Guirado : "Je me sens aussi responsable"

  • Guilhem Guirado lors de France - Japon.
    Guilhem Guirado lors de France - Japon.
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Après une grosse séance de physique dans la matinée et un léger travail collectif sur la pelouse du centre d’entraînement toulonnais, Guilhem Guirado a accepté de se confier. La tournée de novembre, l'avenir de la sélection, son retour à Toulon, la concurrence d'Anthony Etrillard... le capitaine du XV de France se livre.

Rugbyrama : Vous avez signé votre retour en club avec un succès face à Lyon. Heureux ?

Guilhem Guirado : "J'aime ce que je fais, ce que je représente. C'est agréable de revenir et de retrouver les copains qui ont eu un mois de novembre difficile. Un petit peu comme moi avec l'équipe de France. Ça fait également plaisir de renouer avec la victoire. Le club, c'est ce qui nous fait vivre au quotidien et c'est important de bien s'y sentir."

Le groupe a répondu présent face au LOU, mais on a senti encore plus de détermination chez les internationaux. Il y avait besoin d'extérioriser certaines choses ?

G. G. : "Tous les joueurs avaient envie de faire un gros match à Mayol, pas seulement les internationaux"

Après la rencontre, Fabrice Landreau a estimé que la saison débutait peut-être enfin pour le RCT. Etes-vous d'accord ?

G. G. : "Non, on ne peut pas dire que la saison a commencé là. Ce serait faire offense à ce qui a été fait avant mais c'était un match charnière : le mois de décembre va éclairer le reste de la saison. On compare souvent ça à un marathon. Il y a des périodes creuses au plan des résultats, comme on a pu vivre au mois de novembre..."

Anthony Etrillard me permet d'être meilleur"

Comment avez-vous vécu cela à distance ?

G. G. : "On a suivi les résultats avec les gars qui étaient à Marcoussis. On a supporté l'équipe, souffert avec elle. C'est un peu comme quand on est blessé, on subit de la même façon."

Anthony Etrillard s'est affirmé. Comment jugez-vous sa progression ?

G. G. : "Il est là depuis quelques années déjà. Il a du répondant et m'oblige à me remettre en questions pour être toujours meilleur ; il fait de sacrés matchs. En tant que bons Basques et Catalans on sait faire parler nos racines ! On partage et discute beaucoup tous les deux. On est complices. Sportivement, personne n'est indispensable et, avec Anthony, je sens que ça pousse fort derrière...c'est d'ailleurs pour ça que je veux toujours jouer. Il y a cette crainte de ne plus se sentir utile au groupe !"

Quand allez-vous prendre votre semaine de vacances ?

G. G. : "Je ne sais pas encore. Pour l'instant, je suis bien physiquement. On verra la période la plus opportune."

Vous dites quand même obligé...

G. G. : "Ce n'est pas une corvée mais, je le répète, je suis un compétiteur et je veux jouer. Après, je sais que mon corps a aussi besoin de se reposer..."

Les attaques de Boudjellal contre ses avants : "Pas besoin de crier ça dans les médias"

Toulon se cherche encore. Pensiez-vous que ce serait aussi long pour le groupe d'appréhender le changement de staff et le nouveau projet ?

G. G. : "Ça prend toujours du temps. Et c'est d'autant plus difficile que chaque année le niveau s'élève. Ceci dit, sans une ou deux contre-performances, on pourrait être beaucoup mieux au classement. A contrario, on a également réussi à faire un gros coup au Stade Français, ce qui n'était pas évident... On a fait de bons bouts de matchs, des joueurs se sont affirmés et sont maintenant intégrés au groupe. C'est important."

Le groupe et les avants ont été piqués par Mourad Boudjellal, il y a quelques semaines. Comment réagissez-vous à cela ?

G. G. : "Ce sont mes amis. Certains ont été ciblés et ça me touche. Il n'y a pas besoin de crier ça dans les médias ; il faut se dire les choses entre quatre yeux, ça peut faire encore plus mal. Il faut aussi prendre en compte la réaction du joueur. Globalement, ça nous a touché, dérangé aussi. Le plus important, c'est de faire face avec le groupe."

On a d'ailleurs pu percevoir une grande joie collective après l'essai de Chiocci contre Lyon.

G. G. : "C'était surtout par rapport au fait qu'il se soit enfin rasé la barbe ! (rires) Non, Xavier c'est un mec super important dans le groupe, il a de la joie de vivre au quotidien. J'étais ravi pour lui, vraiment content car il a connu une période délicate. L'ensemble des joueurs sort vainqueur de ce genre de moment. On se devait de gagner. Le point de bonus nous remet dans le bon chemin."

L'équipe de France : "Un sentiment d'impuissance malgré la sensation d'avoir tout donné"

Se remettre dans le bon chemin, c'est également ce que devra faire l'équipe de France...

G. G. : "J'ai été très affecté. Touché. Frustré. Il y a un sentiment d'impuissance malgré la sensation d'avoir tout donné. On veut tous que l'équipe de France gagne, et moi le premier. On sort vraiment déçus. La meilleure façon de rebondir, c'est de pouvoir enchaîner et de se remettre en question. C'est toujours difficil car on n'a jamais trop le temps pour cela, ni assez de recul."

L'avenir de Guy Novès à la tête de l'équipe est incertain. Qu'en pensez-vous ?

G. G. : "Je n'écoute pas trop ce qui se dit. Je ne préfère pas me projeter. La seule chose qui m'importe, c'est d'être exemplaire sur le terrain et d'être bon. Je ne suis pas décisionnaire... Si je vous dis que j'ai d'excellents rapports avec Guy, qu'il m'a nommé capitaine et qu'on partage cette tâche depuis deux ans, ça ne vous surprendra pas."

Quand il est remis en cause, vous sentez-vous visé également en tant que capitaine ?

G. G. : "Bien entendu, je me sens aussi responsable. Le staff n'est pas le seul en cause. Nous, les joueurs, ne sommes pas irréprochables. C'est une période compliquée. Parfois, avec une grosse prise de conscience et un peu changement de mentalité, on arrive à faire basculer les matchs. On le voit en club, j'espère qu'on y arrivera en sélection sur le tournoi".

Les jeunes en équipe de France : "Pas d'arrogance ou de manque de respect"

Un problème de génération a été évoqué. L'avez-vous ressenti ?

G. G. : "Il n'y a pas d'arrogance ou de manque de respect comme cela a pu être dit. Tout se passe bien dans le groupe. On travaille beaucoup et c'est pour ça que je suis autant déçu. On se donne beaucoup, sauf que sur les matchs ça ne se voit pas.

J'entends beaucoup de conneries, ça m'affecte car je suis responsable de ce groupe. Les jeunes ont envie d'apprendre et savent ce que représentent l'équipe de France. Guy le souligne régulièrement et il n'y a pas de quiproquo. Après, il est toujours plus difficile de briller en équipe de France qu'en club. Les niveaux n'ont rien à voir."

On entend que le niveau peut être plus relevé face aux All Blacks, mais on se dit que le Japon est à la portée de l'équipe de France.

G. G. : "Sur le papier, oui. On connaissait les qualités de ces Japonais qui avaient marqué plus de 30 points à l'Australie. Matt (Giteau qui joue dans le championnat Japonais) m'a également informé de ce qu'il voyait sur place. Il m'a dit qu'ils jouaient beaucoup sur la vitesse et que tout a été fait pour qu'ils soient plus rapides et vifs que nous... Ils ont bien joué en équipe, avec un jeu très fluide."

Beaucoup ce sont permis de nous juger (...) mais ça ne doit pas dépasser les limites"

Si le Japon parvient à hausser son niveau de jeu et pas la France, d'où vient le problème ?

G. G. : "Il y a certains paramètres, de l'ordre du politique, que l'on ne peut pas gérer. Notre seul problème et d'être meilleurs ; on peut faire beaucoup mieux sur le terrain. On a été amorphes, on a manqué de complicité, de jeu en équipe... Tout ça on peut l'améliorer sans avoir à se chercher d'excuses. J'y crois."

Vous n'êtes donc pas inquiet pour l'avenir du XV de France ?

G. G. : "Attristé oui, pas inquiet. Il y a toujours des solutions... Le Tournoi paraît encore loin, même si on a hâte d'y être pour corriger cette image qu'on peut avoir de nous. Puis, beaucoup se sont permis de nous juger. Tout le monde a le droit de s'exprimer, il n'y a pas de problème mais ça ne doit pas dépasser les limites. On donne une image à la société... Moi je me sers de ce qui est constructif et on n'a pas reçu beaucoup de message en ce sens."

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