Fonceur, cicatrices, surpoids, fou du Lou... Voici Enrico Januarie
Depuis 2011, Enrico Januarie, champion du monde avec les Springboks en 2007, cornaque le pack de Lyon, club dont il est totalement fan. Rencontre.
Fonceur, parfois bagarreur
Samedi 27 septembre, 46e minute de jeu au Matmut Stadium. Lyon reçoit Castres et doit absolument s’imposer pour sortir de la zone rouge. Comme trop souvent depuis le début de la saison, Lyon balbutie son rugby, commet des erreurs et se retrouve mené au score. C’est le moment que choisit Ricky Januarie, le puissant demi de mêlée lyonnais, pour sortir de sa boîte. "Suite à un pick and go près de la ligne, je vois un espace dans la défense castraise. Je décide d’attraper le ballon et de foncer droit devant, sans me poser de questions. Comme les gros, je n’ai pas peur des contacts, je baisse la tête et j’avance". En trois phrases, Januarie a parfaitement expliqué qui il est. Un fonceur, un type énergique, bagarreur parfois, courageux toujours. Au bout de son rush, le n°9 inscrit un essai rageur et montre la voie de la victoire à Lyon, qui finit par s’imposer 28-18.
Une cicatrice au-dessus de chaque arcade
Cette manière presque bestiale de jouer, Enrico Januarie l’a en lui depuis toujours. Dès ses débuts en Currie Cup avec les Golden Lions, il se fait remarquer pour son sens du combat et sa fougue. "Le rugby est un sport de contacts, fait remarquer Ricky. Si tu as peur de prendre des coups, arrête le rugby. Et les blessures, ça fait partie du jeu". Sur son visage, on devine qu’elles font partie de sa vie. Une cicatrice au-dessus de chaque arcade, un œil au beurre noir... L’homme est impressionnant à regarder. "Mais je n’ai jamais connu de blessures graves. En 2005, j’ai été arrêté cinq mois pour un problème à l’épaule, c’est tout".
Surpoids
Véritable boule de muscles (1,69m, 90 kg), Januarie a disputé 81 matchs pour le Lou depuis son arrivée sur les bords du Rhône, en 2011. Indispensable. "Il est doté d’un physique hors norme, admire Benjamin Del Moral, le préparateur physique en chef du club. Il ne rechigne jamais à l’entraînement et remplit toujours ses objectifs". Un bémol, toutefois, ce problème de poids qui lui colle à la peau. "Nous aimerions qu’il perde trois kilos, avoue Del Moral. Pour qu’il revienne à son poids de forme de 2007, lorsqu’il devient champion du monde avec l’Afrique du Sud. Mais en l’état, il est très performant, je n’ai rien à lui reprocher". Son coach, Tim Lane, non plus. "Ricky est solide chaque semaine. C’est un mec très important pour notre équipe". Demi de mêlée à l’ancienne, le natif d’Hopefield excelle dans l’art de cornaquer son pack le plus loin possible sur le terrain. Il plaque, gratte le ballon, met son nez dans les rucks et fait respecter sa loi. Un neuvième avant, en somme. "Je n’ai jamais été intéressé par le fait de buter ou de jouer au pied, comme Parra, Kockott ou Machenaud. Ce qui m’intéresse, moi, c’est de jouer au ballon et d’avancer".
Il a préféré Lyon aux Springboks
Déjà deux fois marqueur cette saison (face au Stade français et Castres), deux essais qui se ressemblent d’ailleurs étrangement, le petit taureau lyonnais est un exemple sur le terrain. Mais aussi en dehors. Très écouté et respecté par ses partenaires, il est un leader du vestiaire lyonnais. "Ça a été difficile pour moi de descendre en Pro D2 dès ma première année ici. Mais avec ma femme, on a décidé qu’il était mieux pour nos enfants de rester dans cette ville. C’est aussi pour ça que j’ai décidé d’arrêter la sélection sud-africaine, pour me concentrer uniquement sur le Lou. J’aime ce club, ses supporters, le staff..." Fou du Lou, Januarie se voit bien continuer encore quelques années en Rouge et Noir. En début d’année, il a prolongé son contrat jusqu’en 2015 et, si ses prestations de haut vol se poursuivent, il pourrait bien se voir offrir quelques années supplémentaires au Lou. Pour y terminer sa carrière ?
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