Brive, un invité pas si surprise que ça

• Un effectif plus homogène

La saison dernière, le CABCL (10e au final) a souffert d'un banc ne répondant pas à l'exigence du Top 14. Une donnée qui a complètement changé cette année: il a su se renforcer à des postes clés sans miser sur des stars, contraint par l'avant-dernier budget du championnat (15,3 M EUR), mais plutôt sur des joueurs revanchards ou des inconnus venus de l'hémisphère Sud. Le pilier gauche Lucas Pointud, arrivé de Bayonne où il n'avait disputé la saison dernière qu'une poignée de matches de Top 14, ou le jeune demi de mêlée Teddy Iribaren, barré à Montpellier, apparaissent comme de vraies bonnes pioches.

L'encadrement peut donc effectuer des rotations d'une journée à l'autre sans que la performance ne s'en ressente. Depuis le début de la saison, il a ainsi toujours effectué au moins cinq changements dans le XV de départ. Ainsi, Brive a gagné à Oyonnax samedi dernier(34-9) en étant privé de son bulldozer fidjien Sisa Koyamaibole. Cette richesse d'effectif est particulièrement notable dans le cinq de devant, où le CAB peut aligner trois premières lignes différentes sans que cela n'affecte le rendement de l'équipe. Elle a de plus été largement épargnée par les blessures.

• Un calendrier favorable

Sa réussite, Brive la doit aussi un peu à une part de chance. Favorable, son calendrier lui a permis de recevoir deux cadors diminués en pleine Coupe du monde, alors que les Corréziens ne comptaient que deux joueurs retenus: le pilier géorgien Karlen Asieshvili et le flanker fidjien Dominiko Waqaniburotu. Privés de leurs internationaux, le Stade français (22-13), champion de France en titre, et Toulon (29-26), triple tenant de la Coupe d'Europe, se sont cassés les dents au Stadium. Des victoires qui ont permis de prolonger l'invincibilité à domicile (13 victoires consécutives en comptant la saison dernière, meilleure série en cours du Top 14).

En pleine confiance après ces succès de prestige, le CAB s'est découvert une capacité à voyager. Le club corrézien, qui n'avait remporté qu'un seul match à l'extérieur lors des deux dernières saisons, a signé deux succès loin de ses bases (à Oyonnax et Pau) et a failli faire plier le Racing 92 à Colombes (14-17). Ce dernier n'a dû son salut qu'à l'entrée en jeu de ses internationaux français, revenus d'Angleterre quelques jours plus tôt.

• Germain, l'arme fatale

Avec Gaëtan Germain, les "Coujoux" ont la chance de disposer du meilleur réalisateur du Top 14. Buteur longue distance, d'une grande fiabilité, l'ancien Racingman, arrivé en Corrèze l'année de la remontée, en 2013, a inscrit 124 des 176 points de son équipe cette saison, soit 70%. Auteur de tous les points lors du succès à Pau (6 pénalités), l'arrière de 25 ans a récompensé sa mêlée en donnant la victoire contre Toulon (19 points).

En forme internationale, Germain n'est cependant pas seulement efficace face aux perches, comme le prouve son essai de 70 mètres contre Oyonnax. Son influence sur le terrain se retrouve dans les chiffres: cette saison, Brive a toujours ramené des points de ses déplacements, sauf de Toulouse... le seul manqué par Germain.