C’est quoi être un "Oyoman" ?

  • Florian Denos (Oyonnax) rentre sur la pelouse bordelaise - mai 2015
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  • Les supporters d'Oyonnax qui affichent leur fierté
    Les supporters d'Oyonnax qui affichent leur fierté
  • Roimata Hansell-Pune, le centre d'Oyonnax
    Roimata Hansell-Pune, le centre d'Oyonnax
  • Olivier Missoup (Oyonnax)
    Olivier Missoup (Oyonnax)
  • Christophe Urios (Oyonnax)
    Christophe Urios (Oyonnax)
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Promu il y a deux ans, Oyonnax est aujourd'hui barragiste. Une ascension fulgurante pour un club encore trop méconnu. Plongée dans le monde des Oyomen.

oyoman (/ɔ.jo.mæn/) : nom masculin qui fait référence aux joueurs ayant évoluer à l’Union Sportive Oyonnax. Il s’agit d’un faux anglicisme composé du nom de la ville d’Oyonnax et de l’anglais "man" (homme). Ce concept est apparu durant l’ère Christophe Urios dans le Haut-Bugey. Voilà comment on pourrait définir ce terme devenu courant s’il faisait son entrée dans le Larousse. Ce n’est pas (encore) d’actualité alors donc qui sont vraiment les "Oyomen" ?

Oyoman, c’est une religion. Les supporters chantent: "Ici, ici, c’est Oyonnax !"

La banderole est affichée fièrement les jours de match dans la tribune Ponceur, et son chant est un classique rugbystique. Il traduit bien la fierté des habitants d’Oyonnax et des supporters Rouge et Noir. Souvent associée au concept de petit village gaulois, la cité est travailleuse et réputée pour son pôle de compétitivité plasturgie. Mais il faut le reconnaître, la ville est également souvent raillée pour être reculée au pied du Jura et pour le froid qu’il peut y faire durant un hiver parfois plus long qu’ailleurs.

Il n’y a cependant pas d’ours dans les rues, comme les disent les moqueurs, mais une population souvent ouvrière qui doit son ascension au travail. Tient, comme son équipe de rugby ! Il est possible de percevoir cette façon de penser en discutant avec les personnes qui garnissent le stade Charles-Mathon les week-ends et qui attendent la même chose de la part des joueurs, qu’ils donnent tout sur le terrain, comme eux donnent tout au travail. Et s’ils venaient à l’oublier, ces inconditionnels seront effectivement là pour leur rappeler. Être Oyoman, c’est déjà une belle leçon de morale.

Les supporters d'Oyonnax qui affichent leur fierté
Les supporters d'Oyonnax qui affichent leur fierté

Oyoman, c’est un concept. Christophe Urios: "Les Oyomen, cela n’existait pas"

Lorsqu’il s’agit de regarder derrière - bien que devant le challenge soit excitant avec ce premier match de phases finales de l’histoire de l’USO - le club a profondément évolué durant les huit années où il fut entrainé par Christophe Urios. Il suffit de regarder l’enceinte dans laquelle il joue, rénovée en 2011 juste avant le titre de Pro D2 et en 2013 pour la montée en Top 14. J’ai participé à l’évolution du club d’Oyonnax de la même façon que le club a participé à mon évolution à moi. C’est un bon échange, reconnaît le futur manager de Castres. Et s’il est fier d’une chose, c’est du travail bien fait. On est parti de loin. Quand je suis arrivé ici, il y a huit ans, il a fallu vraiment construire les choses. C’est donc de la fierté par rapport à ce qu’on a créé .

C’est-à-dire ce mot "Oyoman" entré dans la postérité et tout ce qui en découle. Car parler des "Oyomen" ne se limite pas à nommer les joueurs de l’USO, c’est partager et s’associer à une philosophie: se persuader que malgré les différences de moyens, tout est possible. Depuis que l’on est monté, je le dis, si Oyonnax devait être dans les six ça serait une anomalie du Top 14. On y est et je confirme. J’espère juste que l’on sera capable d’être vu comme un sixième et pas comme une anomalie mais cela ne veut pas dire que l’on n’a pas de compétence, de talent ou un savoir-faire. C’est juste que l’on a beaucoup moins de moyens que les autres, ajoute Christophe Urios. C’est donc ça, être un Oyoman, rester un très petit parmi les gros.

Roimata Hansell-Pune, le centre d'Oyonnax
Roimata Hansell-Pune, le centre d'Oyonnax

Oyoman, c’est un état d’esprit. Olivier Missoup: "On a le droit aussi de rêver"

Mais se revendiquer tel quel, c’est aussi pour cet état d’esprit de combattant, en acceptant le rôle du "petit ambitieux". C’est avec ses tripes que le troisième ligne Olivier Missoup évoque le sujet et les critiques contre l’USO. On entend un peu tout et des fois, on n’est pas très respecté. C’est un peu décevant. Le rugby c’est un peu comme la vie, on ne peut pas donner un mec perdant dès la naissance. Je suis de banlieue, je n’ai pas beaucoup de camarades qui sont professionnels dans le sport mais si tu pars dans la vie en disant que c’est pour les autres, et bien tu regardes et t’applaudis. Si t’as vraiment envie de faire les choses, tout le monde le peut et tout le monde a le droit. Ce n’est pas parce que tu portes tel maillot ou que tu vis dans une région différente d’une autre que tu n’as pas le droit de rêver. On a le droit aussi de rêver. Cela représente un peu la vie. Tout le monde a le droit de tout et il n’y a pas de truc acquis, confesse t-il plein de sincérité. La franchise, il en a aussi pour évoquer la motivation lorsque l’on rejoint le Haut-Bugey. Quand tu mets un maillot, quel que soit le salaire, donnes tout !, alors que le club présente l’avant-dernier budget du Top 14. L’effectif composé en partie de trentenaires a de l’énergie à revendre.

Olivier Missoup (Oyonnax)
Olivier Missoup (Oyonnax)

Oyoman, c’est un crédo. Les Oyomen pensent maintien et jouent la qualification.

Qu’il en aura fallu du temps pour leur faire dire qu’ils ambitionnaient finalement d’être dans les six, après avoir validé l’objectif du maintien ! La modestie, la peur du passé, le fait de ne pas avoir l’habitude de se retrouver là, etc. Les raisons étaient multiples. Mais depuis que l’"objectif lune" (terme utilisé par le staff pour préparer ce barrage) a été avoué, la sincérité revient au galop quand il s’agit de demander si, en début de saison, on croyait se retrouver là fin mai ? J’étais peut être le seul et un peu fou. On me taquinait un peu mais je me rappelle avoir dit à deux ou trois mecs et des partenaires que l’on allait surprendre cette année, reconnaît Olivier Missoup.

Quant à Christophe Urios, il l’assure: Je l’avais imaginé [en arriver là] sinon je ne serais pas venu. J’avais imaginé que ce club avait un vrai potentiel, d’abord économique et après une histoire, de vraies valeurs, une vraie identité, même si elle avait du mal à être perçue parce que c’était un club de Fédérale 1 et de Pro D2. J’avais senti des choses qui pouvaient avancer dans ce sens. J’ai fait confiance à mon ressenti parce que bon nombre de mes collègues et de mes amis m’ont demandé ce que j’allais foutre à Oyonnax. Finalement, j’ai bien fait.  C’est sur !

Christophe Urios (Oyonnax)
Christophe Urios (Oyonnax)
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