Le marché des mutations perturbé par l'incertitude du Mondial

Par Rugbyrama
  • Carter - Tales - Dusautoir
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  • Thomas Savare, le président du Stade français
    Thomas Savare, le président du Stade français
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La perspective du Mondial 2015 oblige les clubs à adapter leur stratégie de recrutement pour la saison prochaine, en attendant que la Ligue nationale du rugby leur offre davantage de visibilité sur le calendrier.

A un an du grand raout anglais (18 septembre - 31 octobre 2015), l'articulation de la compétition et du Top 14 s'écrit en point d'interrogation alors que la plupart des clubs ont déjà débuté les négociations pour construire leur effectif. "L'impact que peut avoir la Coupe du monde, c'est surtout par rapport au nombre de joueurs qui vont être sollicités, au nombre de matches qu'on va être obligés de jouer (sans les internationaux) pendant la Coupe du monde, souligne ainsi le directeur sportif de Clermont Jean-Marc Lhermet. Or, il nous manque beaucoup de données aujourd'hui pour pouvoir travailler très précisément."

En effet, le nombre de doublons entre championnat et Mondial est encore à l'étude du côté de la Ligue nationale (LNR), sachant que la convention signée avec la Fédération (FFR) permet, en ce qui concerne les internationaux français, de mobiliser 36 joueurs dès le 1er juillet 2015. Une commission sportive dirigée par l'ancien président de Clermont René Fontès doit donc se pencher sur la question du calendrier début octobre. Le sujet sera ensuite rediscuté par les présidents de club le 15 octobre et sera tranché au comité directeur du 20-21 octobre.

"C'est tout ce que tu as à nous proposer ?"

En attendant, les spéculations vont bon train: y aura-t-il des doublons seulement pendant la phase de poule (18 septembre - 11 octobre), lorsque tous les internationaux seront mobilisés, ce qui aura pour effet de "lisser" les inégalités ? Ou le Top 14 suivra-t-il son cours habituel ? "On va se retrouver dans une situation totalement ubuesque où je pense qu'on n'aura pas nos internationaux pendant les 7 ou 8 premières journées", peste le président du Stade Français Thomas Savare. "C'est un tiers du championnat sans 13 ou 14 joueurs sur 35, sur la base de l'effectif actuel, dont probablement quatre piliers, poursuit-il. Je ne sais pas très bien comment on va faire. Le recrutement pour l'année prochaine devra prendre ça impérativement en compte et c'est compliqué."

Thomas Savare, le président du Stade français
Thomas Savare, le président du Stade français

Car l'autre grande inconnue est la reconduction, comme lors du Mondial 2011, du "joker Coupe du monde" qui permet aux clubs de faire signer pour le temps de la compétition des "pigistes". La LNR doit encore se prononcer sur ce dispositif complexe à mettre en place, en raison de la publication tardive (en août) des listes définitives des joueurs sélectionnés pour la compétition planétaire. "Si vous perdez cinq joueurs au Mondial, vous n'en recruterez surement pas cinq car vous avez du banc, des jeunes à promouvoir", explique Miguel Fernandez, directeur associé chez Essentially. Mais, selon l'agent sportif, des besoins existeront sur "des postes spécifiques, à savoir deuxième ligne, pilier droit ou buteur". "Ce qui nous avait bien réussi lors de la précédente Coupe du monde, c'est de puiser dans le centre de formation pour faire éclore des jeunes", avance de son côté Jean-Marc Lhermet, en référence à l'avènement de Fofana et Buttin en 2011.

Les clubs sont aussi en chasse de "la baleine blanche", dixit Miguel Fernandez, à savoir "le gars qui pourrait prétendre à être en équipe nationale mais qui est barré" (non retenu). Un profil rare et précieux pour faire la différence en début de l'exercice 2015-2016. Car à partir de novembre 2015 est annoncé un exode pour certaines stars du sud, trop vieilles pour poursuivre en sélection nationale et ouvertes à une aventure en Top 14. Cela pourrait par exemple concerner les All Blacks Dan Carter, Richie McCaw ou Ma'a Nonu. "Mais pour l'instant, il y en a moins que prévu, les clubs me disent: 'c'est tout ce que tu as à nous proposer ?'", avance Laurent Quaglia, agent de joueurs. "Les Sud-Africains sont par exemple plus intéressés par le Japon, un championnat qui paye mieux que le Top 14 et aussi moins physique", poursuit-il. Dans l'expectative, le marché des mutations attend donc que les règles se précisent pour la saison prochaine. Et les clubs se concentrent prioritairement sur les prolongations de contrat.

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