racing n’a pourtant jamais aussi bien avancé cette saison, tracté par des anciens en jambes (Szarzewski, Dulin, Rokocoko ou Andreu) et deux recrues à forte valeur ajoutée : Teddy Iribaren et Pat Lambie.

Un amalgame contextuel qui ravit Laurent Travers : "J’ai été agréablement surpris par le collectif. On sent que tout le monde est impliqué et peut prétendre à jouer. On a beaucoup parlé du poids des absences ailleurs, mais pas au Racing. Chacun prouve qu’il peut avoir sa place et se donne à fond pour pouvoir enfiler le maillot ciel et blanc et c’est cet engouement qu’on recherche car il crée une émulation positive". Un collectif qui a aussi été chercher beaucoup de points dans les vingt dernières minutes de ses matchs. Signe d’une condition physique voulue optimale à l’approche d’une période où se gagne les tickets pour les quarts de finale de la Champions Cup. La cible prioritaire d’un club qui retrouve ce qui a fait ses forces en 2015-2016, la saison du titre.