Mauritanie, danse, "Fofono", nouveau look... voici Yvan Reilhac

Apparu pour la première fois avec le groupe professionnel la saison passée, Yvan Reilhac gagne petit à petit du temps de jeu chez les grands. Une ascension, et un début d'installation, qui devraient lui permettre de connaitre une nouvelle titularisation contre Grenoble ce week-end. Les clubs sont suffisamment critiqués, le MHR n'étant pas le dernier, pour ne pas faire assez de place aux jeunes dans leurs effectifs, et plus particulièrement sur les feuilles de matches. Yvan Reilhac est ainsi l'un des nouveaux porte-drapeau de la formation héraultaise. Un parcours qui n'a pas été sans détour.

Rendez-vous en terrain inconnu

Comme pour beaucoup, le rugby pour le trois-quarts centre fut au départ une affaire famille, puisque c'est dans le sillage de son père qu'Yvan Reilhac a fait ses premiers pas sur les terrains, à 6 ans, arborant à l'époque la tunique du Rugby Club Paris 15. Des débuts qui auraient pu le mener à porter les couleurs des centres de formation de la région parisienne. Sauf que le destin en a voulu autrement, comme il le raconte : Mon père étant diplomate, il a obtenu un poste en Mauritanie, où nous sommes partis et avons habité pendant quatre ans. J'avais alors dix ans, il n'y avait pas vraiment de rugby là-bas, sauf un club qui était un peu tombé à l'abandon. Avec d'autre expatriés, mon père a commencé à organiser des entrainements. Au début, nous étions quatre, au final trente ou quarante, et nous allions jouer des matchs au Sénégal où il y a un championnat qui marche bien.

Rentré en France à quinze ans, c'est ensuite dans l'Hérault que la famille a posé ses valises. Plus précisément à Sète. En rentrant, je ne savais pas trop si je devais aller jouer à Frontignan, ou directement à Montpellier. J'ai fait des tests avec le MHR et ils m'ont pris. Et j'ai eu la chance d'être champion de France Gaudermen au Stade Vélodrome de Marseille, des souvenirs énormes avec quelques uns de mes meilleurs amis, Martin Devergie, Julien Delannoy, Julien Caramel..., se souvient-il.

Passion dancefloor

Il n'est pas forcément facile de faire plus de 90 kilos et de conserver grâce, souplesse et élégance sur les pistes de danse. Pourtant, si Julian et Ardie Savea y arrivent (les vidéos de danse des deux frères ne manquent pas sur la toile), alors pourquoi pas Yvan Reilhac ? Je danse bien ! lance-t-il d'ailleurs ans détour. On demande tout même un deuxième avis... Joe Tomane danse très bien aussi, donc on se fait des petites sessions ensemble, poursuit l'espoir montpelliérain.

L'Australien devra donc trancher : Il est effectivement très bon ! D'ailleurs, j'ai décidé de ne plus perdre mon temps à le défier sur la piste, il gagne tout le temps. Et si le langage du corps est universel, on imagine néanmoins que les inspirations et les influences ont pu différer dans leurs origines. Reilhac explique : Quand tu habites en Afrique, la danse, la joie, c'est tout le temps ! C'est donc là-bas que j'ai appris. Et quand on sort en boîte, n'empêche, ça aide !

Appelez-le "Fofono"

Quand on est un jeune qui débarque dans un groupe où les "vieux briscards" sont légion, ces derniers ne manquent en général pas de redoubler d'attention pour leurs jeunes camarades. Un élan d'affection qui s'est traduit, en l'occurrence, par un surnom signé Malzieu ou Battut. Ils m'appellent "Fofono", le Fofana des pauvres ! A la limite, je suis content car Wesley Fofana est un des joueurs dont je m'inspire le plus. C'est comme ça que je voudrais jouer. Et à ce qui parait, plus jeune il était un peu gras aussi, on est tous les deux métis (la mère d'Yvan Reilhac est ivoirienne, NDLR), donc voilà, explique-t-il. On ne peut lui souhaiter que la même carrière.

Un nouveau look surprise

Son surnom n'est en effet pas le seul symptôme de la différence générationnelle qui peut exister dans le vestiaire, puisque Reilhac a eu le droit cette semaine à un autre bizutage : un rasage de crâne, là encore signé Antoine Battut, dont le centre endosse au moins partiellement la responsabilité. J'ai peut-être fait preuve d'un excès de confiance, en les critiquant un peu sur leurs performances en touche, et ils me l'ont fait payer, admet-il.

Il se serait en fait impatienté lors d'une séance où les ballons tardaient à arriver, ce qui n'aurait pas échappé à Battut. Une tondeuse trainait par là, le drame était inévitable...

Avant tout, un joueur complet

Recentrons un tantinet le débat, c'est surtout le joueur Reilhac qui fait parler de lui ces derniers temps. Lui qui sera vraisemblablement aligné aux côtés de François Steyn contre Grenoble, a signé lors de ses apparitions de solides performances, aussi bien en Champions Cup qu'en Top14. Et s'il reste un joueur en développement, il n'en offre pas moins de réelles certitudes, capable d'avancer balle en main et de gagner ses duels, tout en restant propre sur le plan défensif.

Un profil qui a déjà séduit son partenaire Joe Tomane : A son jeune âge, c'est déjà un joueur très complet, très solide, bon en attaque, bon en défense. Il a en particulier une excellente lecture défensive. En plus, hors du terrain c'est un mec authentique, et il ne manque pas d'audace, ce que j'apprécie également. Des qualités qui pourraient, on l'espère, porter Yvan Reilhac très loin. Et qu'on ne manquera pas d'admirer à nouveau contre Grenoble, dès samedi (18h30) à l'Altrad Stadium.