Chaussettes, Wilkinson, coq, guitare... Voici Anthony Belleau

Au milieu des Nonu, Mermoz ou Habana, Anthony Belleau commence à signer ses premiers autographes, à la fin des entraînements du RCT. Les supporters les plus avertis connaissent ce jeune ouvreur dont il se dit le plus grand bien. Vendredi dernier, les fans toulonnais ont cependant pu le découvrir sur la pelouse de Mayol, durant 15 minutes, lors du match amical face au Stade français. Un moment particulier pour Anthony qui attendait cela depuis deux ans et sa signature à Toulon en provenance d'Agen.

J'avais déjà joué à Mayol, mais pour du foot (à l'occasion du match caritatif RCT - France 98), s'amuse-t-il. Et de poursuivre : C'était donc ma vraie première à Mayol, j'espère que cela se reproduira. Je garde en tête que ça reste un match amical et que ça n'a pas le même goût qu'une rencontre officielle avec un enjeu. Du haut de ses 20 ans, le garçon affiche une certaine tranquillité. Son discours est posé et réfléchi. Plein de maturité.

Les chaussettes de son premier club toujours dans son casier

Pour lui, tout a commencé Monflanquin, village de du Lot-et-Garonne de 2328 habitants. Dès les moins de 7 ans, j'ai fait mon école de rugby à l'Entente des Quatre Cantons qui réunit les villages autour de Monflanquin. Ensuite, je suis parti à Agen où je suis resté trois ans, jusqu'en Crabos. Tout cela, avant de sauter le pas et de rejoindre l'armada Rouge et Noire.

Mais malgré la distance, les racines ne sont jamais bien loin. J'ai toujours une paire de chaussette de mon premier club dans mon casier. Je sais d'où je viens. Quand je rentre j'essaie de faire le maximum pour voir comment ça se passe. Les catégories jeunes fonctionnent bien, j'espère que ça va durer, assure Anthony. Quand il a quitté le Sud-Ouest pour le Var, son choix a pu surprendre. Joueur d'avenir, Toulon n'était pas réputé pour faire la part belle aux jeunes. Mais le garçon sait ce qu'il veut. En signant, je savais que je ne venais pas ici pour m'imposer dès la première année. Mais le projet m'intéressait dans mon développement personnel pour les années à venir. J'ai l'occasion de m’entraîner avec de grands joueurs, de côtoyer Jonny... Je voyais cette arrivée comme quelque chose qui allait m'aider à progresser encore plus, plaide-t-il.

Un choix qui va (peut-être) s'avérer payant dès cette saison. Diego Dominguez ne cesse de répéter qu'il souhaite donner leur chance aux jeunes. Le manager du RCT se montre d'ailleurs très disponible pour ses poulains. C'est quelqu'un de très ambitieux mais également de très ouvert avec nous les jeunes. Ce projet (intégrer les jeunes) a l'air de lui tenir à cœur, on échange beaucoup avec lui. Il vient vers nous pour nous donner des conseils. Il reste une personne très exigeante, c'est à nous de faire les choses bien maintenant pour lui rendre sa confiance.

En équipe de France depuis les moins de 16 ans

Dans cette nouvelle politique de club, Belleau est de ceux qui ont clairement une carte à jouer, notamment quand Trinh-Duc rejoindra la sélection. Puisque Giteau sera repositionné au centre, Anthony sera la doublure de Pierre Bernard à l'ouverture. Les portes commencent à s'ouvrir. Ca va être la troisième saison que je suis ici, je commence à avoir un petit bagage et de l'expérience en équipe de France des moins de 20 ans, avec la Coupe du Monde, le Tournoi des VI Nations. Je gagne en maturité et en expérience au fur et à mesure des entraînements avec les pros durant la semaine. J'espère que ça va me permettre d'avoir ma chance sur le terrain et de montrer que je suis capable d'évoluer à ce niveau là, argumente-t-il.

De quoi poursuivre également son rêve Bleu. Présent sous la tunique frappée du coq depuis les moins de 16 ans, Belleau figure désormais dans la liste développement donnée par Guy Novès. J'ai appris ma présence sur cette liste, le jour du baptême de mon filleul ! Une sacrée journée, se souvient-il avec plaisir. Et de détailler sa réaction, Je savais que j'avais une carte à jouer mais également qu'il y avait d'autres joueurs avec plus d'expérience. Je pensais plus y être dans les prochaines années. C'est une belle récompense. Je vais continuer de travailler pour poursuivre cela.

Dominguez et Wilkinson en mentors

Et pour continuer sa progression, Anthony peut compter sur l'apport Diego Dominguez Il a été un grand joueur à ce poste avec du caractère et de la personnalité. On discute sur cet aspect, il essaie de me transmettre cette faculté à diriger l'équipe, à être le patron malgré mon jeune âge. En plus de son manager, il peut également s'appuyer sur les conseils d'un autre grand numéro 10. Jonny m'amène beaucoup de repères techniques sur le geste de buteur, comment taper des pénaltouches, les coup-envois... Il y a des bases que l'on connaît tous, puis ce qui fait la différence, les détails que l'on travaille et l'investissement que l'on peut y mettre en continuant de travailler après les entraînements.

De quoi perfectionner son rôle de buteur. Une responsabilité qu'il endosse avec beaucoup de plaisir. J'affectionne cela depuis que je suis petit. Ça permet de valider le travail de toute l'équipe. Il y a aussi cette adrénaline que l'on ressent, c'est une pression qu'il faut gérer mais qui est tellement bonne quand il y a de la réussite. J'aime bien ressentir cela, même si ce n'est pas tous les jours facile, sourit-il.

Golf et guitare pour changer les idées

Débarqué à l'âge de 18 ans à Toulon, Anthony Belleau a dû s'adapter à un nouvel environnement, loin des siens, même s'il est arrivé avec sa petite-amie. En partant loin de chez moi, je cherchais aussi à me prendre en main pour quitter le cocon familial et à me mettre dans l'inconfort pour me débrouiller seul. Je savais qu'en tant numéro 10, je serai amené à prendre en main une équipe et à ne pas être timide.

Désormais, il assure être un vrai Toulonnais et avoir trouvé dans cette ville un caractère qui lui correspond pleinement, les gens ont l'envie de gagner mais également de voir du spectacle, c'est ce que j'aime. Accro à son sport et déterminer à réussir, le rugby n'est jamais loin dans ses choix du quotidien. Je fais du golf. Je sais que ça peut aider notamment dans la concentration. Même si ce ne sont pas les mêmes membres, il y a des similitudes dans la technique avec le tir au but. Pour vraiment couper, il n'hésite pas à sortir sa guitare ou à aller prendre l'air dans la région toulonnaise. Mais très vite, il replonge dans le rugby. Son rugby. Car c'est maintenant que tout commence.