Clerc et Rougerie, eux continuent quand d'autres disent stop

Le temps ne semble pas encore avoir de prise sur Clerc et Rougerie, dont les clubs respectifs se retrouveront dimanche en Top 14 (16h30). Si les deux ne se mesureront probablement pas sur le terrain, ils auront amené leur expérience et leur sérénité précieuses en coulisses, avec un oeil sur la phase finale qui se profile.

Les deux incarnent une époque quasi-révolue, mêlant longévité au plus haut niveau et fidélité à un club. L'ailier toulousain aux 67 sélections doit cependant prendre un dernier virage : incapable de trouver un accord avec le Stade toulousain, où il est arrivé en 2002 en provenance de Grenoble, il a cette semaine paraphé un contrat d'un an avec Toulon. Avec une certaine amertume.

"Un mec fabuleux"

Vincent, c'est un homme extraordinaire, se réjouit le manager du RCT Bernard Laporte, qui l'a lancé en équipe de France en 2002. C'est un mec fabuleux, un compétiteur avec un très bon esprit. Il n'y aura jamais le bordel avec lui, poursuit-il. Dans la vie de groupe, il met vachement de bonne humeur, c'est un mec qui a toujours le sourire, qui est toujours joyeux, c'est une perte énorme, déplore de son côté le jeune centre de Toulouse Gaël Fickou. Je suis sûr qu'avec le mental qu'il a, il fera une super fin de saison et j'espère qu'il nous mènera jusqu'au bout.

Car Clerc le finisseur a prouvé qu'il était toujours vert avec sept essais inscrits cette saison, pour un total de 97 en carrière, ce qui lui permet de chasser le record en championnat de Laurent Arbo (100), au coude-à-coude avec...Rougerie (94). Comme son compère toulousain, avec qui il a vécu notamment la finale de Coupe du monde 2011, Rougerie a décidé de prolonger d'un an sa carrière avec Clermont, avant d'intégrer l'encadrement du club dont il est la figure emblématique.

Aurélien est quelqu'un de symbolique de par son attachement au club : c'est très rare, il y en a très peu, appuie son entraîneur Franck Azéma. Et puis surtout, ce qu'il dégage sur et en-dehors du terrain. C'est une bonne chose qu'il prolonge d'une saison. Force de la nature (1,93 m ;103 kg), Rougerie est un cas à part selon Azéma : C'est un athlète déjà, il a une ossature costaude, c'est un don. Mais il a été capable d'y associer une bonne technique et c'est pour cela qu'il fait une carrière en club et en sélection incroyable et qui dure.

La fin d'une époque

Capable de peu à peu s'effacer - il a laissé le capitanat à Damien Chouly depuis deux ans -, "Roro" (76 sélections) s'inscrit aussi dans une logique de transmission à l'ASM. Tout en montrant, avec trois essais cette année, qu'il était encore fringant malgré les rappels de son corps. Il n'y a pas un match où il n'a pas un pet mais il a une forte acceptation de la douleur et de l'effort, souligne Azéma.

Si Clerc et Rougerie ont gardé un peu d'appétit, d'autres de la même génération ont préféré baisser le rideau dont des noms évocateurs des années 2000 comme Damien Traille, Imanol Harinordoquy, Nicolas Mas, David Marty... Ceux-là ont accompagné l'essor du Top 14 mais ont aussi apporté son dernier titre au XV de France, avec le Grand Chelem 2010.

Une page se tourne, contemple un brin nostalgique Bernard Laporte, qui a vu ces joueurs émerger en Bleu. Ce sont là aussi de bons mecs. Mais c'est comme ça, ça s'arrête un jour. J'ai une pensée pour eux, pour ce qu'ils ont apporté à leurs clubs et au rugby français.