Talonneur, le poste adéquat pour devenir entraîneur ?

Par Rugbyrama
  • Travers - Ibanez - Landreau - Servat
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  • Fabrice Landreau, le manager du FCG
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  • William Servat (Toulouse) face à Castres - le 5 septembre 2015
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  • Yannick Bru explique les choix faits du côté des avants - février 2015
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Numéros 2 devenu numéros un: très souvent leaders technique et mental de leur équipe, les talonneurs possèdent toutes les qualités requises pour ensuite entraîner une équipe, ce qu'ils sont très nombreux à faire aujourd'hui en Top 14.

A ce niveau-là, ce ne peut être une simple coïncidence: 12 des 41 entraîneurs du Championnat sont d'anciens talonneurs, et cinq sont mêmes aux commandes de leur club (six avant qu'Olivier Azam soit évincé de son poste de manager d'Oyonnax en novembre). Dont le Bordelais Raphaël Ibanez et le Grenoblois Fabrice Landreau, qui s'affronteront par bancs interposés dimanche à l'occasion de la 11e journée de Top 14.

Fabrice Landreau, le manager du FCG
Fabrice Landreau, le manager du FCG

Cette surreprésentation s'explique par les spécificités du poste. Au coeur de la mêlée, le talonneur est par essence un rassembleur, comme doit l'être un manager, d'après Christophe Urios, champion de France avec Castres en 1993 "au talon" avant d'en prendre les commandes cet été. L'entraîneur rassemble sur un projet, le talonneur sur une mêlée, sur le combat collectif devant, développe-t-il. C'est un poste qui est tellement exposé, qui demande tellement de générosité, de don de soi, qui doit prendre en compte le rapport combat-lucidité, que finalement tu peux retrouver ça ensuite dans une autre vie, celle d'entraîneur, abonde Ibanez, ancien talonneur du XV de France dont il a également été le capitaine à de nombreuses reprises.

Figure de proue

Là encore, c'est tout sauf hasard: De nombreux talonneurs ont ce statut de capitaine et d'une certaine manière être manager, c'est encore être capitaine avec un regard beaucoup plus large et étendu sur la stratégie collective, développe le manager de l'UBB. En plus de posséder des qualités de meneur d'hommes nécessaires pour diriger une équipe, le numéro 2, souvent fort en gueule et charismatique, est un aussi un leader dans le jeu. Le talonneur a toujours été la figure de proue à l'origine et à l'initiative des lancements sur le terrain. On parle du talonneur "fer de lance", c'est un peu ça. Par rapport à l'épine dorsale d'une équipe, tu es en première ligne au propre comme au figuré, souligne Ibanez.

William Servat (Toulouse) face à Castres - le 5 septembre 2015
William Servat (Toulouse) face à Castres - le 5 septembre 2015

A la pointe du combat, il est aussi et surtout un leader technique, celui qui donne souvent le ton en mêlée, talonne, annonce et lance en touche. Le talonneur est quand même le poste clé du huit de devant. Au niveau de la mêlée et de la touche, il a un rôle qui implique tous les joueurs de devant et automatiquement les joueurs de l'ensemble de l'équipe, souligne William Servat, lui aussi ancien talonneur des Bleus, désormais responsable des avants du Stade toulousain.

Avant, un "quatrième troisième ligne"

Il est amené à connaître parfaitement les lancements, le système de jeu en place. Connaître la stratégie. Et il est obligé de participer là-dessus, appuie Laurent Travers, co-manager du Racing 92 (en charge des avants) après avoir été champion d'Europe avec Brive en 1997. Ce qui pousse forcément une fois les crampons remisés au placard, ou même sur la fin de sa carrière, à se tourner vers le métier d'entraîneur. On a davantage de réflexions sur la force collective, les phases de conquête directe, la touche, la mêlée, des réflexions tactiques. Naturellement, il y a une vraie réflexion sur le dispositif global qu'on trouve plus tard en tant qu'entraîneur ou manager, relève ainsi Ibanez.

Yannick Bru explique les choix faits du côté des avants - février 2015
Yannick Bru explique les choix faits du côté des avants - février 2015

Cette maîtrise de l'ensemble des spécificités du jeu est-elle encore davantage indispensable aujourd'hui dans ce rugby professionnel où les lancements, notamment en touche, sont devenus plus complexes ? Pas forcément, selon Travers: Le rugby a beaucoup évolué, mais je me rappelle déjà qu'à mon époque on travaillait énormément sur la touche, le déplacement, l'intervention du talonneur qui était le "quatrième troisième ligne" et se trouvait impliqué dans beaucoup de lancements. Et les joueurs des années 90 sont les entraîneurs d'aujourd'hui.

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