XV de France, Jiff, Pro D2, convention... Goze confirme une révolution dans le rugby français

  • Paul Goze (Président de la LNR) s'est longuement confié pour notre site
    Paul Goze (Président de la LNR) s'est longuement confié pour notre site
  • Paul Goze lors de la demie Clermont - Racing 92 - 17 juin 2016
    Paul Goze lors de la demie Clermont - Racing 92 - 17 juin 2016
  • Paul Goze, le président de la LNR
    Paul Goze, le président de la LNR
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RUGBY - Agitée par une actualité brûlante, la LNR est restée assez discrète sur sa communication. Pour rugbyrama.fr, son président Paul Goze a accepté de s'exprimer sur les dossiers chauds du moment. Pro D2, accords LNR/FFR, JIFF… le patron de la Ligue lève le voile.

Avec la première demi-finale Clermont-Racing, le Top 14 s'est refait une image qui avait été égratignée par la qualité de jeu proposée lors des barrages...

Paul GOZE: Cela a été une très belle promotion du rugby, en Bretagne et sur l'ensemble du territoire. Un match de phases finales avec de l'intensité, du suspense... quoi de mieux ? Nous attendions cela depuis deux-trois saisons car c'est vrai que les matches de phases finales étaient cadenassés et ce Clermont-Racing nous a réconciliés avec les matches couperets. On espère qu'une chose, c'est que cela continue.

Une bonne nouvelle pour la LNR après quelques semaines agitées, notamment avec les descentes administratives prononcées en Pro D2. Comment en est-on arrivé là ?

P.G: Déjà, ce sont quatre cas différents. La descente de Tarbes a été prononcée après la présentation de documents peu vraisemblables. Les trois autres sont aussi différents. Sur les trois, un voire deux et peut-être même les trois vont amener les pièces et les éléments financiers nécessaires pour se maintenir. Maintenant, c'est vrai que la que la conjoncture économique actuelle est très difficile. Cela veut bien dire que le rugby doit continuer à travailler, aider les clubs à se structurer et faire que l'économie de notre sport soit viable, quels que soient la ville et le club.

Le Pro D2 est-il malade ?

P.G: Non, je crois que ces difficultés traduisent surtout le fait que certains clubs ont eu des crises de croissance importantes et ont eu du mal à se structurer. Si on veut aller au-delà des trois équipes dont on parle, le déficit total d'exploitation des clubs était de 34 millions d'euros en 2014 et il n'est plus que de 20 millions en 2015. Cela veut bien dire qu'un travail de fond est effectué. C'est bon signe mais tout ne peut pas se résoudre en un jour. Il y aura toujours des clubs moins structurés qui auront plus de mal que d'autres. Le tout est de ne pas vivre au-dessus de ses moyens et de se laisser entraîner dans une surenchère folle au niveau des salaires en partant du principe que si un joueur est payé double, ce n'est pas pour cela qu'il sera deux fois meilleur. Ce sont des idées très simples qui ne devraient jamais quitter l'esprit de nos dirigeants. De gros efforts restent encore à faire.

Paul Goze lors de la demie Clermont - Racing 92 - 17 juin 2016
Paul Goze lors de la demie Clermont - Racing 92 - 17 juin 2016
Il n'est pas question de repêcher un club de Fédérale, qui n'aura été ni préparé ni structuré

Beaucoup d'hypothèses ont été établies, notamment celles de faire monter un ou les deux demi-finalistes de Fédérale 1. Qu'en est-il exactement ?

P.G: Nous avons voté cela en comité directeur vendredi. C'est simple : si une équipe est reléguée, Provence Rugby sera rattrapé, si c'est deux, nous jouerons le Pro D2 à quinze car il n'est pas question de repêcher un club de Fédérale en fin de procédure, qui n'aura pas été préparé ni structuré. Je ne parle pas de trois descentes car Biarritz a, je pense, réglé son problème.

Doit-on encore s'attendre à de nouvelles descentes administratives dans les prochains mois ?

P.G: Bien évidemment qu'un club comme Dax est repêché grâce aux problèmes administratifs d'autres clubs alors que cela fait deux ans qu'il doit descendre. C'est le jeu des sports professionnels. Chacun joue sa saison et des problèmes financiers peuvent venir s'immiscer et faire que les résultats acquis sur le plan sportif ne le soient pas sur le plan financier. Maintenant, je le répète, l'amélioration sensible sur l'ensemble des clubs professionnels cette saison m'amène à penser que nous connaîtrons un peu moins de problèmes pour les saisons à venir.

Je pense que les résultats des Bleus à la dernière Coupe du monde ont crée un choc dans le rugby français

En parallèle des demi-finales de Top 14, de nouveaux accords très favorables au XV de France ont été conclus entre la LNR et la FFR. Est-ce un cadeau présidentiel de votre part ?

P.G: Non. Je pense que les résultats des Bleus à la dernière Coupe du monde ont crée un choc dans le rugby français. Une cellule a été formée à l'issue de ça et a fait des propositions. Nous avons estimé qu'un certain nombre de ces propositions étaient de nature à aider le XV de France et les clubs ont accepté de faire cet effort. Un principe premier ne doit pas être oublié : l'équipe de France est importante pour l'ensemble du rugby français, y compris et surtout pour le rugby professionnel. Notre sport n'a pas encore une couverture géographique nationale et n'existe dans certaines régions que par l'équipe de France.

Paul Goze, le président de la LNR
Paul Goze, le président de la LNR

Ces accords ont-ils été influencées par les propositions du candidat à la FFR Bernard Laporte, comme il l'a avancé récemment ?

P.G: Chacun peut dire ce qu'il veut et peut tirer partie des décisions qui sont prises. La vérité est que la cellule technique a été formée au mois de décembre, qu'elle s'est réunie entre janvier et mars, que ses propositions ont été transmises au mois d'avril à Pierre Camou et à moi-même et ont débouché sur les derniers accords. Après, chacun peut s'arroger la paternité des décisions, ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est que les clubs, dans leur grande majorité, ont pris conscience que l'équipe de France était une priorité et ont accepté de faire un certain nombre d'efforts.

Tout club aura la possibilité de recruter un élément supplémentaire en plus du quota fixé à 35 joueurs pour deux internationaux. Le Salary Cap est aussi augmenté à 200 000 euros par joueur sélectionné

Y aura t-il des contre-parties autres que financières, évoquées par Bernard Laporte ?

P.G: Bien évidemment, c'est marqué dans la convention. Tout club aura la possibilité de recruter un élément supplémentaire en plus du quota fixé à 35 joueurs pour deux internationaux. Le Salary Cap est aussi augmenté à 200 000 euros par joueur sélectionné. Tout a été fait pour à la fois favoriser le XV de France et ne pas pénaliser les clubs pourvoyeurs d'internationaux.

Est-ce la porte ouverte à l'arrivée de plus d'étrangers en Top 14 ?

P.G: J'ai entendu ça et je l'ai anticipé. Les gens qui ont pensé cela doivent imaginer que nos QI sont relativement bas. Ces accords vont être doublés avec ceux prévus au mois de juillet qui apporteront un renforcement très important du dispositif JIFF (joueurs issus de la formation française), qui prendront effet à partir de la saison 2017-2018. En cas du non-respect du quota de 14 JIFF, cela entraînera un retrait de points. Les joueurs non JIFF ne pourront être que 16 dans l'ensemble du club, Espoirs compris. Tous les Espoirs non JIFF resteront non JIFF. Les clubs ne pourront pas non plus recruter de joker médical non JIFF si le quota des 16 est déjà atteint en début de saison. Ces mesures fortes et précises tendront à limiter le poids des joueurs non JIFF dans les effectifs professionnels et permettront aux jeunes français, qui seront les internationaux de demain, de jouer.

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Rennes, Anthony Tallieu

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