White: "Je ne peux pas faire de cadeaux"

La réception du RCT est-elle la plus importante de la saison ?

Jake WHITE: Bien sûr. Ils ont gagné la coupe d'Europe trois fois, ils sont toujours dans le Top 6 en championnat. C'est sans doute une des meilleures équipes de club du monde. Je vous l'avais dit l'année dernière, Toulon pourrait battre certaines équipes nationales. Alors ce sera un grand match pour notre groupe. Prendre le RCT maintenant, ça peut être bon comme mauvais. Si vous regardez ceux qui ont joué contre des équipes qui ne peuvent plus jouer la qualification ou le maintien, comme les matches de La Rochelle, Oyonnax, ou Agen la semaine dernière... Donc peut-être que ce n'est pas un bon moment pour nous de jouer Toulon, mais ça peut aussi devenir positif. Ce sera le niveau d'une finale, et une bonne occasion de voir à quel niveau nous sommes.

Quelle est l'importance pour vous d'éviter un barrage ?

J.W: En tant qu'entraineur, il faut toujours envisager les pires scénarios. Une victoire à domicile, une défaite à l'extérieur, donc un barrage, puis éventuellement une demi-finale et une finale. C'est souvent comme ça que ça se passe. Gagner les deux matches, finir deuxième et avoir un week-end de repos serait donc du bonus. C'est ce que je voudrais, mais ce ne sera peut-être pas possible ! Pour l'instant, chacune de mes décisions doit être prise dans l'idée de gagner le prochain match. Si vous commencez à penser aux demi-finales, à la finales, vous allez prendre de mauvaises décisions. Concentrons-nous sur comment battre Toulon ce week-end, et quand ce sera fini, on s'inquiètera du match suivant.

Une bonne opportunité pour Mickael Ivaldi et Charles Géli de se montrer et se départager pour la deuxième place de talonneur

Le RCT est-il aussi impressionnant que les saisons précédentes ?

J.W: Toujours. Après leur élimination en Coupe d'Europe, leur président a insisté sur l'importance de gagner le Top14. L'année dernière ils étaient encore motivés après avoir remporté la Coupe d'Europe, cette année ils n'auront que le Top 14... Ils sont comme nous, avec deux victoires ils passeront en demi-finale, donc ils ont la même pression que nous.

L'absence de Bismarck du Plessis sera forcément préjudiciable...

J.W.: C'est un défi, mais ce sera une bonne opportunité pour Mickael Ivaldi et Charles Géli de se montrer et se départager pour la deuxième place de talonneur lors de cette fin de saison.

J'aimerais que nous soyons dans un conte de fées. Mais il faut savoir que François a reçu une grosse offre de prolongation pour trois ans ici, et c'est lui qui a décidé de partir

Vous avez expliquez ne pas pouvoir faire dans le sentimentalisme dans votre gestion. Le cas François Trinh-Duc est-il plus difficile à gérer à l'occasion du dernier match à domicile ?

J.W: Non, ce n'est pas plus difficile cette semaine que les autres. Un dernier match ici, c'est difficile, c'est triste pour tous les mecs. Mais je trouve déjà arrogant de dire que ce sera notre dernier match à domicile. Ce n'est pas vrai, nous aurons peut-être un barrage à jouer. D'autre part, il est impossible de contenter tout le monde. Nicolas Mas, Thibaut Privat, Anthony Floch arrêtent. Ben Lucas s'en va, Ben Mowen, Robert Ebersohn, Anthony Tuitavake... Je réalise que c'est une sujet sensible pour beaucoup, et je le comprends. Mais les décisions sont prises pour gagner les matches, elles sont prises dans l'intérêt de l'équipe. Tout le monde répète que l'équipe passe avant tout, il ne peut pas y avoir d'exception ! Ça ne peut pas être "l'équipe passe avant tout mais" ou "l'équipe passe avant tout sauf". J'aimerais que nous soyons dans un conte de fées. Mais il faut savoir que François a reçu une grosse offre de prolongation pour trois ans ici, et c'est lui qui a décidé de partir. Pour des raisons sportives, liées à sa carrière. D'accord ! Mais maintenant, le club passe en premier. Pour moi ce sont des décisions normales, ce n'est que de la logique. J'aimerais que tout le monde soit heureux, mais dans un monde professionnel c'est très difficile. Mais encore une fois, je trouve arrogant de dire que ce sera notre dernier match à domicile.

Donc en cas de barrage à Montpellier, François jouerait ?

J.W: Encore une fois, peut-être pas ! Ce n'est pas un acquis, un cadeau que je peux lui faire avec certitude. Je ne fais pas le calendrier. Si nous avions 90 points et que nous affrontions Agen ou Oyonnax, alors je ferais jouer tout le monde, on applaudirait, on chanterait, on boirait du champagne... Mais je n'ai pas ce luxe. Je ne peux pas me permettre de ne pas être couvert sur tous les postes parce que je veux faire un cadeau à quelqu'un. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne dans le sport. Si je fais ça et que nous perdons le match ce week-end, et que nous jouons un barrage à l'extérieur, ça coutera énormément d'argent au club. Mon boulot, c'est de gagner. Vous croyez que c'est facile pour moi ? Ce qui m'inquiète, c'est qu'on fasse trop de cas particuliers. Les joueurs qui finissent leur carrière cette année ou qui vont s'en aller, et qui ne joueront pas cette semaine, ils sont nombreux. Certains n'ont pas disputé la finale, comme Robins Tchale-Watchou qui avait enchainé huit ou neuf matches, personne n'en parle ! Je dois traiter tout le monde de la même façon, sinon je suis injuste. Je suis désolé, mais je ne peux pas contenter tout le monde, je ne peux pas.

Je dois traiter tout le monde de la même façon, sinon je suis injuste. Je suis désolé, mais je ne peux pas contenter tout le monde, je ne peux pas

Le cas Trinh-Duc semble tout de même plus délicat que les autres !

J.W: Si je le fais pour un je dois le faire pour tout le monde ! Il en va aussi de ma crédibilité. Les joueurs attendent de moi que sois honnête avec eux. Si je dis une chose et que j'en fais une autre quand arrive le week-end, je n'aurais plus aucune crédibilité. Donc je comprends, je comprends, je comprends ! Mais je répète, François a eu une offre de prolongation, il a décidé de partir, pour lui. Parfait, pas de problème ! Je ne suis pas en colère ! Mais maintenant je dois prendre des décisions pour le club.