La Rochelle: Djebaïli, un attachement en Jaune et Noir

"DJEB". Un maillot jaune frappé de quatre lettres, écrites en capital en noir, porté par tous les joueurs -même par les blessés-, pour un tour d’honneur face au public. La scène s’est passée contre le Connacht, samedi soir à La Rochelle en Challenge Cup, pour le 300e match professionnel de Nicolas Djebaïli sous les couleurs rochelaises, son seul et unique club depuis ses débuts chez les pros. Ce chiffre, 300, il en a été averti il y a trois mois. Il y a quelqu’un au club qui fait des statistiques. Il m’a dit : ‘tu en es là’. Je ne le savais pas. Je pense qu’il y a des joueurs qui en ont fait autant mais sur plusieurs clubs.

Des débuts en 2000

La défaite contre le Connacht (20-30) n’a pas empêché le staff d’ouvrir les bouteilles de champagne et de trinquer. Car ce chiffre et surtout cette quinzième saison professionnelle sous le même maillot représentent quelque chose devenu rarissime aujourd’hui. On sentait d’ailleurs toute l’humilité des joueurs, à l’écart, à laisser à "Djeb" ce moment avec le public de Deflandre. Le respect des supporters était lui aussi nourri de sympathie.

Débarqué à 20 ans au bord de l’Atlantique, le troisième ligne Djebaïli fut appelé le 19 décembre 2000 pour ses débuts pro. C’était à Biarritz, alors en Top 16, avec Jean-Pierre Elissalde aux manettes. S’il avoue ne pas se souvenir de tout, celui-là il le garde bien en mémoire. Je me souviens du premier. Je rentre cinq minutes. On prend une mêlée à cinq mètres de la ligne. On se fait enfoncer. Je plaque Marc Lièvremont qui marque. En fait, j’essaie de le plaquer… (rires). C’était l’une des grosses équipes de l’époque.

Djebaïli: "On a la mémoire qui flanche"

Ce Jaune et Noir, Nicolas Djebaïli en est le symbole. Par son vécu auprès des hommes qui ont fait le club ces quinze dernières années sur le banc de touche : les Jean-Pierre Elissalde, Frédéric Uthurry, Ronald White, Serge Milhas, David Darricarrère, pour finir avec Patrice Collazo et Xavier Garbajosa, sans oublier Fabrice Ribeyrolles. Des bons et des mauvais souvenirs, Nicolas Djebaïli en a plein ses albums. Difficile de sortir des anecdotes. Parmi les bonnes, les deux montées en Top 14, en 2010 et 2014. Mais pas que... "Il y a tout ce qui fait la vie, dit-il. J’ai passé de bons moments au club, ça fidélise. Ma volonté a toujours été de rester ici. Et donc de jouer, sans blessure de préférence. Je me suis rompu les ligaments croisés en 2002, je suis resté six mois sur le côté. Heureusement que ce n’était pas toutes les saisons comme ça, sinon il y a un moment déjà que je ne serai plus sur les terrains.

A 35 ans (ce 29 janvier, ndlr), s’il est toujours à 100 % mais avec moins de capacité", le fait de vivre au jour le jour" semble lui faire du bien : Je suis moins tendu par l’avenir que lorsque j’étais jeune. Outre des maillots, des sacs à faire et défaire, des voyages, des chambres d’hôtels, que retient-on de 300 matches ? Sa réponse est remplie de la simplicité qui l’a toujours guidé. Au final, on ne se souvient de pas grand-chose. On a la mémoire qui flanche. Des fois avec d’autres, comme Benjamin Ferrou (ancien demi de mêlée du club, ndlr), on se demande si on se souvient de tel ou tel match. Moi, je suis content d’avoir tout fait à La Rochelle. Les chiffres sont beaux, sympas mais ça annonce une fin qui arrive. Marcel-Deflandre a encore quatre mois pour applaudir le troisième ligne. Et pourquoi pas plus, qui sait ?