Nyanga, un autre état d'esprit

S'ils ne le formuleront pas comme cela, les entraîneurs du Racing Laurent Travers et Laurent Labit ont rapidement compris que l'agglomérat de vedettes constitué à leur arrivée à l'été 2013 ne garantissait pas la cohésion d'une équipe, parfois apparue sans âme et sans liant. Un problème identifié et réglé en attirant au Plessis-Robinson des joueurs davantage portés sur "l'esprit club", à l'image du numéro 8 Chris Masoe, de l'ouveur Rémi Tales mais aussi du flanker Yannick Nyanga, précieux sur le terrain comme en coulisses.

Et pour en parler, quoi de mieux que ses amis laissés à Toulouse, où il a passé 10 ans entre 2005 et 2015.

"Un fédérateur"

Yannick, c'est un fédérateur, ce qui est une qualité mais aussi un défaut car il est très bavard, sourit son ancien compagnon de troisième ligne Thierry Dusautoir. C'est quelqu'un de très sociable, qui aime partager. C'est un ciment dans un groupe, ajoute l'ex-capitaine du XV de France, avant d'affronter Nyanga samedi (20H45) à Colombes.

Il a un fonctionnement qui va bien au-delà du sportif, témoigne aussi l'ailier Vincent Clerc. C'est quelqu'un qui est toujours positif, qui adore fédérer un groupe, rassembler. S'il sent quelqu'un à l'écart, il aime le ramener vers le groupe, s'il sent quelqu'un un peu triste, lui remettre le sourire.

Au Racing, où il a retrouvé son ami d'adolescence Dimitri Szarzewski, Nyanga a rapidement apposé sa touche pour se rendre indispensable, en proclamant sa foi dans le collectif au sein d'un effectif constellé. Que je joue ou ne joue pas ce week-end, la semaine prochaine, ça ne changera rien, disait-il vendredi. Ce qui compte, c'est que je participe à la progression de l'équipe, aux victoires.

Même discours rodé sur la forte concurrence à laquelle il est soumis et qui a marqué sa carrière, tant en club qu'en équipe de France où il a connu un parcours sinueux entre 2004 et 2015, ponctué d'allers-retours pour 46 sélections au total (30 comme titulaire).

Un registre différent

On a besoin de cette concurrence pour tirer le meilleur de nous-mêmes : sans concurrence, on ne progresse pas pareil qu'en concurrence avec un joueur de très haut niveau, assure-t-il. C'est bon pour le développement personnel. Après des choix sont faits, il y a forcément des heureux et des déçus mais c'est la règle du jeu dans toutes les équipes. Si on n'accepte pas ça il ne faut pas faire du sport de haut niveau.

Cette mentalité lui a valu de prendre rapidement du galon, avec un capitanat assumé face à Toulouse en avril, dans une équipe il est vrai très remaniée.

Blessé à une cheville six semaines entre la mi-avril et la fin mai, Nyanga a tout de même glané 14 titularisations en Top 14 et 3 autres en Coupe d'Europe depuis son arrivée au club en novembre, après la Coupe du monde. Et avec le probable repositionnement de Bernard Le Roux dans une deuxième ligne en jachère, Nyanga a une bonne opportunité de s'immiscer dans le XV de départ de la phase finale.

Mais au-delà de son attitude, Nyanga apporte d'abord une alternative intéressante sur le terrain : aux côtés des sécateurs Le Roux et Lauret et du bulldozer Masoe, le flanker âgé de 32 ans déborde d'activité, dans un registre de coureur capable d'assurer la continuité du jeu. Un style qui pourrait coller à un Racing de plus en plus tenté par un rugby de mouvement, porté vers l'offensive.