Étrangers, jeunes, touche, jeu direct... notre autopsie des points marqués en Top 14

  • Juan Imhoff (Racing 92) - septembre 2016
    Juan Imhoff (Racing 92) - septembre 2016
  • Charles Ollivon a déjà marqué 2 fois cette saison
    Charles Ollivon a déjà marqué 2 fois cette saison
  • Gaëtan Germain (Brive) - 20 août 2016
    Gaëtan Germain (Brive) - 20 août 2016
  • Thibault Daubagna, le demi de mêlée de Pau
    Thibault Daubagna, le demi de mêlée de Pau
  • Konstantine Mikautadze (Montpellier)
    Konstantine Mikautadze (Montpellier)
  • Le bel essai de Steeve Barry (La Rochelle)
    Le bel essai de Steeve Barry (La Rochelle)
  • Antoine Burban (Stade français) - août 2016
    Antoine Burban (Stade français) - août 2016
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TOP 14 - Le point de départ est simple : après 3 journées, 913 points et 71 essais ont été inscrits. Mais qui marque ? Et de quelle manière ? Radiographie des points et analyse des résultats. Qu’est-ce que les données récoltées révèlent du Top 14 ?

Les victoires impératives et les résultats plus importants que la façon dont ils sont acquis ont un peu changé notre rapport au Top 14. Le "combien" triomphe du "comment". Combien de points ? Combien d’écart ? Combien d’essais ? Cette approche purement comptable a pour effet d’occulter peu à peu la manière. Il en va de même avec les points inscrits. Le chiffre ne bénéficie d’aucune histoire. Pour inverser cette tendance, la démarche est simple : chercher à comprendre comment et surtout par qui les 913 points et les 71 essais ont été inscrits depuis le début de la saison.

Plus de points mais aussi d'essais derrière que devant

C’est un constat évidement attendu et un résultat sans surprise. Oui, les arrières marquent plus de points que les avants. 16% seulement des points sont signés des joueurs du pack. Une explication basique : ce sont les arrières qui butent. Un chiffre conforté par un second : un peu plus de 60% des points inscrits l’ont été via pénalités, transformations ou drops. Impossible d’exister pour nos amis des 3 premières lignes.

Qu’en est-il lorsque l’on se contente de comparer les essais inscrits par les avants et les arrières ? Un peu moins de la moitié (45%) des essais marqués le sont par des "gros". Le palme aurait pu revenir à Castres et Lyon, où 4 avants ont marqué un essai contre un seul arrière. Mais le ratio le plus imposant revient à Toulon, où tous les essais ont été inscrits par les avants (Ollivon par 2 fois, Taofifenua). Alors, certes, 3 sur 3 reste un record raisonnable...

Charles Ollivon a déjà marqué 2 fois cette saison
Charles Ollivon a déjà marqué 2 fois cette saison

Enfin, 6 clubs sur 14 ont marqué davantage d’essais par le biais de leurs avants que leurs arrières : Castres Toulon et Lyon, évidement. Mais aussi Bayonne, Montpellier et Clermont.

Les Français minoritaires

Le deuxième fait révélé par les chiffres, aussi cruel qu’attendu, concerne les Tricolores. Ou en tout cas, les joueurs pouvant représenter la France au niveau international. Les joueurs sélectionnables par Guy Novès sont minoritaires au tableau des scores... Mais de très peu ! 46,44% des points inscrits depuis le début de la saison le sont par de potentiels joueurs du XV de France (424 points sur 913).

Gaëtan Germain (Brive) - 20 août 2016
Gaëtan Germain (Brive) - 20 août 2016

Là encore, les bons et les moins bons élèves poussent à pondérer cette approche par nationalité (ou pays d’adoption). Difficile de construite le moindre théorème en mettant sur le même plan Brive (100% des points inscrits par des Français) ou Toulouse (47 points sur 56) et Bordeaux-Bègles (11 points sur 47), Castres (10 sur 58) ou La Rochelle (10 sur 73). Certains clubs décident - ou peuvent - jouer la carte du "made in France", d’autres ont simplement la chance d’avoir des marqueurs français sans pour autant avoir plus de JIFF sur le pelouse. Une part de politique, un part de réussite.

Les Espoirs inexistants

Enfin, en analysant l’âge de ceux qui inscrivent des points, un chiffre est cette fois plus inattendu et très inquiétant. 29 points seulement ont été inscrits par des joueurs de moins de 23 ans, soit 3,17% des points. Un chiffre qui colle finalement bien avec un autre chiffre inquiétant et révélé l’an dernier : moins de 3% de joueurs de moins de 23 ans français au coup d’envoi d’un match.

Thibault Daubagna, le demi de mêlée de Pau
Thibault Daubagna, le demi de mêlée de Pau

Les Espoirs les mieux représentés ? Ceux de la Section paloise, où Daubagna, Lespiaucq (arrivé de Dax) et Fajardo (en provenance de Auch) ont scoré 11 points. La faute à qui ? A quoi ? Au manque de talent des nouvelles génération si l’on en croit les clubs et les staffs, au manque d’opportunités et de considération si l’on écoute les jeunes joueurs. Finalement, le plus parlant serait peut-être de concentrer les regards sur les essais. Plus parlant mais surtout plus révélateur du style de jeu que l’ensemble des points inscrits.

La touche rampe de lancement, la mêlée un peu moins

Impliquées sur près de 40% des essais, les phases arrêtées sont devenues la rampe de lancement principale du rugby moderne. En Top 14 et après 3 journées, 29 essais suivent une touche ou une mêlée. 2 essais sur 5 sont donc issus d’un lancement de jeu… Un chiffre énorme et qui montre à quel point les phases statiques sont travaillées, décortiquées et préparées.

Konstantine Mikautadze (Montpellier)
Konstantine Mikautadze (Montpellier)

Cette tendance est plus visible au sein de certaines formations comme Clermont (5 essais sur 7 viennent après une touche) ou Montpellier (3 touches et 1 mêlée entraînent des essais). A l’inverse, de l’autre côté du prisme, Toulon n’a marqué aucun essai après une touche ou une mêlée… Certes, à pondérer avec leurs 3 petits essais. En revanche, La Rochelle (seulement 2 essais sur 7 inscrits après une touche) ou le Stade français (2 sur 11) font exception(s) pour le moment.

Le triomphe du jeu direct

Dernière batterie de chiffres, dernier instrument de mesure, les essais sont-ils le fruit d’actions collectives ou d’exploits individuels ? L’essai type est peu spectaculaire : 1,3 passes par essai. Mais là encore, cette moyenne ne veut rien dire si l’on occulte les 34 essais à moins d’une passe. Ou si on oublie les essais de Steve Barry (5 passes) ou Clément Daguin (7 passes).

Le bel essai de Steeve Barry (La Rochelle)
Le bel essai de Steeve Barry (La Rochelle)

Cette moyenne souligne simplement une tendance : celle d’un jeu direct et où le passage par le sol semble inévitable et où la continuité passe parfois après le duel. Une volonté de faire jouer au contact que l’on retrouve aussi avec un nombre croissant de offload (12 essais sont le fruit d’un passe après contact). Le Racing bénéficie ainsi par exemple du travail de Carter (1 fois) et Laulala (2 fois) après contact.

Que retenir ?

Difficile de tirer de grandes conclusions après seulement 3 journées et 21 matches. Mais déjà, des tendances se dégagent. Celles d’un championnat légèrement plus tourné vers l’extérieur, où la jeunesse n’a pas (encore) sa place, où le jeu direct l’emporte de peu sur le jeu de mouvement et où, enfin, la touche et la mêlée ont une place cruciale.

Antoine Burban (Stade français) - août 2016
Antoine Burban (Stade français) - août 2016

Ces conclusions ne sont pas vraiment surprenantes. Mais dur de croire que les chiffres et les faits seront amenés à changer dans les semaines ou mois qui viennent. En partie par ce que le championnat de France est ce qu’il est, en partie aussi parce qu’au coeur de l’hiver, le combat va prendre plus d’importance, le jeu de mouvement un peu moins.

Ce modèle ne demande évidement qu’à être contesté. Par des contre-exemples et des cas particuliers, d'abord. Par les joueurs et les staff eux-mêmes, ensuite. Car les stats ne sont que le reflet - d’une partie - de la réalité qu’il appartient aux acteurs de changer. Pourquoi pas dès la prochaine journée de championnat !

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