Bordeaux-Bègles: "La leçon de maintien" en trois déclas de Etcheto

C'est ce que l'on appelle être tiraillé. Par ces objectifs fixés en début de saison, renforcés par trois premiers mois de compétition prometteurs et qui n'ont pas disparu malgré la dégringolade. Mais aussi par la crainte de tout perdre comme Perpignan la saison dernière. A quatre journées du terme de ce Top 14 une nouvelle fois acharné, le Bordeaux-Bègles (9e) de Vincent Etcheto joue encore sur deux tableaux: la 6e place, occupée par Oyonnax, n'est qu'à six points, la 13e place, occupée par Bayonne, à cinq points. 

On a le cul entre deux chaises. En début de saison, on se posait moins de questions, on jouait notre jeu. Là, on s'est dit "est-ce qu'on joue trop, pas bien, pas assez ? Est-ce qu'on tape assez, trop ?" On est hésitant. Nos convictions se sont un peu étiolées parce que les résultats ont fait que.

Depuis la fin janvier (5e après la 16e journée), l'UBB s'est délitée en enchaînant les défaites (5 en 6 matches), certaines d'autant plus frustrantes qu'avec ce calendrier espacé, elles ont souvent été longues à se dissiper. Dans ce laps de temps, l'équipe girondine a essayé de réapprendre à gagner mais le mental, le manque de confiance, mêlés à ses difficultés à gérer les temps faibles, ne l'ont guère aidée. Si pour beaucoup, cet effondrement peut surprendre au regard des prestations haut de gamme livrées en début de saison, elle met surtout en lumière le manque de leadership dans un effectif manquant de "match-winners".

Ce sont des phases finales sous-pression, on sait que le premier match perdu va nous emmener en enfer, et chaque match gagné peut nous emmener vers le paradis. C'est le moment clé, tout ce qui a été fait jusqu'à présent, c'est balayé.

Comptablement, avec une victoire - acquise le plus tôt possible - l'UBB devrait s'en sortir. C'est le scénario qualifié mardi par Etcheto "d'idéal même si on l'évite avec talent". Une défaite dans le Rhône la plongerait dans une incertitude maximale d'autant que les deux réceptions d'Oyonnax, l'épouvantail de la phase retour (1er avec 28 points), puis Bayonne, dans un derby du sud-ouest au couteau, suivraient celles perdues contre le Stade français et La Rochelle, qui ont laissé des traces béantes et un moral en berne.

Réinstaurer de la confiance, remettre les joueurs en face de leurs objectifs, les secouer. On est tous responsables, du président au kiné en passant par les joueurs, tout le monde a son mot à dire et sa pierre à apporter à l'édifice parce qu'on est dans un moment critique pour le club.

Tirer la sonnette d'alarme, dernier levier pour faire prendre conscience, à tous, que l'heure est grave. Ce n'est pas un hasard si ces derniers jours, les sourires ont fait place à de la crispation, que les prises d'initiatives sont moins franches ces dernières semaines. Au delà du ressort qui s'est définitivement cassé au fil de la saison, au-delà de la montée dans les sondages de son manager Raphaël Ibanez pour prendre la succession de Philippe Saint-André chez les Bleus coïncidant bizarrement avec la début de la chute - cela ne nous a pas perturbés mais on en a parlé, estime un joueur - cette UBB construite en théorie pour viser les six a-t-elle suffisamment d'épaule et de gnaque pour éviter les deux ? Elle a un mois en tous cas pour trouver les clés.