La FFR durcit le ton avec les clubs face aux commotions cérébrales

Par Rugbyrama
  • L'impressionnante blessure de Florian Fritz
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  • En amical contre Castres, le Parisien Raphaël Lakafia a été victime d'un K.O
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Publié le Mis à jour
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La FFR, échaudée par "l'affaire Fritz" et la recrudescence du nombre de commotions cérébrales ignorées, a décidé de durcir le ton vis-à-vis des clubs professionnels en vue de la saison 2014-2015.

L'image a fait le tour du monde du rugby: le centre de Toulouse Florian Fritz, front ouvert et complètement désorienté, mais renvoyé sur le terrain après quelques soins lors du barrage de Top 14 face au Racing-Métro le 9 mai. Devant sa télévision, le président de la commission médicale de la FFR Jean-Claude Peyrin s'étrangle. "Le lendemain, le directeur médical de l'IRB (l'organe suprême du jeu, NDLR) m'a envoyé un mail en me demandant ce qui se passait en France, souffle-t-il dépité. Le président (de la FFR) Pierre Camou m'a également appelé alors qu'il était au Sénégal".

Alors que le sujet des commotions cérébrales est devenu l'une des principales préoccupations sanitaires dans le rugby, l'impression de négligence dans le cas Fritz donne une image catastrophique, craint le Dr. Peyrin. Et la Fédération, pressée par l'IRB, montre son impatience en guettant les conclusions de la commission d'enquête sur l'affaire, confiée à la Ligue (LNR). "Ils ont vu tout le monde, dont le docteur Albert Sadacca, le médecin du Stade Toulousain, le matin du 10 juillet, détaille Jean-Claude Peyrin. Maintenant, on leur dit qu'il ne faut plus attendre".

58 commotions en un an

Quels que soient les résultats, il n'y aura de toute façon aucune sanction, "car ce n'est pas prévu dans le règlement". "Mais on veut qu'il soit écrit noir sur blanc ce qu'il s'est passé", précise le Dr. Peyrin. Car de manière générale, la FFR s'inquiète du nombre de commotions cérébrales non diagnostiquées ou carrément ignorées par les médecins d'équipes. "Depuis deux saisons, on cofinance une étude entre la Ligue et la Fédération, avec des observateurs qui regardent tous les matchs à la vidéo et notent les incidents de jeu", explique Jean-Claude Peyrin. "Et on a constaté que malgré les formations que l'on fait depuis un certain temps, les médecins d'équipes, de clubs ou de sélections, n'appliquaient pas forcément nos consignes", déplore-t-il.

Selon les chiffres de l'étude, portant sur les 26 journées de phase régulière de Top 14 et les barrages, 58 commotions cérébrales ont été observées lors de la saison 2013-2014, dont 18 ont été mal évaluées sur le terrain, voire pas du tout. En 2012-2013, il y avait eu 54 commotions, dont 15 mal diagnostiquées. Plus préoccupant encore pour le Dr. Peyrin: dix joueurs, comme Fritz, ont subi le fameux "PSCA" - le questionnaire visant à diagnostiquer les commotions - et sont revenus en jeu alors qu'ils n'auraient pas dû, car effectivement victimes d'une commotion cérébrale. Cela n'avait concerné que cinq joueurs la saison précédente.

En amical contre Castres, le Parisien Raphaël Lakafia a été victime d'un K.O
En amical contre Castres, le Parisien Raphaël Lakafia a été victime d'un K.O

"La manière forte"

"On s'est dit que ça ne pouvait plus continuer et qu'il fallait emprunter la manière forte", martèle le Dr. Peyrin. La FFR a d'abord organisé une journée de formation pour tous les médecins de clubs professionnels et de sélections, qui a eu lieu le 10 juillet pour 82 d'entre eux et sera repétée pour les autres le 2 octobre, puis pour les kinésithérapeutes, et managers ou entraîneurs de clubs et de sélections, fin novembre. Tous devront signer "une charte d'engagement".

"Si à la fin des matchs aller on constate qu'un club a fait une faute, on lui donnera un médecin indépendant systématiquement pour tous les matchs retour, explique le Dr. Peyrin. Ce médecin sera à sa charge, sur la rémunération et les déplacements. Ensuite, à partir des matchs de phase finale de Top 14 et Pro D2, il y aura systématiquement des médecins de match indépendants. A la fin de saison, on réfléchira à la possibilité de mettre des médecins indépendants systématiquement, sur tous les matchs". Le but est de "responsabiliser" les médecins, avec une menace au-dessus de la tête. "On leur a dit que s'ils continuaient à faire des fautes alors qu'ils ont été formés, non seulement le joueur allait se retourner contre eux, mais nous aussi, la Fédération, on allait le faire", promet Jean-Claude Peyrin.

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