Tchale-Watchou: "Les joueurs sont inquiets... Le corps ne suit plus"

  • Robins Tchale-Watchou, président de Provale
    Robins Tchale-Watchou, président de Provale
  • Paul Goze, le président de la Ligue
    Paul Goze, le président de la Ligue
  • Benjamin Urdapilleta lors de sa blessure contre Toulouse en septembre 2015
    Benjamin Urdapilleta lors de sa blessure contre Toulouse en septembre 2015
Publié le
Partager :

A l’issue de l’Assemblée Générale de Provale organisée lundi, en présence de Paul Goze (LNR) et Pierre Camou (FFR), Robins Tchale-Watchou, le Président du Syndicat des Joueurs, a notamment annoncé des pistes de réforme pour préserver l’intégrité physiques des joueurs. Extraits.

Instances: des relations plus apaisées avec la LNR et la FFR

"Notre Assemblée Générale s’est plutôt bien passée avec un taux de présence qui est l’un des meilleurs sur les cinq dernières années. Nous sommes tous conscients que nous, joueurs, sommes les solutions à nos problèmes. Nous avons eu des invités de marques avec les Présidents Paul Goze (LNR), Pierre Camou, et des arbitres (Didier Méné). Ils peuvent avoir le sentiment de ne pas pouvoir donner une réponse instantanée à nos inquiétudes. Mais ce serait mentir que de dire que nos rapports n’ont pas changé avec les instances. Cela a été tendu par le passé mais nous avons compris que nous avions un avenir et des intérêts intimement liés. On ne sera peut-être pas d’accord sur tout mais il faut que nous trouvions des compromis pour avancer. Nous travaillons pour avoir un équilibre, une présence beaucoup plus pertinente au sein des instances dirigeantes. Il y aura de très bonnes nouvelles dans ce sens dans les mois à venir.

Paul Goze, le président de la Ligue
Paul Goze, le président de la Ligue
Par moment, les instances pensent bien faire mais sont décalées de la réalité

Il fallait que les instances comprennent notre intérêt. Nous ne sommes pas là pour faire de la politique. Par moment, les instances pensent bien faire mais sont décalées de la réalité. Qui mieux qu’un joueur pour dire ce qu’il vit ? A terme, nous espérons que les mesures seront plus cohérentes, plus pertinentes avec notre quotidien. Nous avons décidé d’échanger très souvent avec les dirigeants. Finalement, on arrive à faire avancer les choses. Je suis optimiste sur l’avenir du rugby français et je sens les joueurs très motivés pour que les choses bougent. Les joueurs ont pris conscience qu’ils étaient acteurs sur et en dehors du terrain. Comme l’a dit Paul Goze, ce sont aux joueurs d’impulser un certain courant. Mais à certains moments, il faut revenir à des choses simples. Il s’agit de sport".

Santé: vers le recours à des médecins indépendants

"Les joueurs sont inquiets. Ils se posent vraiment des questions par rapport à leur santé, au rythme effréné, aux cadences et à l’augmentation des blessures. Le corps ne suit plus. L’enjeu est de savoir comment garder une dimension humaine dans un sport qui est aujourd’hui une entreprise. Les effets néfastes vont s’accentuer avec les années à venir. Les problématiques dans le rugby sont nombreuses mais intimement liées. Quand on parle de santé du joueur, il y a les règles du jeu, la pratique, la fréquence, l’intensité qui pose ce problème là. Mais il y a des choses que l’on peut mettre en place au niveau national. C’est pour ça que nous travaillons à la mise en place d’une commission d’hygiène, santé, sécurité pour obliger les acteurs à veiller à la santé des joueurs, et pas à court terme.

Benjamin Urdapilleta lors de sa blessure contre Toulouse en septembre 2015
Benjamin Urdapilleta lors de sa blessure contre Toulouse en septembre 2015
La question se pose de l’autonomie des médecins de club et leur rapport hiérarchique avec leur employeur

Les joueurs ont émis le souhait qu’un protocole avec un médecin indépendant du club soit appliqué pour toutes les blessures pour externaliser les décisions. Elles n’appartiendront plus aux médecins du club. Globalement, les médecins de clubs sont conscients, professionnels et pour certains très compétents. Mais la question qui se pose, c’est leur autonomie et leur rapport hiérarchique avec leur employeur. Il faut couper ce cordon. Par moment, il y a un conflit entre leurs recommandations et les exigences de l’entité sportive. Aujourd’hui, dans le rugby professionnel, le nombre de perte de licences de joueurs ne pouvant plus pratiquer le rugby a quasiment doublé voire triplé (12 déclarés dernièrement, ndlr). Il vaut mieux aller trop loin dans la prévention que d’être confronté à l’irréparable. Mais la question est de savoir qui va payer ces médecins indépendants".

Dopage: la nouvelle génération menacée

"Je n’aurais jamais le discours irresponsable de dire qu’il n’y a pas de dopage dans le rugby. C’est irresponsable de dire ça. Par contre, au risque de me tromper, je ne connais pas de cas avéré de dopage. Mais il faut faire énormément attention à la génération qui arrive. Tous ces gamins nés avec internet et des mecs bodybuildés. Il faut les éduquer, leur dire qu’on peut réussir dans le rugby avec ses aptitudes physiques. On n’a pas besoin d’avaler je ne sais combien de boite de protéines, d’être gonflé. On sensibilise les jeunes en passant trois fois (dès l’an prochain, ndlr) dans les Centres de Formation.

Si on ne sensibilise pas la nouvelle génération, c’est là qu’on aura des problèmes

Si on ne fait pas cette sensibilisation, c’est avec cette génération qu’on aura des problèmes. Le culte du corps est poussé à l’extrême. On trouve des compléments alimentaires aux coins des rues. On peut commander n’importe quoi, n’importe où. Ça n’a pas de sens. Mais quand on voit des joueurs comme Alexis Palisson ou Benoit Paillaugue, ce sont de superbes joueurs. Le choix du muscle n’est pas forcément le meilleur. Et ces profils-là auront toujours leur place dans le rugby".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?