Nallet: "Le rugby, une superbe période de ma vie"

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le dernier match de votre carrière ?

Lionel NALLET: Dans le même état d’esprit que d’habitude. Pour le moment je me dis surtout que l’on a un dernier match à jouer. On a fait une mauvaise saison puisqu’on descend et j’ai donc surtout envie de pouvoir gagner ce match pour le club, le public et l’équipe. Je ne suis pas trop dans l’analyse: c’est mon dernier match… mon dernier ceci… Je le savais, c’était prévu (rires).

Etes-vous plus sur le bilan de votre saison que de votre carrière ?

L.N: Complètement. C’est surtout après le match que je me dirai que c’est fini. Avant, je vais être pris par le match avec l’équipe. Je ne vais donc pas trop gamberger là dessus.

Il y a surement beaucoup de déception quand il s’agit de repenser à cette saison. Peut-on parler de gâchis ?

L.N: Oui il y a de la déception car j’avais envie de pouvoir partir en laissant le club en Top 14 et ça ne sera pas le cas. C’est toujours une déception. Du gâchis ? Non car si on est là, c’est qu’on le mérite et que l’on est à notre place. Certes, on peut toujours dire qu’il y a eu pas mal de matchs où l’on a perdu de peu de points mais le constat est simple, on n’a pas su les gagner. Et si on n’a pas su les gagner, c’est que l’on ne mérite pas de se maintenir.

Je vais tourner la page rugby dans l’immédiat.

L’an dernier, vous laissiez entendre que vous pouviez arrêter et vous aviez prolongé d’un an… Cette fois c’est la bonne ?

L.N: Oui j’arrête ! J’ai le jubilé (le 4 juillet avec Sébastien Chabal au stade de Gerland de Lyon, NDLR) donc je ne vais pas jouer après (rires).

Quand vous regardez derrière, qu’est-ce qui reste d’une si longue carrière ?

L.N: Il reste une carrière, c’est à dire plein de choses. Beaucoup de bons souvenirs. J’ai l’avantage de pouvoir évacuer relativement facilement les mauvais souvenirs et puis si je fais un bilan, j’ai beaucoup plus de positif que de négatif sur ma carrière. C’est surtout une superbe période de ma vie.

Comment voyez-vous votre avenir à court terme ?

L.N: Je le vois dans ma société de mécanique de précision. Je vais rejoindre mon beau-frère car ça fait sept ans qu’il est tout seul… Je vais aller lui donner un coup de main. Cela se passe bien et j’ai plein de belles choses à faire derrière, des nouveaux challenges, des choses nouvelles pour moi qui me motivent. Il y a aussi l’hôtel-restaurant avec Sébastien (Chabal). J’ai préparé l’après rugby dès 2007. Je n’avais jamais pensé faire une carrière dans le rugby donc je savais qu’il me fallait autre chose et en fin de compte cela s’est très bien passé mais ce n’était pas prévu et ce n’était pas un objectif non plus.

On peut vous imaginer près du rugby ou avez-vous envie de tourner la page ?

L.N: Je vais tourner la page dans l’immédiat pour la simple raison que je suis sur les terrains depuis longtemps. J’ai les week-ends qui sont pris depuis très longtemps aussi donc j’ai envie de passer un peu de temps en famille. Je sais que je serai amené à bosser beaucoup la semaine à travers mes activités et je veux pouvoir profiter un peu de mes week-ends et ne pas être tout le temps sur les terrains.

Bourg et Bourgoin resteront mes deux clubs de cœur.

Vous avez débuté à Bourgoin, que gardez-vous de ces années ?

L.N: Bourgoin a toujours été particulier. Je n’ai jamais retrouvé ce que j’ai pu ressentir à Bourgoin. Le discours de Michel [Couturas] (qui a recruté Lionel Nallet en 1997, NDLR) était que personne n’aimait Bourgoin dans le championnat. C’était un petit village gaulois. 90% de l’équipe était régionale. On avait tous nos familles dans le coin. Il y avait une vraie identité territoriale de la part des joueurs.

Dorénavant, quels seront vos clubs de cœur ?

L.N: Plus ou moins deux. Il y a forcément l’US Bressane parce que c’est là où j’ai commencé à 6 ou 7 ans. Mes parents sont bénévoles depuis 20 ans dans ce club. Il y a vraiment cette attache et puis je vis encore sur Bourg-en-Bresse. Après c’est le CSBJ car c’est le début de ma carrière pro, mes premières années professionnelles donc Bourgoin a une place importante.

Il y a aussi le souvenir du XV de France :

L.N: Il y a plusieurs souvenirs. Déjà celui d’avoir rencontré pleins de joueurs, d’avoir sympathisé avec beaucoup et la vie commune que l’on peut avoir sur des tournées. Il y a tellement de choses que j’ai du mal à sortir un évènement en particulier.

Avez-vous conscience d’avoir marqué votre époque ?

L.N: Je ne sais pas. J’ai commencé en 1997 donc cela fait un moment que je traine dans le rugby professionnel. J’ai fais quelques clubs et j’ai pas mal de sélections. Quand on a beaucoup de sélections, on côtoie beaucoup de joueurs donc cela permet de rencontrer plein de monde. C’est surtout ça, faire partie du paysage du rugby français pendant un certain nombre d’années qui fait que ça marque.