Ugena-Gabrillagues: l'avenir du Stade français, c'est eux

"Ah, ça commence !" Chambreur, Gonzalo Quesada s’échappe de la pelouse du Saut du Loup, le site d’entraînement du Stade français dans le bois de Boulogne, en lançant un clin d’œil complice à ses deux jeunes protégés : Paul Gabrillagues (21 ans, deuxième ligne, 1,99m, 110 kg) et Mathieu Ugena (19 ans, troisième ligne, 1,86m, 102 kg). Samedi dernier face au Castres olympique (25-22), les minots du club parisien ont confirmé le temps d’une période tous les espoirs nés durant la préparation estivale. "Leur titularisation était méritée, confie le directeur sportif argentin. Au départ, ils ont été appelés pour compléter le groupe et évaluer leur potentiel pour l’European Rugby Challenge Cup. Ils ont souffert physiquement mais finalement, ils ont tenu la cadence. Et ils ont montré un certain niveau en étant mis sur le devant de la scène lors des matches amicaux. On pensait qu’ils allaient souffrir plus que ça. Je sais maintenant que je peux compter sur eux". 

Quesada: "Je sais que je peux compter sur eux"

Et quelle plus belle preuve de confiance qu’une titularisation devant le vice-champion de France ? "Ce fut une vraie surprise, avoue Mathieu Ugena, arrivé au club il y a cinq ans en provenance de Noisy-le-Grand. Je ne m’imaginais pas disputer une rencontre de Top 14. Mon objectif était déjà de cibler l’European Rugby Challenge Cup. Deux, trois jours avant la première journée, Gonzalo nous a fait comprendre que l’on serait dans le groupe. Laurent Sempéré, Rémi Bonfils et Sylvain Nicolas nous ont alors donné beaucoup de confiance". Une attention qui a tempéré l’appréhension du grand saut dans l’inconnu. "La veille, il y avait de la pression. Le fossé est tellement important, surtout en terme de vitesse. C’était difficile de trouver le sommeil, reconnaît Paul Gabrillagues (issu du P.U.C), meilleur plaqueur (12) de son équipe contre Castres. Mais une fois que le match est lancé, on essaie de tout donner. Il y avait de l’effervescence dans le vestiaire. On avait envie de tout casser en rentrant sur le terrain. On était vraiment heureux. C’était difficile de rêver mieux". Mathieu Ugena se permettant même d’inscrire un essai pour le moins heureux. "J’ai eu de la chance, sourit le troisième ligne. Je pensais qu’il n’y avait personne derrière moi pour me reprendre. J’étais un peu cramé (rire)…"

Gabrillagues: "On avait envie de tout casser…"

Boudés par le Pôle France, notamment Mathieu Ugena dont le gabarit ne rentrait pas dans les standards formatés de la Direction Technique Nationale, ces deux pépites, toujours sous convention de formation, incarnent bien l’avenir du Stade français. "J’adore lancer de jeunes français, s’enthousiasme Gonzalo Quesada. Ça fait partie de la culture du club. Je souhaite que nos jeunes s’épanouissent avec des structures bien en place pour les faire émerger. Lors de mon premier échange avec le Président (Thomas Savare), je lui ai dit que j’étais assez surpris de voir tous ces jeunes du centre de formation avec nous. Le message que l’on passe à ces jeunes est génial". Reste encore à résister à l’appel pernicieux de l’euphorie. "Il ne faut pas s’enflammer, insiste Ugena. On a déjà énormément de chance. Je ne suis pas certain que beaucoup de clubs nous auraient donné une telle opportunité. On profite de tout. Mais quand on a croqué au Top 14, on veut y regoûter…"