Clermont découvre la gestion... et cela devrait le rendre encore plus fort !

En observant l’opposition à 15 contre 15 lundi à l’entraînement de l’ASM Clermont-Auvergne, on se disait que le staff clermontois allait au-devant de graves casse-têtes en fin de saison, lorsqu’il faudra choisir un groupe pour les phases finales. Parra, Ulugia, Zirakashvili, Planté et Yato manquaient tout de même, mais il y avait devant le public invité ce jour-là deux équipes de très haut niveau face à face.

Avec les retours imminents d’Abendanon et Lopez, et ceux prochains de Cudmore, Stanley ou Kolelishvili, la concurrence va être féroce à Clermont avant les matches couperets, et les minutes de jeu deviennent précieuses, à six matches de la fin de la saison régulière. Mais on ne se mange pas entre nous, au contraire, sourit le pilier Thomas Domingo. On travaille ensemble, on s’entraide, et c’est ce qui est bien depuis quelques mois. S’il n’y avait pas eu cet effectif et cette cohésion, je pense que ça aurait pu exploser au moment où on a été éliminés de la Coupe d’Europe et qu’on perdait à domicile.

Entretenir la dynamique

C’est l’inverse qui s’est produit, et ce passage à vide semble avoir été fondateur pour les Auvergnats. Actuellement irrésistibles, vainqueurs de leurs sept derniers matches, les joueurs tirent tous dans le même sens. En pleine confiance et frais physiquement, ils tracent leur route vers les demi-finales. Avec six points d’avance sur le Racing 92, troisième, à six matches de la fin de saison, Clermont est en pôle pour décrocher l’une des deux premières places. L’équipe semblait loin de ces hauteurs fin janvier, au soir de la défaite à domicile face à Montpellier. Mais ce groupe, dont un important noyau de joueurs se connaît depuis plusieurs saisons, a su faire bloc pour signer une série record depuis le début du mois de février.

Après la victoire arrachée face à Toulon à Marseille, ceux qui reviennent dans le groupe pour affronter Agen s’interdisent de briser la dynamique collective, comme en témoigne le deuxième ligne Loïc Jacquet. Il faut garder le même rythme, la même efficacité et la même application. Il va y avoir encore du turnover dans l’équipe, c’est bien. Tout le monde revient. Les places vont être chères pour la fin de saison et tout le monde voudra se montrer ou profiter des derniers moments. Si on arrive à tous faire ça dans le sens de l’équipe, ce sera très positif.

Les "bons problèmes" d’Azéma

Le coach clermontois observe avec satisfaction son infirmerie se vider. Et retrouve avant le sprint final la quasi-totalité d’un groupe pléthorique qu’il va devoir gérer avec tact. Ce sont de bons problèmes. C’est bien qu’il y ait de l’émulation au sein du groupe. La concurrence est saine, et j’aurai besoin de tout le monde jusqu’à la fin de saison, répète Franck Azéma, qui a dû faire face cet hiver à un effectif bien plus restreint, privé d’internationaux et de nombreux blessés.

Certes, cette période à flux-tendu a coûté cher, en étant en partie responsable de l’élimination en Champions Cup. Mais à l’inverse, cette opulence nouvelle et cette fraîcheur pourraient jouer en faveur des Auvergnats ce printemps. Cette saison est différente, elle n’a pas été linéaire comme d’habitude, observe Azéma. On a souffert, on a été éliminés de la Coupe d’Europe, on a perdu trois matches à domicile en championnat, mais on a toujours été capables de rebondir. On s’est resserrés, on le voit depuis deux mois. On avait en permanence une douzaine de blessés à l’infirmerie, et ça commence à se vider, donc on en profite.

Frustration et repos

Invariablement présents en phases finales de Coupe d’Europe depuis la saison 2009-2010 (Challenge européen en 2010-2011), les Clermontois ont découvert ce week-end la sensation étrange de ne pas jouer les quarts de finale. La plupart ne les ont pas regardés d’ailleurs, frustrés de ne pas être de la fête. Mais pendant que Toulonnais et Racingmen se démolissaient pendant 80 minutes, les Clermontois se sont reposés, et cela pourrait compter pour endurer des phases finales qui s’annoncent de très haut niveau. Ça fait du bien parce que le championnat est très long, et quand on l’additionne à la Coupe d’Europe ça l’est encore plus, témoigne le pilier Thomas Domingo. Ça permet de sortir la tête du guidon et de se régénérer.

Le week-end prochain, à nouveau, les Clermontois seront exemptés de compétition. Les joueurs profiteront de quelques jours de repos, avant de préparer le déplacement au Racing 92 début mai. C’est quelque chose dont on n’avait pas l’habitude ces dernières saisons. On arrivait souvent avec une fatigue mentale et physique à cette période, et là c’est différent, analyse Franck Azéma. C’est intéressant, il faut qu’on sache en tirer profit. Je ne sais pas si l’issue sera différente mais l’approche est différente...