Les doublons, Clermont est habitué à les gérer

Les couloirs du stade Michelin sont étrangement calmes, et le parking réservé aux joueurs est légèrement moins garni que de coutume. Devenu l'un des principaux fournisseurs d'internationaux du XV de France, Clermont a l'habitude de voir disparaître près d'un quart de son effectif professionnel lors des périodes de matches internationaux. Et ceux qui gardent la maison quand les stars sont de sortie ne semblent pas plus perturbés que cela.Mardi, on a fait une opposition à quinze contre quinze, donc ça ne change pas grand chose , relativise le demi de mêlée Ludovic Radosavljevic.On ne va pas commencer à parler des absents, tranche le pilier Clément Ric. Il faut s'adapter et il y aura la meilleure équipe possible sur le terrain.

Les Espoirs mis à contribution

Clermont assume ses "problèmes de riche". Huit joueurs sont tout de même partis rejoindre leurs sélections. Les Bleus Kayser, Vahaamahina, Chouly, Lopez et Fofana. Ainsi que Paulo (Samoa), Davies (pays de Galles) et Kolelishvili (Géorgie).Il manque des internationaux, mais il en reste beaucoup quand même. Je ne suis pas inquiet, confie le deuxième-ligne canadien Jamie Cudmore. Car malgré la dizaine d'absents, en ajoutant les blessés aux sélectionnés, le groupe clermontois a de la ressource. Comme l'explique Cudmore, un international en chasse un autre à Clermont, et ces périodes sont aussi l'occasion de lancer des jeunes dans le grand bain.On s'était préparés à ça, explique l'entraîneur Franck Azéma.Que ce soit sur le poste de talonneur, en troisième ligne ou même au centre, il y a des jeunes qui travaillent avec nous régulièrement depuis le début de saison, et qu'on a intégré depuis trois semaines.

Fort de cinq titres de champion de France Espoirs (2006, 2010, 2011, 2012, 2014) depuis sa création en 2002, le centre de formation de l'ASM fournit régulièrement des éléments au groupe pro. L'entraîneur adjoint Xavier Sadourny, chargé de faire le lien entre les Espoirs et les pros, se félicite de pouvoir faire franchir un palier aux jeunes de la maison. C'est une force de ce club, ça donne l'opportunité à d'autres joueurs de se montrer. Aujourd'hui le groupe pro ce ne sont pas quinze ou vingt-trois joueurs. Ce sont trente ou trente-cinq joueurs et j'espère que d'autres jeunes sortiront encore... Le grand public connaît désormais le troisième-ligne fidjien Peceli Yato, 21 ans, titulaire à Bayonne ; il pourrait découvrir face au Stade français d'autres nouveaux visages, comme le talonneur Kevin Savea, 19 ans.

Paris, un concurrent direct

Pour Yato, qui ne cache pas sa fierté d'une première titularisation au stade Michelin, la pression sera encore plus forte ce week-end qu'à Bayonne. Face au Stade français, concurrent direct pour les phases finales et poursuivant immédiat au classement, Clermont doit retrouver l'efficacité et la précision qui ont fait défaut au Pays Basque.C'est récurrent depuis le début de saison, reconnaît le pilier Vincent Debaty. "On s'en sort grâce à une grosse défense mais il faut corriger ça. Frustré par la défaite et le voyage à vide à Bayonne, Franck Azéma attend ses joueurs au tournant, face à un concurrent direct.Après la déconvenue que l'on a eu à Bayonne, c'est intéressant de voir comment on va se mobiliser face à cette équipe, ce jeu, et les zones de rucks où l'on a été en difficulté.

Avant une mini-trêve de quinze jours sans Top 14, les Auvergnats veulentremettre la machine en marche, selon l'expression de Jamie Cudmore. Et tenter de reprendre la première place du championnat, en s'imposant face à un adversaire redoutable.C'est une équipe qui est en place depuis deux ans, prévient Franck Azéma.Ce n'est pas un coup d'éclat, ils ont de la continuité, un effectif conséquent et un projet à long terme. Ils sont imaginatifs dans le jeu, ce sera un gros test. Pour son adjoint Xavier Sadourny, si le Top 14 réserve des chocs tous les week-ends, celui-ci promet d'être un vrai sommet.C'est l'une des équipes qui propose l'un des plus beaux rugby du Top 14. En termes de niveau nous sommes assez proches, donc je pense qu'il n'y aura pas beaucoup d'écart à l'arrivée. Comme il y a deux ans, quand la victoire des Auvergnats n'avait tenu qu'à un drop de Brock James à la dernière seconde. L'ouvreur franco-australien sera titulaire ce samedi en l'absence de Camille Lopez, titulaire avec les Bleus. L'illustration des richesses de Clermont.