Flashback : La demi-finale 2014, le jour où Galthié ne connaissait pas le réglement

Il reste six minutes à jouer. Samedi 17 mai 2014 au stade Pierre Mauroy de Lille où se disputent les demi-finales du Top 14, Montpellier peut encore rêver du Stade de France. Les Héraultais, menés 19-22 en prolongations par Castres, le champion de France en titre, sont malmenés mais encore en vie. Rory Kockott, demi de mêlée du CO vient de rater deux pénalités coup sur coup. Et à la 94e, une faute tarnaise sur la ligne des 22 mètres après un maul héraultais offre une balle d'égalisation. La France du rugby imagine déjà François Trinh-Duc tenter la pénalité.

Mais l'évidence ne saute pas aux yeux des Montpelliérains. Le demi de mêlée Benoît Paillaugue se retourne, interpelle Fabien Galthié et Stéphane Glas. La consigne fuse du banc : aller chercher une penaltouche. Trinh Duc s'exécute mais sur le lancer, Janie Bornman s'interpose. Première balle de match sauvée. Mais rien n'est encore gagné parce que les Castrais sont renvoyés dans leur en-but... L'arbitre Pascal Gaüzere ordonne en suivant une mêlée, introduction Paillaugue. C'est l'action de la dernière chance mais les Héraultais se révèlent incapables de la saisir. Le ballon sort du côté des Tarnais, qui relancent. Au bout : ils valident leur qualification en finale.

Un scénario d'autant plus fou qu'il est né d'un malentendu : une méconnaissance du règlement en vigueur pour les phases finales du Top 14. À Lille, ce samedi de mai, Fabien Galthié, meilleur joueur du monde 2003 et entraîneur à la réputation d'immense technicien a été pris en défaut. Galthié ignorait en effet l'article stipulant quelle équipe serait donnée gagnante en cas d'égalité.

C'était le 332, paragraphe 5.2. L’équipe déclarée gagnante sera celle qui aura dans l’ordre : marqué le plus grand nombre d’essais au cours du match, réussi le plus grand nombre de buts de pénalité au cours du match, réussi le plus grand nombre de drops au cours du match, eu le moins de personnes inscrites sur la feuille de match exclues définitivement au cours du match, réussi le plus grand nombre de tirs au but effectués dans les conditions définies dans la Règle du Jeu n° 9.

"On ne connaissait pas le règlement..."

Castres et Montpellier affichaient chacun un essai transformé et un drop. À la 94e, le CO avait inscrit en prime quatre pénalités contre trois pour le MHR. En cas de nouvelle pénalité réussie par Trinh-Duc, l'égalité aurait donc été parfaite et une séance de tirs au but se serait profilée…

Mais dans le camp montpelliérain, on est alors saisi d'un doute. Et si le comptage se faisait uniquement dans le temps réglementaire ? Dans ce cas de figure, le CO, avec quatre pénalités contre trois, aurait donc eu l'avantage et il convenait donc d'aller chercher un essai. Oui mais voilà, cette analyse n'a existé que dans les esprits héraultais. Dans le règlement de la LNR aisément consultable, il n'est jamais question de temps réglementaire.

Fabien Galthié, en zone mixte, ne racontera pas d'histoire : Sur le cas d'égalité, on pose aussi la question à l'arbitre et il ne sait pas. Je n'ai pas la réponse non plus. On ne connaissait pas le règlement. C'est encore plus frustrant que ce soit un tel détail qui nous fasse défaut, avouait François Trinh-Duc. Un détail qui veut dire beaucoup. Pour Fabien Galthié, ce fut un coup d'arrêt : sept mois après le malentendu de Lille, il était mis à pied à titre conservatoire. Depuis, Montpellier n'est toujours pas revenu en finale du championnat de France.