Lakafia: "Qu’on me fiche la paix, ça me va très bien"
Enfin débarrassé des blessures, Raphaël Lakafia enchaine les bonnes performances sous le maillot du Stade français. A 26 ans, le troisième ligne parisien avoue ne plus douter mais souhaite surtout qu’on le laisse tranquille…
Que peut-on vous souhaiter pour 2015 ?
Raphaël LAKAFIA: De prendre un maximum de plaisir sur le terrain et de continuer à gagner avec le Stade français… Ça m’ira déjà très bien. Le groupe a des objectifs mais il reste humble. On les garde pour nous jusqu’à la fin de la saison. Au moins, on ne décevra personne.
Actuellement, vous enchainez les bons matchs. Pensez-vous avoir retrouvé votre meilleur niveau ?
R.L : Je ne me pose plus de questions. Je ne suis plus là pour regarder dans le rétroviseur et me dire: "Est-ce que tu es aussi bon qu’avant?" Tout ça, c’est terminé. Maintenant, je regarde devant et puis on avance.
Maintenant, y’en a plein le cul. Tu te fais plaisir. Tu penses à toi
Compte-tenu de vos différentes blessures depuis le début de la saison, avez-vous craint une saison galère ?
R.L : Honnêtement, c’est pareil. Je ne me pose plus de questions. Je ne doute plus. Si je dois me faire une petite blessure, ça fait partie de la vie du sportif. C’est vrai que j’ai eu un petit peu de malchance en début de saison mais dans ma malchance, c’était toujours de petits bobos. Ce n’était rien de grave et je me sens extrêmement bien au Stade français. Je suis heureux d’être ici et je pense que ça se voit dans mes performances et dans ma vie en général.
Qu’est-ce qui explique que vous ne doutez plus ? L’environnement du club ? Le staff ?
R.L : J’ai quatre ans de plus déjà. On me reparle tout le temps de la Coupe du monde 2011. C’est vrai que j’étais un minot à l’époque. Aujourd’hui, je ne me pose plus de questions et à force de prendre de petits coups sur la tête, au bout d’un moment on se dit: "Maintenant, y’en a plein le cul. Tu te fais plaisir. Tu penses à toi".
Pensez-vous avoir perdu des années?
R.L : Non, il n’y a pas d’années perdues. Parfois, on me demande si ma présence en équipe de France n’est pas arrivée trop tôt… Aujourd’hui, cela fait partie de mon expérience de joueur, de rugbyman, de mon expérience de vie. Si j’ai fait cette Coupe du monde, c’est que je devais la faire. Maintenant, il ne me reste plus qu’à regarder devant. Ici, personne ne m’embête. Je reste tranquille, je suis dans mon coin. Je peux bosser sereinement. J’ai tout ce qu’il faut pour devenir un meilleur joueur.
Je veux juste que l’on me fiche la paix
Ce processus s’est fait naturellement ou avec une vraie démarche de votre part ?
R.L : J’avoue que ça n’a pas pris quinze jours (sourire). Mais les années passent, on grandit, on murit. C’est quelque chose qui s’est fait naturellement. Le fait de venir au Stade français m’a permis de voir autre chose, de me remettre en danger et de savoir apprécier les petits trucs simples comme des victoires à la maison, à l’extérieur et de ne plus me poser de questions qui ne mènent nul part.
D’un point de vue sportif, avez-vous le sentiment d’avoir évolué ?
R.L : Oui, vraiment ! Aujourd’hui, je reprends du plaisir que ce soit en 8 ou en 7. J’essaye de me donner à 100%. Je pense avoir progressé au contact de joueurs comme Sergio Parisse qui ont vraiment la classe. On ne va pas se mentir. Ça tire vers le haut techniquement. Et c’est quelqu’un qui a une grande aura sur le groupe. C’est bizarre, mais il y a des gens que vous n’avez pas envie de décevoir. Il donne tout, il s’entraîne beaucoup. Rien que par respect pour ses coéquipiers, on se dit qu’on ne peut pas se permettre de passer à coté.
Vous regardez l’avenir à moyen terme avec le Stade français ou à plus long terme avec, pourquoi pas, un retour en équipe de France?
R.L : (il souffle). Je veux reprendre du plaisir et que personne ne m’embête. Qu’on me fiche la paix, ça me va très bien...
Vous avez vraiment l’impression d’avoir été embêté?
R.L : Franchement, oui (un peu agacé). Ces derniers temps, ça n’a pas été drôle tout le temps. Même en début de saison, on me qualifie de flop au bout de deux mois alors j’ai pris des coups. On a voulu m’enterrer. Aujourd’hui, c’est pour cette raison que je veux juste que l’on me fiche la paix. Je ne demande pas à ce qu’on m’encense. Au contraire, qu’on me laisse tranquille.
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