Brive, made in Fidji

Par Rugbyrama
  • Masilevu - Waqaniburotu - Koyamaibole - Radikedike
    Masilevu - Waqaniburotu - Koyamaibole - Radikedike
  • Benito Masilevu (Brive) face à Toulouse
    Benito Masilevu (Brive) face à Toulouse
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Longtemps hermétique au recrutement de joueurs des Fidji, Brive compte désormais la plus importante colonie fidjienne du Top 14, soudée sur le terrain et en dehors afin de s'adapter à la vie en Corrèze, à 17.000 kilomètres de chez elle.

Initialement, le CAB, qui reçoit Toulon ce vendredi à l'occasion de la 6e journée de Championnat, ne faisait pas partie de ces clubs pionniers dans le recrutement des Fidjiens, réputés pour leurs courses, crochets et frasques, parfois. Quelques années après les Waisele Serevi, Emori Bolo Bolo ou encore Rupeni Caucaunibuca, Norman Ligairi a ainsi été le premier à débarquer en Limousin, en 2006. L'ailier y est resté trois saisons pour six essais inscrits en Top 14. Depuis, Brive entretient cette filière avec six représentants cette saison (Sevanaia Galala, Sisaro Koyamaibole, Dominiko Waqaniburotu, Malikai Radikedike, Venone Voretamaya et Benito Masilevu) et cette volonté, affichée, de créer sa propre Académie, sur place, en 2015.

Le dernier arrivé est Masilevu, ailier inconnu du monde du XV il y a trois mois encore, désormais "cauchemar" de Gaël Fickou, qu'il a mis sur les fesses par un double crochet inouï pour offrir la victoire au CAB début septembre (26-19). De quoi raviver la légende, susciter l'envie... "Pour bien connaître ces joueurs, il faut avant tout bien connaître les hommes, explique le manager Nicolas Godignon, qui a passé ses dernières vacances aux Fidji. Je voulais découvrir leur culture, appréhender leur façon de voir le rugby. C'est toujours mieux de remonter à la source".

"Ni calcul, ni prise de tête"

Sur place, plongé dans le rythme de vie local, Godignon a mesuré tout ce qui pouvait séparer le Fidjien arrivant en France de ce qu'il quitte: "J'accorde une importance majeure à l'approche psychologique. Cela permet de comprendre leurs besoins, de savoir comment ils vont réagir face à leur nouvelle vie briviste. Pour que les joueurs soient épanouis en France, il faut faire cette démarche d'aller à eux. C'est comme cela que je perçois la chose et cela m'a notamment appris des choses dans ma façon de manager." Le manager insiste également sur "la notion du plaisir du jeu, capital chez eux".

"C'est l'essence même de leur vision du rugby, résume-t-il. Ils osent plus de choses sur un terrain, cherchent à se faire plaisir et à faire plaisir autour d'eux. Il n'y a pas de calcul ou de prise de tête. Leur force, c'est cette capacité à maîtriser leur corps dans l'espace, qui leur permet ensuite de réaliser des crochets et des feintes incroyables. Je considère les joueurs fidjiens comme les Brésiliens du football. Ils débutent la plupart du temps dans la rue avant ensuite d'intégrer un club." 17.000 km séparent Suva, capitale des Fidji, de Brive. Et même si le manager corrézien trouve "qu'en été, Brive leur rappelle un peu leur île, même s'il y a moins de palmiers", l'acclimatation n'est pas des plus aisée, soutient Waqaniburotu, arrivé en 2012 en provenance de Nouvelle-Zélande.

L'hiver à Oyonnax

"La langue, le climat, l'éloignement de la famille, toutes ces choses étaient nouvelles, détaille Waqaniburotu, considéré comme le papa de cette tribu. Il m'a fallu un temps d'adaptation. Et je ne connaissais pas l'hiver. Même si je l'appréhende un peu moins, je n'aime pas cette saison. L'an dernier, quand nous avons joué à Oyonnax, c'était l'enfer. Je ne sentais plus mes pieds, j'ai cru les perdre", sourit-il. Aujourd'hui, quand on évoque "le clan" que forment les Fidjiens de Brive, Waqaniburotu confirme leur besoin de rester proches, soudés, sur le terrain et en ville. "C'est tout de suite plus facile pour que les nouveaux s'intègrent, explique-t-il. Nous avons les mêmes origines, les mêmes racines, le même mode de fonctionnement donc nous nous connaissons par coeur. Nous savons ce qui est bon pour nous, nous nous protégeons, nous nous aidons beaucoup les uns des autres que ce soit pour les transports, les enfants ou même les conseils financiers."

Benito Masilevu (Brive) face à Toulouse
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