Julien Hériteau, centre d'attraction du SUA

Produit du Gers. Né à Auch, Julien Hériteau a débuté le rugby dans le Gers : première licence à 13 ans au club de Lectoure. Avant, il était un licencié de la fédération française de football et évoluait en tant que milieu de terrain à Saint-Clar, puis à l'entente Nord Lomagne.

Détection. Les scouts du SUA ne tardent pas à repérer ce jeune centre de Lectoure qui est aussi sélectionné avec le comité Armagnac-Bigorre. Hériteau convoité aussi par le FCAG est contacté pour passer des tests au sein de l'Académie. Ils sont concluants et il rejoint le SUA à 15 ans intégrant alors l'équipe des cadets Alamercery et les sélections du Périgord-Agenais comme d'Aquitaine pour des inter-secteurs.

Marcoussis. Il n'était pas favori pour intégrer le pole France : en moins de 18 ans, Julien Hériteau devait se contenter de France B. "Il y avait du monde devant moi", se souvient-il. Des blessures de ses concurrents au poste ont changé la donne : en septembre 2012, le voilà retenu dans la promotion Benoît Dauga. "Une année géniale. On est à Paris, loin de tout, avec des infrastructures parfaites, on a l'occasion de s'entraîner contre le XV de France, on se fait des potes. J'ai aimé".

Surclassé. A la fin de cette année au pole France de Marcoussis, Hériteau est surclassé avec l'équipe de France des moins de 20 ans pour prendre part à la Coupe du Monde U20 organisée à domicile. Appelé comme joker après des forfaits au centre, il dispute deux matches contre l'Irlande et l'Argentine. En revanche, il ne disputera pas la Coupe du Monde U20 avec sa génération organisée en 2014 en Nouvelle-Zélande. "J'ai souffert d'une blessure à une épaule mal soignée, il y avait des mecs devant moi. Je n'ai pas réussi à revenir. Ce fut une petite claque."

Seven. Hériteau a goûté au rugby à VII. Alors qu'il est à Marcoussis, il est intégré dans "France VII développement" et dispute quelques tournois. "Une expérience sympa. Il y a beaucoup d'espace, ça amène vers un jeu différent. Ca reste une bonne expérience."

Débuts. Le centre apparaît pour la première fois au niveau professionnel en Pro D2 le 15 novembre 2014 contre Albi (défaite 22-9). La première titularisation intervient en mars 2015 contre le Narbonne de Jerry Collins (défaite 23-15). Cinq mois plus tard, il découvre le Top 14 : titulaire le 22 août 2015 pour une défaite à Grenoble (38-23).

Développement bis. En juillet 2016, le nom de Julien Hériteau est inscrit sur une autre liste, dite développement, pour le XV de France cette fois. L'information n'est pas désagréable : même si elle n'aura rien changé à sa vie, elle peut lui servir de moteur.

Blessures. Hériteau les a accumulées depuis quelques années et elles auront forcément ralenti sa progression. La saison dernière aurait pu être pour lui celle de la confirmation. Las, une fracture du péroné de la jambe gauche contre Dax le 24 novembre 2016 a interrompu son ascension. "Je rate tout. Je reviens en fin de saison mais c'est trop tard. Je suis 25e lors de la finale d'accession contre Montauban. Je fais l'échauffement, j'ai un peu participé au truc quand même. Derrière, les copains ont fait le travail. J'ai essayé de retenir le plaisir. Ca reste un bon moment".

Poste. Hériteau n'a jusqu'ici connu qu'un seul poste : centre. Mais il a alterné entre les deux profils du poste : premier et second centre. "J'ai commencé numéro 12. Après, premier ou second centre, j'ai du mal à dire quelle est ma préférence. J'aurais tendance à dire premier centre : on touche plus de ballons. Mais second centre, on a plus d'espace. Et comme je ne suis pas Mathieu Bastareaud..."

Contrat. Titulaire au sein du centre de l'attaque agenaise, Hériteau n'est pas encore pro : il le deviendra en juin 2018 au terme de sa dernière année sous statut espoir. Ce premier contrat professionnel déjà paraphé le lie avec le SUA jusqu'en 2019.

Sella. Philippe Sella, un grand nom du rugby et le numéro 13 mythique du SUA. Forcément un exemple à suivre quand on est son successeur en 2017. "Je n'y pense pas forcément à chaque fois que je mets le maillot. Mais dans le fond, je sais ce que cela représente. Et puis Philippe est toujours là, il a toujours un petit mot. C'est une légende."

Etudes. Parce qu'il n'est pas encore professionnel, Julien Hériteau a une contrainte : suivre un double cursus. Depuis Marcoussis, il suivait un BTS agronomie. "Ce n'était pas commun mais je n'avais pas d'idée arrêtée sur ce que je souhaitais faire, ça m'intéressait et c'était possible de le faire par correspondance", raconte t-il. Le BTS n'est toutefois pas encore validé et Hériteau s'est réorienté : il suit une formation en alternance en travaillant dans l'entreprise de ses parents maraichers où il est chargé du développement de la partie commerciale comme de la production.

Apprentissage. Titulaire en ce début de Top 14, Julien Hériteau a aussi connu le doute à ce niveau. Le 27 décembre 2015, il vit un cauchemar face à Montpellier et se voit remplacé à la 46e par Nakosi. "C'est difficile quand le coach te sort à la mi-temps. J'ai eu mal à la tête. Je n'avais pas été à la hauteur. Mais cette désillusion, ça m'a servi. Quand on est jeune, on fait des erreurs. Ce qui compte, c'est d'avoir d'autres occasions de se montrer. C'est du passé. Je n'y pense plus. Quand on est allé à Montpellier pour l'ouverture de la saison, je l'ai occulté. J'ai appris à ne plus me mettre de négatif en tête. Avant, je pouvais être sensible à la pression, stressé. Je prépare mes matches plus tranquillement." Ce 28 août dernier, Agen s'est incliné mais il a brillé en inscrivant même le deuxième essai de sa carrière en Top 14, quatorze mois après sa première réalisation contre Oyonnax.