Une chose est sûre, La Rochelle vendra chèrement sa peau

L’opiniâtreté. Ce trait de caractère colle aux crampons comme la terre aux Rochelais. Contre Clermont, ils se sont battus durant les 80 minutes du match. C’est ce qu’ils avaient annoncé. Ils n’ont jamais renoncé. Obtenant le Graal, à savoir la victoire, à la 78e minute sur un essai du joker médical et trois-quarts australien Malietoa Hingano, 22 ans. Déjà contre Castres (15e journée), au début du mois, Hingano avait inscrit un essai, en fin de match, sur un scenario similaire de pilonnage de la ligne d’en-but adverse. Ils nous ont oppressés sur la ligne, reconnaissait d’ailleurs l’entraîneur en chef clermontois Franck Azéma. Notons aussi sur l’essai d’Hingano la passe volleyée du jeune Eliott Roudil, lui-même servi par Julien Berger. Deux joueurs entrés quatre minutes avant sur la pelouse.

Cette victoire sur le fil 16-12 permet aux Rochelais d’envoyer un message: non, ils ne sont pas morts. D’autant plus que les défaites de Bayonne, à Toulon, vendredi, et de Lyon chez lui contre le Racing-Metro relancent complètement la lutte au maintien: il n’y a que deux points entre La Rochelle, 13e, et les deux clubs qui précèdent. Le 19 février, la 18e journée avec la réception de Brive à Marcel-Deflandre devrait encore valoir son lot d’émotions. Chez les Rochelais, les instants d’après-match étaient, samedi, essentiellement tournés vers l’appréciation de la victoire.

Merling: "Ça fait du bien"

Le demi de mêlée Julien Audy ne cache pas le bien fou du succès sur l’ASM. Je sens du mieux dans l’équipe, on est plus serein. On peut être fier de ce que l’on a fait. Il faut continuer à être aussi enthousiastes dans nos entraînements. Cette victoire va souder le groupe et lui donner de l’envie. Brive sera encore un match hyper-important mais on n’est pas du tout largué. On va tout donner. Un autre guerrier, couvert de terre, le pilier Vincent Pelo qualifie, lui, ses sentiments de joie et de soulagement. Quelques minutes plutôt, interrogé par la télévision, l’entraîneur en chef Patrice Collazo, visiblement ému, se disait fier de ses joueurs, avec le leitmotiv qu’on ne lâchera rien jusqu’au bout. Titulaire en deuxième ligne, l’Argento-Italien Leandro Cedaro soulignait que la victoire était le signe que le travail paye. On va passer à autre chose mais on va profiter, dit-il. On bosse beaucoup et on ne pouvait pas lâcher sur ce match, capital pour nous. Toute la semaine, on a travaillé la touche afin d’être prêt à faire quelque chose contre Clermont. On a été cherché les points avec des ambitions, dont celle de continuer à avancer. Si chacun continue, comme on a pu le voir, à faire son boulot, je suis certain que ça va payer.

Assis sur un tabouret, qu’il voulait laisser à un journaliste d’ailleurs dans une forme de politesse toute australienne, Malietoa Hingano n’avait pas à se déranger. Il était bien le héros. Celui qui a délivré les siens, s’il est évidemment heureux du sort final, veut aussi souligner l’influence de ses partenaires. Le travail en touche de Jason Eaton, qui a intercepté moult ballons, mais aussi Alofa Alofa, son compatriote, trois-quarts comme lui, dont il suit les conseils et les pas. Tout comme lui, il avoue prendre la pression, positivement, comme une source de motivation. Les supporters, enfin, alpaguaient le président Vincent Merling à la sortie des vestiaires. Quelque peu chahuté par le bonheur des fidèles du stade Deflandre, le président lâchait dans un sourire: Ça fait du bien, ça fait du bien. Il n’y avait bien que les frimats de l’hiver pour tempérer cette soirée d’ivresse en bonne humeur.