Toulon, mais où est ton jeu ?

Où est notre jeu ? Dans sa colère froide d'après match, suite au revers cinglant face à Brive, Mourad Boudjellal dressait un constat sans appel. Son RCT fait pâle figure en ce début de saison. Un avis partagé par Diego Dominguez le nouveau manager rouge et noir : On a été nuls. Quand tu tombes 60 ballons... J'ai cru que c'était une blague.

Face au CAB, Toulon a failli dans tous les domaines. Au total, les Toulonnais ont commis 15 en-avant, concédé 15 pénalités et perdu 4 ballons en touche, avec également en point d'orgue 2 cartons jaunes. Des stats indignes. Et le problème, c'est que cela se reproduit depuis trois journées. Dans un passé récent, il est arrivé de voir l'équipe passer au travers sur un ou deux matches (le match face aux Wasps, la réception de Toulouse la saison passée ou encore le finale du Top 14), mais rarement dans ces proportions.

Signe que la machine est enrayée, Toulon s'est fait dominer devant et n'a jamais pris le dessus sur ses adversaires physiquement, comme il pouvait le faire les années précédentes, se rendant ainsi le travail plus simple passée l'heure de jeu. Autre point noir, mais finalement lié au précédent : en 3 matches le RCT n'a marqué que 3 essais, tous par des avants, alors que le club varois avait pour habitude de truster le classement des meilleures attaques.

Reprise en main

Pour expliquer ces difficultés, on balaiera assez rapidement la préparation raccourcie (4 semaines avant le début de championnat), cela ne tient pas longtemps quand on compare avec le Racing qui, dans les mêmes circonstances, ne connaît pas les mêmes difficultés. Là où Toulon peut avoir des circonstances atténuantes, c'est dans son contexte. Le chapitre Laporte refermé, le RCT ouvre une nouvelle histoire. Diego Dominguez a été choisi en chef d'orchestre, mais le président Boudjellal a également fait le choix de renforcer le staff. Avec Delmas, Dal Maso, Meehan et Doorey, les techniciens ne manquent pas.

Mais pour que la partition soit jouée à l'unisson, cela peut prendre du temps. Tout comme l'intégration des nouveaux joueurs. Problème, la patience n'est pas une valeur très répandue sur la Rade. Cependant, cette semaine semble avoir marquée un tournant. Durant l’entraînement ouvert à la presse et au public, les observateurs ont pu assister à une séance musclée. Les coaches ont donné de la voix, demandant de l'engagement et de l'agressivité aux joueurs. Un message reçu, comme lors du travail sur les mauls, joués comme pendant un match. La "rush défense" travaillée par tout le groupe donne aussi des indications quant à un changement tactique en prévision du déplacement à Toulouse.

A la recherche de leaders

Au-delà des considérations tactiques, le RCT doit également se trouver des leaders. Sur et en dehors du terrain. Si Lobbe et Guirado assument ce rôle, il sont désormais orphelins de Juanne Smith (absent 4 mois). Un Giteau fait également défaut tout comme le capitaine Duane Vermeulen, même si Ollivon est l'une des rares satisfactions en ce début de saison.

Mais lors de son dernier titre, la Champions Cup de 2015, le RCT comptait dans son effectif des Carl Hayman, Bakkies Botha, Ali Williams ou encore Chris Masoe. A l'exception du dernier nommé, les autres n'ont jamais été vraiment remplacés. Si on ne demande pas à leurs successeurs d'afficher les mêmes qualités techniques et tactiques, dans l'état d'esprit et l'engagement Toulon a besoin de nouveaux leaders pour entraîner un groupe qui a été rajeuni.

Les chantiers sont donc nombreux. Et avec le coup de pression mis par le président la semaine dernière, il ne reste plus beaucoup de temps pour trouver des solutions. Lors de son déplacement à Toulouse, le RCT joue gros. Si une défaite ne serait pas honteuse, ce sont surtout les comportements et l’implication des joueurs (et du staff) qui vont être scrutés. Si les réponses sont négatives, la Rade pourrait très vite tremblée...