Maciello: "J'ai l'impression que se payer Cardona est devenu le sport national"

  • Franck Maciello, le DTN des arbitres en charge du secteur professionnel
    Franck Maciello, le DTN des arbitres en charge du secteur professionnel
  • Laurent Cardona, l'arbitre de Grenoble-Racing 92
    Laurent Cardona, l'arbitre de Grenoble-Racing 92
  • Maxime Médard (Toulouse) remonté après M. Cardona - 3 janvier 2016
    Maxime Médard (Toulouse) remonté après M. Cardona - 3 janvier 2016
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Franck Maciello a souhaité réagir à la multiplication des critiques envers l'arbitrage. Le DTN des arbitres en charge du secteur professionnel vient plus particulièrement au soutien de Laurent Cardona, critiqué ouvertement à deux reprises, en deux semaines.

Vous avez souhaité réagir à la suite des dernières déclarations à l'encontre de l'arbitrage...

Franck MACIELLO: Je les trouve déplacées et péremptoires de la part de certains techniciens. On attaque systématiquement notre arbitrage. Nous sommes conscients, au sein de la Commission Centrale des arbitres, de nos faiblesses mais aussi de nos forces. L'arbitrage représente l'éthique du sport. Dès lors que l'on s'attaque à l'éthique, on met le doigt dans un engrenage assez complexe. Je ne voudrais pas qu'on dise un jour: si nous avions su on aurait fait autrement.

Pensez-vous que l'arbitrage français s'est endormi sur ses lauriers après avoir eu quatre arbitres en Coupe du monde ?

F.M: Notre objectif est de maintenir le cap et de tout faire pour en avoir au moins quatre à la prochaine Coupe du monde. Il y a une remise en question permanente. Tous les matches sont débriefés, analysés, pour apporter des réponses. Nous nous retroussons encore plus les manches. Tout le monde s'entend à dire que le Top 14 est le plus beau championnat du monde. Nous essayons d'avoir un arbitrage de ce niveau.

Laurent Cardona n'est pas le maillon faible du rugby français. Il a toute notre confiance et c'est un très bon arbitre

Ce retour systématique à la critique de l'arbitre vous inquiète-t-il ?

F.M: S'il n'y a pas de réflexion, qu'en sera-t-il lors des phases finales ? Ça m'inquiète, et ce qui m'interpelle en ce moment, c'est que l'on cible Laurent Cardona. Laurent Cardona n'est pas le maillon faible du rugby français. Il a toute notre confiance et c'est un très bon arbitre. Je suis en colère car j'ai l'impression que se payer Laurent Cardona est devenu le sport national.

Laurent Cardona, l'arbitre de Grenoble-Racing 92
Laurent Cardona, l'arbitre de Grenoble-Racing 92

Doit-il être mis au repos comme on le ferait avec un joueur dans une mauvaise passe ?

F.M: Laurent est quelqu'un de solide mentalement et il a très bien compris que la meilleure réponse à donner est d'être performant sur le terrain. Il nous appartient de la soutenir. Laurent Cardona n'a pas failli et je ne vois pas pourquoi nous le mettrions au repos. Je peux vous assurer quand un garçon commet des erreurs importantes il est mis au repos.

Qu'en est-il du new-deal ?

F.M: C'est toujours d’actualité. C'est chapeauté par la Ligue Nationale de Rugby. Peut-être doit-on se pencher un peu plus sérieusement sur son application...

Comment expliquez-vous l'absence de ce genre de critiques au niveau international ?

F.M: Il y a un respect partagé. Les critiques existent, mais elles ne se font pas sur la place publique. Et c'est bien plus constructif. Grâce à ça, le respect est maintenu et ça permet de travailler en toute intelligence.

Maxime Médard (Toulouse) remonté après M. Cardona - 3 janvier 2016
Maxime Médard (Toulouse) remonté après M. Cardona - 3 janvier 2016
Tant que l'on confiera l'arbitrage à un homme, il faudra accepter ses décisions. Comme un joueur va manquer un trois contre un, un entraîneur va se tromper dans le coaching ou un président va se tromper dans le recrutement...

Avec la possibilité du recours à la vidéo, l'arbitre ne semble plus avoir droit à l'erreur ?

F.M: Toute action est décortiquée à la seconde près par les staffs. Même s'il a des outils pour améliorer sa performance, l'arbitre doit prendre une décision et cette décision doit être acceptée. À nous de travailler pour éviter de voir des erreurs commises sur un match. Tant que l'on confiera l'arbitrage à un homme, il faudra accepter ses décisions. Comme un joueur va manquer un trois contre un, un entraîneur va se tromper dans le coaching ou un président va se tromper dans le recrutement...

Êtes-vous attentif ou hermétique à ces propos tenus publiquement par les techniciens ?

F.M: Nous sommes à l'écoute de ce qui se dit. Nous ne détenons pas la vérité. Mais quand la critique est systématiquement négative, ça nous interpelle. On met les projecteurs sur l'arbitrage pour ne pas regarder d'autres problèmes. Prendre systématiquement les arbitres comme bouc émissaire, c'est facile et gros comme une maison.

Jack White (Montpellier) et Bernard Jackman (Grenoble) ont pointé du doigt le manque d'échange avant et après les rencontres...

F.M: Les entraîneurs peuvent interroger l'arbitre sur la rencontre à venir. C'est vrai que M. White est le spécialiste pour nous interroger le vendredi à 13h00 pour le match du samedi. Les arbitres se déplacent et ne sont pas forcément disponibles le vendredi après-midi pour répondre à ses questions. Poser les questions jusqu'au jeudi soir est un délai raisonnable. Ainsi les réponses sont assurées. Après les matches, tous les clubs qui font des retours sur l'arbitrage ont des réponses. Quand un arbitre se trompe, nous notons que l'arbitre se trompe. On ne raconte pas d'histoire. Je suis toujours en copie des mails et je vous assure que Grenoble a eu les retours. J'ai eu personnellement Fabrice Landreau (directeur sportif de Grenoble NDLR). Les retours sont réalisés, peut-être pas à la seconde souhaitée, mais dans la journée ou le lendemain.

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