Même s'il est dernier, Lyon positive et garde espoir

Longtemps après le coup de sifflet final, Tim Lane est resté assis en tribunes, les yeux dans le vague et sans dire un mot. Presque sonné, il semblait ne pas comprendre comment ses joueurs avaient pu laisser échapper une première victoire à l'extérieur cette saison, bonifiée qui plus est, dans les ultimes minutes du derby rhônalpin. Alors que le Stade des Alpes fêtait bruyamment ses héros, le manager australien est descendu dans le vestiaire mais n'en est pas ressorti pour s’exprimer. Après la rencontre, c'est Olivier Azam, le coach des avants du Lou, qui tentait de mettre des mots sur la déception de tout un groupe. On aurait dû afficher plus de maîtrise à la fin. On perd aussi sur les pénalités concédées tout au long de la partie. On doit être beaucoup plus discipliné quand on met autant d'engagement en défense. C'est cruel mais c'est le Top 14.

Cette fin de rencontre, qui vit Lyon craquer sur un dernier coup de rein de Wisniewski, marquera pour un moment les têtes lyonnaises. La gageure serait qu’elle le fasse de manière positive. On va essayer de retenir l'état d'esprit affiché par les joueurs, confirme Olivier Azam. Leur courage, leur solidarité dans l’effort. Julien Puricelli, le troisième ligne hyperactif du Lou, n’y parvenait pas encore samedi soir. Il y a sûrement du positif à tirer de ce match mais, pour l’instant, je suis juste abattu… Il faudra absolument une victoire dans trois semaines.

Azam: "On doit jouer comme un dernier de Top 14"

Dans trois semaines, Lyon accueillera Montpellier, pour l’avant-dernier match de la phase aller. Déjà un rendez-vous décisif si le Lou ne veut pas se faire décrocher par le wagon des prétendants au maintien. Olivier Azam semble avoir trouvé la formule pour ne pas que cela arrive. On doit jouer comme un dernier de Top 14. S'accrocher, montrer des valeurs, du courage. Un match de rugby ne se gagne pas au mérite, ni sur une note artistique mais aux points. Aujourd'hui (samedi NDLR), on a commencé à voir des choses intéressantes. La coupure va nous faire du bien, on va essayer de construire.

Jouer comme un dernier de Top 14 signifie, entre les lignes, ne pas s’échiner à vouloir sans cesse casser le rideau défensif adverse par du jeu à la main. Cela signifie aussi adopter une tactique moins ambitieuse et davantage portée sur l’occupation du terrain. Critiqués à juste titre la semaine dernière pour la pauvreté de son attaque, les Lyonnais ont prouvé au Stade des Alpes qu’ils savaient alterner le jeu et mettre l’adversaire sous pression. Leurs trois essais sont d’ailleurs venus de coups de pied bien sentis de Stephen Brett dans le dos de la défense grenobloise. C'était propre et ciblé, apprécie Azam. On a produit du jeu plus intelligemment et changé notre fusil d'épaule par rapport à Toulouse. On devait être efficaces. Les joueurs n'ont pas été récompensés mais peuvent être fiers. Fabrice Landreau, le manager heureux après ce derby, abondait dans ce sens. Lyon a été la première équipe cette saison à nous mettre autant en difficulté sur le pressing. Ils ont été accrocheurs sous les ballons hauts, agressifs en défense mais toujours à la limite de la faute… Ils ont fait un bon match. Si le Lou a perdu quatre points samedi, il est reparti du Stade des Alpes avec des repères dans le jeu et un état d’esprit qui autorisent tous les espoirs. Tim Lane le sait certainement.