"La suspicion est là, c'est sûr" : certains présidents du Top 14 s'inquiètent de l'affaire Laporte

Par Rugbyrama
  • Vincent Merling (La Rochelle)
    Vincent Merling (La Rochelle)
  • Mourad Boudjellal (Toulon) - 3 juillet 2017
    Mourad Boudjellal (Toulon) - 3 juillet 2017
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AFFAIRE LAPORTE - Les voix s'élèvent. Des présidents du Top 14 ont fait part de leurs inquiétudes jeudi après la révélation des liens d'affaires entre le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, et le patron de Montpellier Mohed Altrad, qui jettent un voile de suspicion sur l'équité du championnat.

Si certains, comme le nouvel homme fort de Toulouse, Didier Lacroix, où le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti, n'ont pas souhaité s'exprimer sur l'affaire qui secoue le rugby français, d'autres ont accepté de donner leur point de vue.

Il en ressort une ligne directrice : le Top 14, et son équité, sont les grands perdants, puisque le président de la FFR, laquelle nomme notamment les arbitres, a signé un contrat d'image pour un montant de 150 000 euros avec le président d'un club participant au championnat. Bernard Laporte a depuis renoncé à ce contrat. Mais le nom de ce même Mohed Altrad s'affiche par ailleurs depuis mars sur le maillot du XV de France.

Altrad comme cible

"La suspicion est là, c'est sûr" a ainsi estimé le président de Clermont, Éric de Cromières, "triste pour (son) sport". Il est rejoint par son homologue de La Rochelle, Vincent Merling : "M. Altrad, propriétaire d'un club de Top 14, peut-il être le premier partenaire de la Fédération française de rugby qui gère l'arbitrage, la commission d'appel, sans que naisse chez moi un sentiment de suspicion ? Voilà ce qui me gêne".

#Presse " Notre crainte ? Nous voulons être sûrs de pouvoir jouer dans un Championnat où il n'y a pas de suspicion de favoritisme." #EDC pic.twitter.com/jh7Aa1Ox6H

— ASM Rugby (@ASMOfficiel) September 1, 2017

"Et le président de la FFR peut-il accepter un contrat avec ce même partenaire sans que je puisse remettre en question l'éthique et la transparence de notre sport ? J'estime que ce n'est pas acceptable" a-t-il poursuivi. Vincent Merling s'est cependant montré satisfait que le ministère des Sports ait décidé, mercredi soir, de confier à l'Inspection jeunesse et sports le soin de mener une enquête sur les pressions qu'auraient exercées Bernard Laporte sur la commission d'appel fédérale pour réduire des sanctions frappant Montpellier.

Éric de Cromières en attend les conclusions avant de se prononcer sur le fait de savoir si Bernard Laporte doit démissionner. En revanche, il estime que Mohed Altrad, qui avait été jusqu'à démentir l'existence du contrat d'image avant que le JDD ne publie le texte, "s'est mis dans une position où aucun de ses pairs ne va plus avoir confiance en lui". Et que le groupe de matériel pour BTP Altrad ne peut rester, au-delà de novembre et de l'actuel contrat, le partenaire maillot des Bleus : "On attend au minimum que soit interdit tout lien financier, de quelque nature que ce soit, entre la Fédération et une quelconque société de Mohed Altrad", a ajouté le président de Clermont.

"Des comptes à régler" selon Boudjellal

Ce risque de conflit d'intérêt, le président de l'ASM dit s'en être ému auprès de son homologue montpelliérain, en compagnie d'autres présidents, peu après la signature du partenariat maillot en mars. "Nous avons formalisé le fait que nous trouvions ça très dangereux. Il a répondu qu'il ne voyait pas le problème, qu'il était uniquement là pour aider le rugby français" a raconté Éric de Cromières.

Selon le président de Toulon Mourad Boudjellal, Mohed Altrad est justement dans la ligne de mire de présidents "qui ont des comptes à régler" via cette affaire avec lui, qui "dérégule le marché" en offrant aux joueurs des salaires mirobolants, et "non pas avec Bernard Laporte". En tant qu'ancien patron du président de la FFR lorsque Laporte entraînait son club de Toulon, Mourad Boudjellal a tenu à préciser : "C'est mon analyse, pas la vérité, je n'ai peut-être pas tous les éléments. Mon opinion n'est pas la plus objective, mais j'essaie de faire l'analyse la plus objective possible".

Mourad Boudjellal (Toulon) - 3 juillet 2017
Mourad Boudjellal (Toulon) - 3 juillet 2017

Selon lui, Bernard Laporte, en signant le contrat d'image avec Mohed Altrad, s'est dit qu'il allait pouvoir "gagner pas mal d'argent très vite sans beaucoup travailler quelque part, et (ainsi) dégager plus de temps pour la Fédé". Et que le richissime Mohed Altrad ne peut avoir "fait pression sur la Fédération" pour que l'amende de son club soit réduite de 70 000 à 20 000 euros, "un pourboire" pour ses finances.

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