Du placard à la gloire, Kruger a envoyé le Racing à Barcelone
TOP 14 - Menés de six points en prolongation, les Franciliens ont vu la lumière grâce à Juandre Kruger, auteur d'une interception à la fois décisive et particulièrement inspirée. Une belle revanche pour un joueur laissé au frigo pratiquement toute la saison.
Cette première demi-finale à Rennes restera longtemps dans les mémoires et un peu plus encore dans celle de Juandre Kruger. Embarqué en prolongation après avoir mené jusqu'à 16-3, puis mis à genoux par deux coups de canon, de Scott Spedding puis Brock James, le Racing croit boire le calice jusqu'à la lie quand, voulant jouer une touche rapidement, Juan Imhoff se fait intercepter par Wesley Fofana.
La suite, Kruger la raconte : On devait marquer, on perd une touche dans notre camp et on se retrouve sous pression. À ce moment, on est peu de défenseurs, juste Antonie Claassen et moi, et il fallait prendre le risque. Par bonheur et grâce à Dieu, j'étais là au bon moment. Juan Imhoff est venu parfaitement à ma gauche et c'est un bel effort de toute l'équipe.
Soucieux de ne pas tirer la couverture sur sa personne, le deuxième ligne sud-africain valorise le collectif. Mais c'est bien son moment : Je l'ai déjà vu faire ça plusieurs fois, raconte Imhoff, heureux receveur du offload. C'est un athlète, il a des cannes et il sait jouer au rugby . Sa disparition des radars cette saison faisait qu'on l'avait sûrement oublié.
Un retour en lumière après des mois dans l'ombre
Arrivé dans les Hauts-de-Seine la même saison que Laurent Travers et Laurent Labit, Kruger s'est rapidement imposé comme un titulaire en puissance grâce notamment à sa science de la touche. Puis Luke Charteris a débarqué la saison suivante, Manuel Carizza l'a rejoint cette année et le XV de départ s'est fait de plus en plus rare au point de devenir rarissime (6 titularisations). Et le plus souvent, lorsque le staff faisait le choix d'aligner son équipe bis pour faire souffler ses cadres.
Pas vraiment le statut rêvé pour l'ancien Springbok (17 sélections), qui n'a dû sa présence en phases finales qu'à cause de la sélection de Luke Charteris et du forfait de François van der Merwe. C'est vrai que j'ai moins joué cette année que les deux premières et cela a pu être difficile mais je n'ai pas lâché. Ce soir (vendredi, ndlr), c'est un moment spécial pour moi et je suis aussi heureux pour le club mais je ne parlerai jamais de revanche personnelle. Il partira juste l'esprit léger cet été à Toulon.
Je suis très content pour Juandre qui a vécu une saison mitigée avec nous mais qui a toujours travaillé et qui n'a jamais lâché, se réjouit son coéquipier Henry Chavancy. C'est juste incroyable ce qu'il a fait, d'avoir la lucidité de penser qu'il n'y avait pas de ruck et qu'il n'avait pas tort de faire ça. À sa place, je pense que j'aurais seulement levé les bras pour ne pas me faire pénaliser. C'est aussi grâce à lui qu'on gagne avec cette interception venue d'ailleurs.
Lorsque Sienna Grace, sa petite fille de deux ans née en Ile-de-France, sera en âge de comprendre, il lui racontera peut-être ce soir de juin où il est sorti du placard du Racing par la très grande porte.
Anthony TALLIEU, envoyé spécial à Rennes
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