Melbourne, Guernica, Colomiers, La Rochelle… L'étonnante ascension de Afa Amosa

Trois saisons en Europe. C’est le temps qu’il aura fallu au puissant troisième ligne australien d’origine samoane Afaesetiti Amosa, 25 ans, pour rejoindre La Rochelle et donc le Top 14, au terme d’un parcours qui sort un peu de l’ordinaire. Mais ça, c’est justement ce qui nous intéresse... Débarqué à 4 ans en Australie, en provenance des Samoa, le jeune Afaesetiti fait ses classes à Melbourne, dans deux franchises du Super XV, aux Harlequins puis aux Rebels jusqu’en 2012, année du premier tournant de sa vie de rugbyman.

Si ses compatriotes australiens ou homologues du Pacifique usent des lignes directes pour venir en France, lui n’a pas choisi une destination connue pour son appétit pour l’ovalie. Mais ce n’est pas grave, l’Espagne est après tout une porte d’entrée. Et comme il en faut bien une, il débarque au club de Guernica en août 2012, à quelques kilomètres à l’est de Bilbao. L’Espagne, je l’ai pris comme une chance avec la volonté d’aller jouer en France par la suite, dit-il sous les tribunes rochelaises de Marcel-Deflandre. J’étais heureux de partir d’Australie, j’en avais besoin. C’était une opportunité pour venir en Europe.

Des vidéos sur YouTube

De l’Espagne, il reste des vidéos de matchs sur YouTube où l’on voit "Afa", sur terrain gras, résister aux plaquages, tenir sur ses jambes et avancer… Car l’Australien est puissant (1,87 m, 112 kilos). Le Challenge européen d’alors va le révéler aux yeux de techniciens français. L’entraîneur de Colomiers, Bernard Goutta, le repère et le fait venir en Haute-Garonne en juin 2013. Polyvalent aux trois postes de la troisième ligne, il ne déçoit pas le club à la Colombe lors de ses deux saisons de Pro D2. Mieux encore, cette exposition suscite l’intérêt des clubs de Top 14. Le triple champion d’Europe toulonnais, d’abord, le sollicite avant l’été avant de changer d’avis. J’étais excité de rejoindre une équipe de ce niveau mais ils n’étaient plus intéressés. Ça n’a pas été facile pour moi, mais j’ai vite retrouvé l’envie de bien faire et de m’entraîner avec Colomiers.

Alors qu’il partait pour jouer sa troisième saison en Pro D2 à Colomiers (il y a disputé les quatre premiers matchs de championnat), La Rochelle formalise son transfert en septembre. À lui le Top 14. Sa première titularisation ne s’est pas fait attendre puisqu’il était sur la feuille de match dès vendredi dernier à Toulouse, en troisième ligne aile. C’est une surprise, reconnaît-il. Je ne m’attendais pas à jouer ce premier match. Je suis arrivé tardivement cette saison à La Rochelle, et je suis heureux que le coach ait confiance en moi. L’entraîneur en chef maritime Patrice Collazo, intéressé par sa polyvlance en numéro 7 et 8, loue sa capacité à porter le ballon avec beaucoup de vitesse.

Amosa: "Tout s'est fait si rapidement"

L’étonnement d’Afa, lui, reste entier. Tout s’est fait si rapidement, c’est vraiment surprenant. En l’espace de 24 heures, après l’annonce du transfert, je me suis retrouvé à La Rochelle. Le coach m’annonçait qu’on allait en Allemagne (en stage, ndlr), j’ai dit Ok, ça me va… (sourires). Plus à l’aise avec le système de jeu maritime, il veut remercier ses coéquipiers pour la solidarité qu’ils ont eu à son égard. Les gars ont été super avec moi, ils me disaient de ne pas hésiter à les solliciter si j’avais des difficultés. Dimanche, contre Agen, il devrait poursuivre sa route avec son premier match à domicile à Marcel-Deflandre. Une ligne de plus à son histoire, en quelque sorte.