Roncero, Angleterre, Lancaster, sélection allemande... voici Damien Tussac

Sa maman lui avait acheté un kimono et l'avait même inscrit au club de judo de Vaison-la-Romaine. Tout était prêt pour faire de Damien Tussac le nouveau David Douillet du judo français et pourtant, c'est bien le rugby qui a tapé dans l'œil du natif d'Avignon. C'est par hasard, en regardant la Coupe du monde 1995 avec mon père. Il m'a demandé si cela me plairait de jouer au rugby et il m'a inscrit au club du village, raconte le Vauclusien.

J'avais un peu essayé le judo. On était à l'époque de David Douillet mais je n'ai pas eu le déclic. Au rugby, j'ai tout de suite aimé l'esprit de groupe qui lie une équipe. De David Douillet, je suis un peu passé à Jonah Lomu, poursuit-il en plaisantant. D'entrée, on m'a dit que je serai pilier, je ne savais même pas ce que c'était.

Le tonton Roncero...

Ensuite, Damien Tussac va franchir toutes les étapes sans encombre : des débuts à Vaison-la-Romaine, Toulouse en 2006, Albi en 2007 avec Eric Béchu et Antoine Tichit puis un retour en 2008 au RCT pour se rapprocher de la ferme familiale avant de passer pro en 2009, toujours à Toulon. Un parcours tranquille, voire presque parfait pour ce fils d'agriculteur.

Toutefois, la carrière de Damien Tussac aurait pu s'arrêter nette en septembre 2011. La faute à 21 minutes de souffrance contre un des piliers gauches les plus expérimentés de l'époque. Le RCT rencontre le Stade français et malgré la victoire de son équipe, l'ancien pilier de Montauban prend une leçon en mêlée fermée par Rodrigo Roncero, C'est à cause de ce moment que je ne suis plus rentré dans les plans de Bernard Laporte. Je n'ai plus eu sa confiance. À l'époque, Rodrigo Roncero était un peu un "tonton" dans sa dureté et sa roublardise. J'avais la force mais j'étais jeune. Je n'avais pas encore assez de technique, explique t-il. C'est un passage assez difficile. La séance vidéo a été très compliquée pour moi.

Un passage en Angleterre salutaire

Sans avenir dans le club varois, le natif d'Avignon va alors faire un choix radical : s'exporter en Angleterre sur les conseils de Steve Walsh, de Joe El-abd et peut-être un peu plus surprenant, ceux de l'ouvreur Jonny Wilkinson, qui proposent au jeune pilier de lui trouver un club outre-Manche. J'ai eu la chance à ce moment-là de connaitre des supers mecs comme Steve, Joe et Jonny. Ils m'ont proposé de me trouver un club en Angleterre et ils m'ont demandé si j'étais prêt à partir, raconte ce grand amateur de soupe au pistou.

Le choix a été très compliqué à prendre parce que je ne parlais pas un seul mot d'anglais. C'était un saut dans l'inconnu pour moi. Les premiers jours ont été compliqués. Je n'osais même pas sortir de mon appartement mais au final, j'ai rencontré des supers gars et j'ai passé deux très belles années à Leeds, poursuit-il.

La rencontre avec Stuart Lancaster et le XV de la Rose...

Un choix qui va s'avérer payant pour Damien Tussac. Ces deux années vont permettre au Vauclusien de s'aguerrir et d'acquérir la maturité nécessaire pour rivaliser au plus haut niveau. Sous les couleurs des Carnegies de Leeds, l'actuel pilier du CO va ainsi disputer les phases finales d’accession à la Premiership et de la British Cup. Cerise sur le gâteau de ce passage chez nos voisins anglais, l'ancien Toulonnais va même rencontrer Stuart Lancaster et effectuer une opposition contre le XV d'Angleterre.

A l'époque, on évoluait en Championship et l'équipe de Leeds était réputée pour avoir une très grosse mêlée, confie le joueur. Juste avant le tournoi des 6 Nations, on a eu la chance que l'équipe d'Angleterre vienne faire quelques entraînement avec nous à Leeds. C'était formidable. Stuart lancaster est un grand monsieur.

La Pro D2 et Montauban pour son retour en France

Après deux saisons passées à Leeds, Damien Tussac va finalement rentrer en France, à Montauban en Pro D2 pour le plus grand bonheur des supporters de la cuvette de Sapiac. Sous ses nouvelles couleurs, le pilier va enchaîner les bonnes performances et les feuilles de matches : 50 au total en 2 ans et 41 titularisations. Le retour à Montauban était un super challenge pour moi. C'était un club qui revenait dans l'élite du rugby français. Cela m'a fait beaucoup de bien de retrouver le rugby français avec une Pro D2 assez rude. Xavier Péméja m'a intégré petit à petit au groupe et m'a aussi appris à avoir confiance dans le rugby français. C'est un grand monsieur. Je dois beaucoup au club de Montauban et à ce monsieur. Sans eux, je ne serais pas ici aujourd'hui, explique le pilier de 28 ans.

International... allemand

Un chemin peu commun qui continue également en équipe nationale. Car si Damien Tussac est de nationalité française, il évolue sous le maillot de l'Allemagne, éligible par ses deux parents. Cela aurait été un rêve pour moi d'avoir un coq sur le cœur mais je n'ai jamais vu arriver ce moment, se justifie le joueur de 28 ans. Mais je voulais vraiment représenter un pays, une nation, une Fédération. J'ai envoyé une lettre de candidature à l'équipe d'Italie et à l'équipe d'Allemagne. Je n'ai jamais eu de réponse de la part de l'Italie mais j'ai eu une réponse de la sélection allemande qui évolue dans le tournoi B des 6 Nations. J'ai fait des tests et depuis, ils me font confiance. Pour son plus grand plaisir depuis déjà six années...