Une fois encore, Clermont n'a pas fini de pleurer

Le rugby est un sport qui se joue à XV et au final, ce n'est jamais Clermont qui gagne. Le trait est volontairement grossi pour surligner le destin moribond qui colle aux basques des Jaunards comme un tatouage à la peau des Maoris. Comment expliquer que ce club, qui a toujours su former des équipes au potentiel extraordinaire, s'écroule toujours dans le money time ?

Un brin provocateur, un internaute tweetait durant la demi-finale de vendredi : Les Clermontois réfléchissent à la meilleure solution entre perdre en finale ou perdre en demi-finale en prolongation. Le verdict est tombé quelques minutes plus tard, comme souvent à l'issue d'une dramaturgie made in Clermont. D'abord, la perte de Nick Abendanon au bout de dix minutes seulement : Nick est un joueur très important dans notre équipe, un facteur X qui peut changer le match à lui tout seul, raconte à chaud Scott Spedding en zone mixte, des larmes plein les yeux. Bien sûr, quand tu perds un mec comme lui, ce n'est pas l'idéal et il nous a manqué.

Lapandry : "Je respecte les décisions de l'arbitre mais elles sont cruelles et en notre défaveur"

Dix minutes plus tard, alors que le Racing mène 9-3 : un essai refusé à Wesley Fofana pour un en-avant de passe de quelques millimètres tout au plus, en étant large : C'est cruel, se lamente le passeur Alexandre Lapandry, lui aussi très abattu. Pourquoi me siffle t-on un en-avant à moi sur l'essai de Wesley Fofana alors que sur leur dernier essai, c'est sensiblement la même chose. Moi, je n'ai pas du tout l'impression d'avoir fait en-avant, c'est même ligne. On nous dit qu'il faut favoriser le jeu et voilà... Peut-être que je ne comprends rien au rugby, peut-être qu'il y avait en-avant en revoyant les images… Je respecte les décisions de l'arbitre mais elles sont cruelles et en notre défaveur.

Ces décisions dont parle le flanker clermontois : les deux essais accordés, a priori à juste titre, à Johan Goosen et Juan Imhoff, ainsi que le carton jaune adressé au Géorgien Kolelishvili en prolongation, également contesté par les joueurs dont le capitaine Damien Chouly.

Cela ne pouvait arriver qu'à nous

Malgré tout cela, au prix d'une belle débauche d'énergie, les Auvergnats ont accroché la prolongation, remontant un retard de 13 points qui, à ce stade de la compétition, est souvent rédhibitoire. Le match était même gagné après une pénalité de 54 mètres de Scott Spedding, un drop de 50 mètres de Brock James, six points d'avance et plus que trois minutes à jouer.

Puis l'irrationnel est venu perturber cette voie tracée vers une troisième finale en un an. Une touche dans le camp francilien, jouée vite par Imhoff et interceptée par Fofana, qui s'est transformée en essai de l'Argentin quinze secondes plus tard. Cela ne pouvait arriver qu'à nous conclut Lapandry. Parce que Clermont, serait-on tenté de dire. Un souvenir douloureux de plus à ranger dans la grande histoire du club le plus torturé de l'Hexagone.

De notre envoyé spécial à Rennes, Anthony Tallieu