Lièvremont consterné par le jeu des barragistes !

Un gros coup de gueule. Marc Lièvremont n'a pas pu garder sa réserve. L'ancien sélectionneur du XV de France s'est avoué consterné par le piètre spectacle qu'il a vu ce week-end à l'occasion des barrages du Top 14. On est retombés dans nos travers, alors qu'on a tout pour produire un spectacle magnifique. Les clubs sont peu sur la construction offensive, mais sur un rugby calculateur, minimaliste, petit bras. C'est servi par des supers joueurs, de qualité, qui produisent très peu. Parce que c'est un combat de tous les instants dans les rucks, des gestes très limites, à la limite de la violence, déplore-t-il dans les colonnes de L'Equipe.

Lièvremont, actuellement commentateur pour Canal+, pointe clairement du doigt la mentalité des acteurs du Top 14. Le résultat est bien trop primordial par rapport au jeu. Et pourtant, la Coupe du monde avait bien prouvé une tendance : il est possible de gagner en envoyant du jeu. Mais pour arriver à ce rugby-là, c'est du travail en amont, une sensibilité, une volonté même. De déplacer le jeu, de proposer un rugby riche. A la Coupe du monde, les équipes osaient et étaient récompensées. Mais chez nous c'est devenu culturel : on n'est même plus capables d'oser, constate amèrement Lièvremont.

Il est temps que des hommes forts, à la Fédération, prennent leurs responsabilités

Les acteurs, ce sont bien évidemment les staffs de bon nombre d'équipes professionnelles. Ils sont tous sur la construction d'un rugby davantage là pour s'imposer au forceps que pour créer de vraies animations offensives. Par conséquent, les joueurs sont inhibés et ne prennent plus aucune initiative. Lièvremont regrette même leur attitude d'après-match, soulignant bien trop souvent de ne pas avoir pris de risques ou "d'avoir commencé à jouer trop tard". Il peste vraiment contre cette idée qui tend vers la norme. Les joueurs intègrent que le haut niveau, c'est ça. C'est dans leur formation. Mais que je parle avec des éducateurs, des responsables de centre de formation ou de pôles Espoirs, leur exemple est aussi là: cogner fort, taper fort, du combat dans les rucks. Mais le haut niveau, ce n'est pas ça.

S'il n'épargne pas l'arbitrage, l'estimant aussi coupable du peu de spectacle, Lièvremont dresse un constat peu reluisant sur le rugby français dans son état global. Il n'y a vraiment pas de quoi être fier de ce qu'on produit aujourd'hui. Il y a la parodie de tournée de l'équipe de France, des dirigeants qui se comportent mal, le fait qu'on n'avait même pas un tiers de joueurs français sur le terrain dimanche. [...] Il est temps que des hommes forts, à la Fédération, prennent leurs responsabilités. Car pour Lièvremont, le rugby français va droit dans le mur. Ce qui me gêne le plus, c'est l'impact de ce Top 14 sur les plus jeunes et la formation. Le mimétisme est déjà évident.

L'intégralité de l'entretien de Marc Lièvremont est à retrouver en pages 34 et 35 dans l'Equipe de ce mardi 14 juin...