Ibanez: "Je ne détiens pas la vérité"

Quels enseignements avez-vous tiré de la défaite de Grenoble (37-23) ?
Raphaël IBANEZ: Des enseignements sur l'état d'esprit. Je vais répéter ce que j'ai dit à la fin du match sur l'état d'esprit et l'implication. A ce jeu, si on ne répond pas présent dans l'engagement, on est très vite en difficulté. On peut avoir les meilleures stratégies du monde ou les meilleurs lancements au monde, si on n'a pas le minimum d'agressivité surtout en début de rencontre, on est derrière. 

Avez vous été surpris par le comportement de vos joueurs, qui n'avaient rien lâché une semaine plus tôt contre le Racing (30-21) ?
R.I.: On a évoqué ce passage à vide ou ce match délicat comme la conséquence de trop de changements. Je persiste à penser que c'était la bonne option tout simplement parce que ce sont les joueurs qui m'y ont poussé. On a un groupe que l'on veut compétitif et la saison dernière, en fin d'exercice, on a manqué d'énergie, de carburant. Si au bout de trois matchs, je commence à avoir peur de lancer des gars, la saison peut être très longue. Je ne détiens pas forcément la vérité mais à ce niveau-là, je n'ai aucun regret à avoir. De nouveaux joueurs qui se sont retrouvés là savaient que ce match était un objectif pour eux. Finalement je n'ai pas de regret mais c'est peut-être là que je me suis trompé sur l'implication, le niveau d'agressivité en début de match, c'est peut-être là que j'ai raté quelque chose avec eux dans la semaine et c'est pour ça que je prends pour moi la première mi-temps complètement vide de sens et de rugby jouée à Grenoble. 

Dans ces cas-là, faut-il hausser la voix pour les remettre dans le bon chemin ? 
R.I.: Depuis deux ans et demi, j'essaye d'apprendre vite dans ce rôle de manager. Je tiens souvent des propos policé et équilibré à l'extérieur mais ce qui se passe à l'intérieur, je veux le garder pour moi et les joueurs. Je ne dis pas que ça ne regarde pas les gens mais il fallait que l'on reparte sur de nouvelles bases. Plus sobrement, j'ai fixé le cap. 

J'espère que les Toulonnais n'ont pas pris notre match à la légère car à la vidéo, ils ont dû bien rigoler en regardant Grenoble

Il y a quelque chose de récurrent à chaque première journée à l'extérieur de l'UBB, vous passez à côté...
R.I.: Doit-on trouver des explications, faire le parallèle avec la saison dernière et ce premier match à Brive où on avait été complètement absent ? C'est vrai que les faits sont troublants mais on n'est pas les seuls. J'ai encore en tête cette idée d'avoir fait dix changements et ce n'était peut-être pas le meilleur choix d'après les commentaires d'après match mais il y a certaines équipes sur cette 3e journée de Top 14 qui ont fait un énorme roulement et qui ont pris aussi 35 points à l'extérieur, d'autres équipes ont maintenu leur quinze de départ et ont pris quand même 30 points à l'extérieur. Je ne détiens pas la vérité, trouver des explications à tout, c'est mon job, mais sincèrement ce match de Grenoble, je n'aurais vraiment pas souhaité que ça se passe comme ça. Le scénario n'était pas écrit d'avance, je pensais sincèrement qu'avec les joueurs sur le terrain, on avait vraiment la possibilité de l'emporter, c'est là qu'est la vraie déception. 

Est-ce une volonté de votre part de reconduire à Toulon des joueurs en grosses difficultés au stade des Alpes ? 
R.I.: Certains qui ont été en difficulté à Grenoble ont l'opportunité de se racheter et de se relancer mais je crois que c'est plus dur encore pour ceux qui ne sont pas sur la feuille de match car ceux-la ont reçu le même avis et le même commentaire de ma part et ils devront attendre encore un peu. Si ça peut nourrir de la frustration, voire même de la colère chez eux, tant mieux. 

Est-ce qu'on peut être encore ambitieux quand on se déplace à Toulon ? 
R.I.: On ne sait jamais comment tourne un match de rugby, même face aux champions de France et d'Europe. Toulon, c'est du cinq étoiles à tous les postes. Je pense qu'ils nourrissent aussi une certaine frustration liée à leur match précédent, c'est une équipe qui aime gagner, qui a l'habitude de gagner, qui veut gagner. J'espère qu'ils n'ont pas trop pris notre match à la légère car à la vidéo, ils ont dû bien rigoler en regardant Grenoble, ça a dû les faire au moins sourire et je ne pense pas qu'ils aient trop d'inquiétudes avant ce match. J'aimerais ne pas leur donner raison mais c'est un fait. On n'a pas de marge de manœuvre à l'issue de notre pâle prestation à Grenoble.