Castres, la nouvelle famille de David Smith

Mayol en avait pourtant fait l'un de ses chouchous et l'avait ovationné lors de son quadruplé en mars face à Brive, comme pour demander à Mourad Boudjellal, le président du club, de le conserver. Mais barré par Habana, Mitchell et consorts, l'ailier de poche (1,72 m, 91 kg) d'origine samoane ne faisait plus partie des plans du RCT, malgré son statut de meilleur marqueur d'essais de la dernière saison régulière (16). Alors autant quitter la Rade, où il était arrivé il y a quatre ans, pour rebondir ailleurs.

Toulon m'a proposé une année mais pour moi ce n'était pas 'secure' (sûr). Je ne jouais pas les grands matchs parce qu'il y avait Bryan Habana, Drew Mitchell, Delon Armitage, j'étais le deuxième choix pour le coach, raconte Smith, 28 ans, ancien joueur des Wellington Hurricanes et des Auckland Blues. Pas assez galactique, pour l'effectif constellé du RCT, lui qui n'a jamais porté le maillot All Black.

A Castres, au moins il sait qu'il aura sa place, pour les petits matchs comme les grands. Il recherchait ça, être un homme important dans le système, dans le projet. A Toulon, il y a tellement de grands joueurs, ce n'est pas simple de pouvoir exister. Il a réussi à le faire mais au bout d'un moment, il faut jouer les matchs qui comptent donc il est venu dans cette optique-là, résume Christophe Urios, le nouveau patron du CO.

Rudi Wulf, un frère

Au centre d'entraînement castrais, David Smith a oublié Toulon et affiche l'air épanoui d'un homme qui semble être là depuis des années. Ça fait un mois et demi qu'ils sont ici (avec son ancien coéquipier de Toulon et compatriote Rudi Wulf, ndlr) et ils sont parfaitement intégrés, on a pas l'impression qu'ils sont là depuis un mois et demi. Ce sont des garçons faciles à vivre, ajoute Urios.

L'arrivée en même temps que lui de Wulf, son "frère", et la présence à Castres d'autres Néo-Zélandais (Sitiveni Sivivatu, Alex Tulou, Piula Faasalele) y est pour beaucoup dans cette intégration dans le Tarn, où il goûte une vie plus calme que dans le Var. C'est super pour moi car je connais beaucoup de joueurs ici, c'est une famille pour moi. Et quand je vais au supermarché, au resto, je suis tranquille. Pas comme à Toulon où tout le monde est 'crazy', sourit-il.

Mais Toulon va vite le rattraper. Dès dimanche, il jouera son premier match au stade Pierre-Antoine en famille face au RCT, qui arrivera le couteau entre les dents après avoir perdu le premier match de la saison à Mayol face au Racing. Et attention donc à ne pas mettre trop d'affect car s'il assure que Toulon, c'est fini, il aimerait bien se rappeler au bon souvenir de Bernard Laporte en inscrivant un essai à ses anciens coéquipiers.

Forcément qu'affectivement, émotionnellement, c'est un match qui va compter. Mais plus la semaine va avancer, plus je vais faire en sorte qu'il rentre dans le moule et qu'il soit bon pour nous, pas pour démontrer quoi que ce soit à Toulon. La page est tournée pour eux (avec Wulf), ça peut être un danger de vouloir en faire trop..., met en garde Christophe Urios.

Au-delà de Castres, David Smith, qui a fait partie de la liste des 74 joueurs surveillés par l'encadrement du XV de France, sait que le rêve du maillot bleu s'est éloigné mais se verrait bien jouer pour l'équipe de France à 7 aux JO de Rio.